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Édito : recevoir des coups, en rendre

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« La mouvance ne se meut plus ! » annoncions-nous dans notre précédente livraison. En réalité, la mouvance ne s’est jamais mue. Si quand même, une fois, pour se discréditer : plus de soixante partis incapables de remplir une salle du CICB. Ces derniers jours, pire, ces derniers jours, elle s’effiloche : d’abord, la voix discordante d’un ancien Premier ministre qui entend se positionner pour 2018 ; ensuite, quatre défections ; enfin, cinq désertions ! Et l’on nous assure que l’hémorragie, ou la saignée, tout dépend du bord où l’on se trouve, n’est pas sur le point d’être jugulée.

A y regarder de près, cela ne surprend point. La mouvance, c’est la majorité présidentielle. Or, que pense le premier intéressé par l’existence de cette majorité ? Tout, sauf un constat positif. Voilà ce qu’il disait de « sa » majorité, un certain 20 novembre 2014 : « Vous m’avez laissé sur ma faim. Une grande faim. »

Ces propos renvoient à une réalité qui est une tare de notre démocratie : il n’existe pas de majorité présidentielle, mais un agrégat de plus de soixante partis politiques n’ayant en commun qu’un souci : exister ! La majorité présidentielle est décevante parce qu’elle ne sait pas exactement quel est son rôle ou, plutôt, parce qu’elle souffre d’acéphalie.

Dans un système démocratique comme le nôtre, fortement inspiré du système français, le rôle de la majorité présidentielle consiste à constituer un bloc à l’Assemblée nationale pour soutenir l’action gouvernementale et, surtout, empêcher toute adoption d’une motion de censure. En ce sens, elle est garante de la stabilité politique. L’on ne saurait point soutenir que ce rôle n’a pas été assuré.

Seulement, ce bloc a besoin d’un chef. Et c’est là que l’erreur a été commise, qui fait que des partis font défection sans avoir d’interlocuteurs à qui exposer, auparavant, leurs griefs. Le chef de la majorité présidentielle ne peut pas être un baron du parti présidentiel, mais celui dont l’action est soutenue à l’Assemblée nationale : le Premier ministre. Son rôle consiste à mettre en œuvre la politique définie par le président de la République. Par conséquent, c’est à lui  de descendre dans l’arène, d’accepter d’aller au charbon quand il le faut, pour maintenir mobilisées ses troupes, ministres comme députés, animer le débat politique, prendre des initiatives, les exposer aux élus du peuple, les justifier face aux critiques adverses.

La majorité s’effiloche parce qu’elle est dépourvue de chef. Elle en aura le jour où le Premier ministre acceptera de recevoir des coups et d’en rendre : d’être pugnace.

LA REDACTION

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