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La Côte d’Ivoire dans l’attente des résultats du référendum constitutionnel

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« Approuvez-vous oui ou non le projet de Constitution proposé par le président de la République ? » C’est à cette question que les 6,3 millions d’électeurs de Côte d’Ivoire ont dû répondre, ce dimanche 30 octobre. Un référendum constitutionnel qui a été émaillé de violences dans certains bureaux où l’opposition appelant au boycott a dégradé certains matériels, mais pas suffisamment pour empêcher le bon déroulement du scrutin.

Le scrutin a été marqué par des tentatives menées par des groupes de jeunes d’empêcher le vote. Des bureaux de vote ont été saccagés dans le quartier de Yopougon à Abidjan, mais aussi à Daloa ou encore à Dabou.

Des incidents qui toutefois ne sauraient toutefois entraver le bon déroulement du scrutin, selon le président Alassane Ouattara : « On peut voter oui ou on peut voter non. Donc on n’a pas besoin d’aller casser, d’aller mettre des barricades. Vous savez il y a près de 16 000 bureaux de vote. Quand il y a trois ou quatre endroits où il y a des difficultés, on ne peut pas en faire un souci ».

Le ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko, assure que ces actes « d’incivisme » ne resteront pas impunis : « Il y a des gens qui sont de mauvaise volonté, qui manipulent les populations pour boycotter le scrutin de façon violente. Mais ils assumeront leurs responsabilités devant la loi. »

Une journée historique pour les partisans du référendum

Ces dégradations de matériel électoral sont aussi déplorées par Adama Bictogo, le président du comité de la coalition Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP-majorité) chargée de la mobilisation pour le référendum : « C’est triste. Je déplore qu’il y ait eu ces violences parce que ce sont des zones où le FPI [Front populaire ivoirien] évolue. Ce sont des zones, en toute objectivité, qui sont favorables pour une partie au FPI. Donc je pense que c’est une expression démocratique. J’aurais souhaité que l’opposition soit plus claire dans sa position et qu’elle aille aux élections, et qu’elle puisse exprimer sa position à travers le vote, au lieu de s’engager dans la voie de la violence ».

Pour le député Bertin Konan Kouadio, dissident du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et opposé au projet de nouvelle Constitution, ces troubles auraient pu être évités si le peuple avait été associé dès le départ au projet : « Les Ivoiriens sont obligés d’avoir recours au boycott et de ne pas aller voter ou de casser, c’est bien parce qu’ils n’ont pas confiance. Une Constitution censée régir la vie de la Nation sur les décennies à venir, ça ne s’impose pas. Ça se négocie avec le peuple ».

Une population partagée

Dans les bureaux de vote, la population était partagée. A Cocody, cette jeune femme est l’une des rares à accepter de témoigner de son choix pour le non au référendum. Un trop grand pouvoir accordé à l’Exécutif et la création dispendieuse d’un Sénat sont ses principaux arguments : « Je ne vois pas l’opportunité de créer un Sénat sachant que déjà les députés ne jouent pas leur rôle, parce que j’aurai voulu que les députés aillent vers les populations et expliquent clairement les textes de loi pour qu’on puisse les voter. Mais ils ne jouent pas leur rôle ».

Plus au nord d’Abidjan à Abobo, Ibrahim Diakité lui n’a pas peur de revendique son oui à la Constitution. Ne serait-ce que pour supprimer cet article 35 sur « l’ivoirité » qui a engendré tant de querelles et de conflits dans le pays : « Les articles conflictuels. C’est vraiment sur ce que je me suis appesanti. Je ne veux pas qu’on revienne là-dessus. On a besoin de la paix, s’il n’y a pas de paix, il n’y a pas de développement ».

Le taux de participation comme enjeu

On ignore encore le taux de participation officiel au référendum constitutionnel organisé ce dimanche en Côte d’Ivoire, mais le sentiment général est que la participation n’était pas au rendez-vous.

Pour Pascal Affi N’Guessan, président du Front populaire ivoirien (FPI) et de l’Alliance des forces démocratiques (AFD), une des coalitions de l’opposition, ce scrutin est un « cinglant désaveu » pour le président Alassane Ouattara. Il invite le chef de l’Etat ivoirien à tirer des conclusions : « Ce vote a été un vaste désaveu du projet de monsieur Alassane Ouattara puisque les Ivoiriens ont répondu massivement à notre mot d’ordre de boycott. Ils sont restés chez eux. Il appartient donc à monsieur Alassane Ouattara d’en tirer les leçons : soit il retire purement et simplement ce projet qui est impopulaire et qui a été désavoué de façon massive ; ou alors, prenant acte du fait que les Ivoiriens ne lui font pas confiance, qu’il démissionne purement et simplement ».

On saura dans peu de temps comment les ivoiriens se sont comportés ans l’isoloir, face au défi de la IIIe République à laquelle aspire le président Ouattara.

Par:RFI

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