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Les leçons des communales du 20 novembre : La claque aux dinosaures, la sonnette d’alarme à IBK

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Le taux prohibitif d’abstention traduit une rupture latente entre le politique et le peuple, dont la baisse d’enthousiasme s’est probablement manifestée par une défection aux urnes. S’y ajoute aussi que les faibles suffrages exprimés sanctionnent dans une large mesure ceux qui comptaient profiter du scrutin pour confirmer une assise politique virtuellement conférée par la position administrative.

Ils sont considérés comme des titans de la classe politique malienne. On y dénombre rarement des porte-étendards électoraux mais ils tirent pour la plupart des ficelles dans l’ombre et entretiennent discrètement des candidats satellites – dont la réussite ou l’échec traduit leur solidité politique et leur degré de légitimité dans leurs présumés bastions. L’issue du scrutin du 20 novembre n’aura pas été fameuse pour l’écrasante majorité de cette race de politiques. Alors que leur niveau d’audience à la base devrait déterminer leur position administrative au sommet, ces mentors de candidats ont pour la plupart plus tiré leurs familles politiques vers le bas qu’ils n’ont contribué à leurs performances électorales. Toute proportion gardée, le nouveau parti majoritaire compte plus de géants au pied d’argile ayant raté l’occasion de lever les doutes sur leurs assises politiques. A commencer par exemple le Secrétaire général de la section RPM de Goundam, dont la légitimité  est compromise par la victoire de la maire sortante Oumou Sall contre ne redoutable coalition constituée autour des Tisserands. Tout puissant ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle – et non moins membre du Bpn avec des attributs équivalents à ses fonctions ministérielles -, Mahamane Baby partage le même sort qu’un autre collègue du gouvernement également revenu de son expédition électorale avec des résultats fort mitigés dans la circonscription de Sikasso. Il s’agit du ministre de l’Urbanisme Ousmane Koné, auquel la très stratégique mairie du Kénédougou a échappé au profit du candidat du Pasj, Kalifa Sanogo, ex-Pdg de la Cmdt. La troisième région compte un autre géant aux pieds d’argile. Il s’agit de Tiémoko Sangaré qui s’en sort avec beaucoup moins de gloire, en tant que président d’un parti aussi prestigieux. A Bougouni, bastion historique et naturel du ministre des Mines, la CDS n’a fait aucun quartier aux Abeilles ni ne leur a donné l’occasion de prouver que les dernières législatives n’étaient qu’un parcours accidentel. En plus de perdre jusque dans la commune natale de leur président, les Abeilles ne contrôlent que la direction de deux communes sur la trentaine en jeu.

Idem pour son homologue du parti majoritaire Bocari Treta, qui tombe tout aussi lamentablement de son piédestal à Teninkou, le bastion qu’il partage avec le président de la Haute cour de justice, Abdrahmane Niang. Ils partagent également la disgrâce de concéder cette localité à l’opposition incarnée dans cette circonscription par le député Amadou Cissé alias ‘’Dadjiri’’.

Même scénario en commune VI du district où la majorité sortante est reléguée au quatrième rang avec une demi-douzaine de conseillers sur une quarantaine parmi lesquels le maire sortant Souleymane Dagnon. La contre-performance de ce dernier – ainsi que celles de ses camarades dans d’autres communes du district – ne saurait être compensée par le triomphe des Abeilles en Commune III, même si leur candidate, Mme Djiré, l’a emporté dans une arène où est descendu, pour le compte du RPM, le tout nouveau Secrétaire politique du BPN et non moins puissant ministre de la solidarité, Hammadoun Konaté.

Quatrième Secrétaire politique du parti au pouvoir, le ministre Abdrahamane Sylla n’a pu faire mieux en commune IV où les clivages internes du RPM ont fini par confirmer la suprématie du parti Yelema et de Moussa Mara, jusque dans le bureau de vote où le président de la République est inscrit. Idem dans la principale circonscription électorale de Dioila avec la nette défaite du président du Modec Konimba Sidibé au profit du Mpr, puis Koulikoro où le président de l’Assemblée nationale donne raison à ceux qui l’ont relégué au rang de  7è vice-présidence du BPN au dernier congrès du RPM.

Dans le bastion électoral d’Issaka Sidibé, la mairie est tombée dans l’escarcelle de l’opposition, tandis qu’à Gao le parti au pouvoir s’en tire avec un succès mitigé avec le même nombre de conseillers que la liste du PDES de Sadou Diallo, en dépit de la présence de deux ministres et non des moindres dans l’arène, à savoir : Malick Alhousseini et Abdoulaye Idrissa, tous membres influents du Bureau politique national.

En définitive, à l’image du PDES sous ATT, les tentatives de construire les légitimités par le haut n’ont pu triompher des aléas du jeu politique qui voudraient que l’assise militante précède la position administrative. Mais il n’y a pas que la majorité présidentielle qui compte ses dinosaures tombés en disgrâce dans leurs bastions respectifs. A Yelimané, par exemple, le triomphe de l’alliance Sadi-Umrda dans la commune urbaine marque la fin d’une longue dispute de suprématie entre l’Adema de Hamada Soukouna, le 4è vice-président de l’Assemblée, et l’Urd du célébrissime député de l’opposition, Mahamadou Awa Gassama Diaby.

Ce n’est pas la seule sonnette d’alarme à un pouvoir, dont les intentions de rempiler pour un second quinquennat se susurrent avec insistance. En plus des signaux lancés par un taux d’abstention assez illustrative d’une baisse d’enthousiasme et des espoirs brisé, le régime doit s’inquiéter aussi du retournement de veste du côté de certains bastions parmi lesquels la ville garnison de Kati. Les gestes et clins d’œil tous azimuts en direction des familles militaires n’ont pas empêché une expression massive de suffrages au détriment du pouvoir dans cette commune urbaine où l’actuel chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, était jadis à peine autorisé à se rendre pour sa campagne présidentielle. Les vagues du procès annoncé de Sanogo et les déroutes meurtrières de l’armée au nord sont probablement passées par-là, mais on s’explique difficilement les revers politiques essuyés par le parti au pouvoir dans des zones où le régime a consenti des investissements plutôt dignes de la sympathie. C’est le cas par exemple de Koulikoro avec le Pont Kayo et la voie de chemin connexion à la capitale, du cercle de Tominian avec moult autres infrastructures et équipements.

Encadré

Exceptions à la règle !

S’il est une exception qui confirme la règle, c’est avant tout le cas du député Mamadou Diarassouba qui a su s’imposer de la plus belle minière dans son bastion de Dioïla. La commune urbaine lui a certes filé entre les doigts au profit du Mpr, mais jamais son parti  n’a engrangé un résultat électoral comparable à l’exploit de cette année. Sa plus grande performance, le questeur de l’Assemblée nationale l’a réalisée à l’intérieur du cercle. En plus de Massigui, sa chasse gardée, l’Honorable Diarassouba s’est imposée dans nombre d’autres communes jadis contrôlées par son ancien parti, le Pasj. Sur 23 communes au total, le RPM contrôle une douzaine, soit 52% des mairies du cercle de Dioïla ramenés dans l’escarcelle des Tisserands  par leur secrétaire à l’organisation.

Une performance similaire est attribuable au nouveau Secrétaire général du BPN, Me Baber Gano, par qui le parti présidentiel opère une démonstration de force jamais réalisée dans le cercle de Djenné par le passé, quoique le RPM ait jadis contrôlé la commune urbaine par le concours de combinaisons politiques de circonstance. Aucune commune mesure, toutefois, avec la conquête de trois communes sur cinq possibles, contre seulement deux pour l’Urd battu jusqu’à Sofara, bastion traditionnel du député Habib Sofara. Dans le box des exceptions on peut également loger l’exploit réédité par le nouveau 1er vice-président de l’Assemblée nationale, Moussa Timbiné, qui confirme en Commune V une tendance montante enclenchée depuis la présidentielle jusqu’aux dernières partielles en passant par les législatives de 2013. Last but not the least, le nouveau secrétaire à la communication des Tisserands, Zoumana Mory Coulibaly, a aussi confirmé son utilité pour le parti majorité en régnant sans partage sur le cercle de Bla. Autant de singularités qui sont à une année lumière  des résultats disgracieux de l’écrasante majorité de l’élite Rpmiste et d’ailleurs.

Source:Le Témoin

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