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Sikasso : Le procès d’une révolution inachevée !

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Le coup d’Etat du 22 mars 2012, aurait pu jeter les bases d’un Mali nouveau. Mais l’espoir s’est vite transformé en cauchemar.

Les défenseurs de la théorie démocratique, condamnent le « coup d’Etat ». Ils argueront que le pouvoir démocratique, se prend par la voie des urnes. Exception faite, on peut ainsi l’imaginer,  du coup d’Etat de mars 1991,  perpétré par le Général Amadou Toumani Touré dit « ATT », proclamé « héros national » et soutenu par les acteurs dits « du mouvement démocratique » qui dirigeront le Mali durant plus d’une décennie. Avec quels résultats ?

Le président « ATT » vers la fin de son second et dernier mandat n’était plus du tout le héros national dont le Maliens, dans leur écrasante majorité, ont réclamé le retour en 2002 face à la déliquescence de notre société et de son pouvoir politique. Bref, il faut dire que la gestion du pouvoir  par les « acteurs du mouvement démocratique de mars 1991 », a déçu les populations. Jamais, le Mali n’a été aussi pervertie dans sa gestion. L’écart entre riches et pauvres, s’est augmenté. En un mot, les idéaux de la révolution de mars 1991, ont été foulés aux pieds par ceux qui étaient appelés à les défendre.

Le retour du « héros national » aux affaires, ne changera pas grand-chose. La dégradation des valeurs sur lesquelles le Mali s’était fondé, avait déjà atteint un niveau très inquiétant. La politique s’est souillée et l’homme politique malien est devenu « menteur, manipulateur, voleur, tricheur… ». Le désamour des Maliens de la chose politique, s’est avéré et le taux de participation aux différents scrutins allait decrescendo. On ose alors parler de désaffection entre l’homme politique et son électeur. A qui la faute ?

La situation au nord du pays, n’a rien arrangé à la situation du président ATT. Pour la première fois, les Maliens découvrent la triste réalité : le Mali n’a pas d’armée. Ou du moins, n’a pas d’armée capable de le défendre avec dignité. Est-ce sous le pouvoir d’ATT que l’armée s’est dégradée ou est-ce que cela s’est opéré bien avant ?

Cette question que tout le monde s’est posé bien naturellement, n’a pas de réponse. Seulement, des supputations. La chaîne de commandement de l’armée malienne, s’est rompue. Les hommes et les femmes, recrutés pour défendre le pays, n’ont pas le niveau requis ; le matériel manque, etc.

La découverte de cette réalité, intervient au moment où plus d’un Malien se plaignait déjà de la gestion peu orthodoxe des affaires du pays. Les rapports du Bureau du vérificateur et d’autres structures de contrôle publics, s’enchaînaient avec son lot de révélations sur le degré de corruption au Mali. La machine justice, dernier rempart, était grippée. Cette boutade du président ATT « bè bi ba bolo » (que chacun se refuge sous la protection de sa mère) devant l’ampleur de la situation, ont fait croire aux Maliens à la fatalité.

Le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE) mal conseillé ?

Au risque de paraître comme des antidémocrates, nous disons que le coup d’Etat de mars 2012, a été majoritairement salué et même perçu comme un « ouf » de soulagement. Pour preuve, le nombre de déclarations de soutien au CNRDRE (qu’elles proviennent de la société civile, des militaires, religieux ou hommes politiques, etc.) ; le balai incessant devant les portes de Kati (quartier général des putschistes)… dans les grins, les gens exprimaient leur ras-le-bol de ce qui était devenu le Mali pour justifier leur soutien au coup de force contre le pouvoir du président ATT. Mais comme toujours, s’il y a un coup d’Etat, il y a deux fronts qui se forment : ceux qui soutiennent le coup d’Etat (les déçus du pouvoir renversé) et ceux qui ne le soutiennent pas, généralement et majoritairement constitués des proches du pouvoir renversé.

Le premier camp, peut aussi enregistrer dans ses rangs, les « opportunistes », ceux qui suivent la direction du vent, pour ne pas perdre leurs privilèges et ceux qui se rallient espérant se faire une place au soleil.

Plusieurs questions se posent aujourd’hui et dont les réponses se trouvent dans l’énigme du procès qui s’est ouvert à Sikasso. Le coup d’Etat de mars 2012, est la résultante d’une mutinerie ouverte quelques heures plus tôt. Question : Qu’est ce qui a poussé les mutins à transformer leur révolte en coup d’Etat militaire ? Alors que les membres du CNRDRE semblent accepter, un compromis de sortie de crise, sous l’égide de la CEDEAO, un contre coup d’Etat est fomenté par un autre corps de l’armée malienne, appelé le régiment des parachutistes. Question : Peut-on imaginer que ce régiment se soit soulevé contre les membres du CNRDRE, sous un ordre, et de qui ?

Les deux questions nous amènent face à la théorie de la « manipulation » qui a ensanglanté et divisé les Maliens. Le procès de Sikasso, en échappera-t-il ?

Mais revenons au coup d’Etat de mars 2012. Les premières déclarations des membres du CNRDRE, ont rassuré plus d’un. En effet, ils disaient rétablir l’armée dans ses droits, lutter contre la corruption et l’impunité qui gangrènent notre société. « Tolérance zéro » avait décrétée sous les applaudissements des partisans de ce coup de force qui y voyaient une occasion de renouer avec les idéaux de la révolution de mars 1991 pour lesquels des Maliens se sont sacrifiés. Le nombre de « conseillers » auprès du CNRDRE, a-t-il fait dévier ses membres de l’idéal qu’ils avaient tracé pour la renaissance d’un Mali nouveau ? Le CNRDRE aurait-t-il pu aller jusqu’au bout de sa logique d’ « assainissement » sans se corrompre lui-même ?

Ramener aujourd’hui le débat sur le procès des 21 « bérets rouges » disparus, c’est fermer les yeux sur une autre grande réalité : le Mali est malade de ses hommes. C’est cette maladie qui plonge le Mali dans la tourmente depuis le lendemain de la révolution de 1991, à nos jours. De ne pas combattre cette « maladie », c’est jeter en pâture le Mali à ses ennemis.

Source: La Pouce

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