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Polémique autour de l’accord de réadmission : Le gouvernement au pilori à l’Assemblée nationale

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Le 11 décembre 2016, le gouvernement du Mali a signé avec l’Union Européenne un communiqué conjoint relatif à la coopération renforcée sur la migration. Ledit communiqué a provoqué une vive polémique au Mali et en dehors du pays. Compte tenu de l’importance du sujet, l’Assemblée nationale du Mali a interpellé le gouvernement hier, mardi 20 décembre 2016 à l’hémicycle qui a eu du mal à convaincre les députés. Selon les membres du gouvernement, il n’y a pas eu d’accord de réadmission et il n’y en aura jamais. Les membres du gouvernement qui défilaient à la barre à l’hémicycle sont les ministres des affaires étrangères, de la Coopération Internationale, de l’Intégration Africaine, Abdoulaye Diop, celui des Maliens de l’extérieur, Abdrahamane Sylla, et le ministre Mountaga Tall de la communication, porte-parole du gouvernement.

« Les Maliens de l’extérieur, immigrés pour la plupart, et leurs familles sont dans la panique totale, panique à cause de la rumeur de la signature par le Gouvernement du Mali avec l’Union Européenne d’un accord de réadmission des Maliens sans papier dans la zone de l’Union Européenne. Il est clair et établi qu’un document a été signé par votre gouvernement. Pour nous édifier et nous voulons savoir, le peuple veut savoir : Quel document a été signé par votre gouvernement?  Quelle est la valeur juridique dudit document ? Quel est le contenu exact du document en question ? Les réponses à ces questions permettront de nous édifier et également d’éclairer la lanterne des milliers de Maliens de l’intérieur comme de l’extérieur », c’est en substance ce qu’a déclaré la présidente de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, Mme Diallo Aïssata Touré. A sa suite, plusieurs autres députés, à l’exception de ceux de l’opposition (VRD et Adp-Maliba/Sadi) ont invité le gouvernement d’éclairer la lanterne des Maliens. Les deux groupes parlementaires de l’opposition ont souhaité consacrer leurs déclarations aux débats sur la  motion de censure prévus ce mercredi 21 décembre. Selon Moussa Badiaga du groupe Rpm, cette séance d’interpellation est la bienvenue car elle permettra d’éclairer la lanterne des Maliens. Avant d’ajouter que la diaspora malienne est un atout indéniable pour le pays. « Elle constitue un levier du développement. Si ce n’était pas les retombées de cette diaspora, certains villages allaient disparaitre. La diaspora mérite respect et considération », a-t-il dit. Quant à l’honorable N’Doula Thiam, il a déploré l’insuffisance de la communication gouvernementale.

Des mises en garde

Au cours de cette séance d’interpellation, des députés ont fait des mises en garde voire même de véritable menace à l’endroit du gouvernement. Parmi ces députés Boubacar Diaguiné Sissoko du Rpm qui dit qu’aucun accord ne pourra vaincre l’immigration. Nul n’ignore l’importance de la diaspora malienne, a-t-il dit. L’honorable Mohamed Tounkara du Rpm enfonce le clou. « S’il y a eu accord de réadmission des maliens de l’extérieur en situation irrégulière, je serais le premier rebelle contre cette décision. Je m’opposerais farouchement et j’aurai des soutiens. A Kita, nous sommes délaissés par l’Etat. C’est grâce à la diaspora malienne que nous avons l’eau potable, les mosquées et bien d’autres », a-t-il martelé. Mahamadou Cissé du groupe Adema Pasj prend le relai en disant qu’il est hors de question de signer un quelconque accord avec l’Union Européenne quel qu’en soit la promesse faite. « C’est en refusant de signer un accord de réadmission que l’honneur du Mali sera sauvé », indique-t-il. Pour l’honorable Hady Niangado du groupe APM, la signature du communiqué conjoint entre le gouvernement et l’Union Européenne n’a pas été faite dans la transparence. Pour l’honorable Modibo Sogoré du groupe Apm, ce communiqué conjoint est une menace contre les ressortissants de Kayes quant on sait l’importance des migrants dans le développement du pays. De ce fait, il a invité le gouvernement à ne rien signer comme accord de réadmission des Maliens en situation irrégulière. Aux dires de l’honorable Issa Togo, président du groupe parlementaire Adema Pasj, c’est la mauvaise gouvernance qui pousse les jeunes à s’émigrer. Quant au premier questeur de l’Assemblée nationale, l’honorable Mamadou Diarrassouba du Rpm, tôt ou tard, l’Afrique fera face à la migration. Son adjoint Belco Bah de l’Apm a souhaité que toute la vérité soit dite autour de ce problème.

‘’ Le Mali ne signera jamais un accord de réadmission’’

En réponse aux questions des honorables députés, le ministre Abdoulaye Diop a fait savoir que le Mali a entamé un dialogue politique avec l’Union Européenne sur 5 piliers à savoir la lutte contre les causes profondes de la migration irrégulière et du phénomène des personnes déplacées ; la coopération concernant la mobilité légale ; la protection des migrants et réfugiés ; la prévention et la lutte contre la migration irrégulière, y compris le trafic des êtres humains. Et enfin, le retour, la réadmission et la réintégration des migrants en situation irrégulière, le tout en respect des engagements internationaux. Avant d’ajouter que le gouvernement a décidé de défendre les intérêts du Mali, des Maliens et particulièrement les Maliens de l’extérieur. Pour preuve, dit-il, plusieurs milliards de FCFA ont été mobilisés pour aider les Maliens de l’extérieur en situation de détresse. « Aucun accord de réadmission n’a été signé. Je suis catégorique la dessus. Le gouvernement n’est pas en train de monnayer la dignité des Maliens », a dit le ministre Diop. Selon lui, c’est un communiqué commun qui a été signé et qui n’a pas la valeur juridique d’un accord. Même si un accord avait été signé, le ministre Diop a fait savoir qu’il ne sera pas facile de l’appliquer car il faut la ratification de l’Assemblée nationale. « En droit international, un accord signé entre Etats doit faire l’objet de ratification. Le Mali n’a pas négocié un accord de réadmission, le Mali n’a pas signé un accord de réadmission, le Mali ne signera jamais un accord de réadmission », a précisé le ministre Diop, fils d’immigrant. Il a été épaulé par son collègue Abdrahamane Sylla qui a fait savoir qu’aucun accord de réadmission des Maliens de l’extérieur en situation irrégulière n’a été signé avec l’Union Européenne. A l’en croire, en 2015, les Maliens de l’extérieur ont contribué au développement du Mali à hauteur de 471 milliards de FCFA. « Nous avons dit à nos partenaires techniques et financiers que pour que l’immigration irrégulière cesse, il faut la mobilisation des ressources pour la formation des jeunes, la maitrise de l’eau et l’emploi des jeunes », a-t-il souligné. Quant au Ministre Mountaga Tall, le Mali est par tradition un pays d’immigration. « C’est un vrai faux débat par ce qu’on dit pourquoi vous avez signé quelque chose que vous n’avez pas signé », a-t-il dit.

Source: Le Républicain 

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