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Economie : Pourquoi le Mali taxe seulement les 50 premiers kilos d’or ?

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C’est un rapport accablant qui taxe le régime fiscal malien “d’aimant pour le commerce illicite de l’or en Afrique de l’Ouest”. L’ONG canadienne Partenariat Afrique Canada révèle des écarts criards dans les statistiques sur la production et sur le commerce entre le Mali et les Emirats arabes unis. Le Reflet a lu le rapport pour vous.

Dans le document, il est écrit que les pratiques fiscales du Mali applicables aux exportations d’or font de notre pays la plaque tournante du commerce illicite de l’or en Afrique de l’Ouest.

Le rapport publié le jeudi 26 janvier 2017 et intitulé, “L’Eldorado ouest-africain” fait une cartographie sur le commerce illicite de l’or en Côte d’Ivoire, au Mali et au Burkina Faso. Une enquête sur les problèmes liés à la gouvernance de l’exploitation artisanale de l’or dans les trois pays et sur les vulnérabilités engendrées par le commerce illicite de l’or dans la région. Nous nous intéressons ici à notre cas.

Une analyse de la production d’or et des statistiques sur le commerce de l’or au Mali, de même que des importations d’or malien déclarées par les Emirats arabes unis, a permis de mettre en évidence des écarts majeurs dans les données rapportées. Sur une période de quatre années, les importations d’or malien par les EAU ont successivement dépassé la totalité de la production du Mali.

Le Mali a déclaré une production de 40 tonnes d’or en 2013, tandis que les EAU déclaraient en avoir importé 49,6 tonnes. En 2014, les chiffres ont augmenté, le Mali déclarant une production de 45,8 tonnes et les EAU des importations d’or du Mali s’élevant à 59,9 tonnes.

Puisqu’une grande part de la production industrielle du Mali est exportée vers les affineurs suisses et sud-africains, Partenariat Afrique Canada n’a pu trouver d’explication à ces écarts. L’ampleur du commerce illicite de l’or au Mali soulève des préoccupations quant à la paix et à la stabilité régionales et illustre la nécessité, pour les centres d’affinage, d’exercer une diligence raisonnable accrue à l’égard des importations.

Aussi, l’enquête révèle que le Mali n’applique les taxes à l’exportation que sur les 50 premiers kilos d’or par mois. “Dans une large mesure, les statistiques du Mali sur l’exportation illustrent une tendance préoccupante, et il incombe aux affineurs et aux acheteurs internationaux d’exercer une diligence raisonnable accrue sur l’or exporté de ce pays afin de s’assurer que l’or est propre”, a ajouté Joanne Lebert, directrice générale de Partenariat Afrique Canada.

Les auteurs affirment que “l’application nuisible des lois fiscales par le Mali est une cause de préoccupations dans la région parce qu’elle favorise activement le commerce illicite de l’or. Les voisins du Mali sont privés d’importants revenus fiscaux puisque les négociants font traverser l’or en contrebande au-delà de la frontière pour tirer profit de l’allégement fiscal”.

Selon Mme Lebert, tous les pays ont pris d’importantes mesures visant à encourager le commerce légal de l’or artisanal telles que l’harmonisation des taxes à l’exportation à un taux de 3 %. Le rapport estime ainsi que le secteur emploie trois millions de mineurs en Côte d’Ivoire, au Mali et au Burkina Faso.

Partenariat Afrique Canada demande au Mali d’entreprendre un examen exhaustif de son régime fiscal afin de corriger les échappatoires qui font de ce pays un aimant pour l’or produit en Afrique de l’Ouest. De plus, le rapport demande au Dubaï Multi-Commodities Centre, aux EAU, d’interdire les importations d’or transporté à la main et de démontrer qu’il contrôle davantage les importations d’or.

Olivier Haudet

 

 

Source: Le Reflet

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