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Avec Trump, un monde de flou

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Trump monde flou

Le sommet de Taormine (Sicile), qui s’ouvre ce vendredi en présence de quatre leaders que personne n’attendait il y a encore quelques mois, sera l’occasion d’aborder les sujets qui fâchent.

Ni eux ni là. C’est un G7 imprévu qui s’ouvre ce vendredi à Taormine (Sicile) avec quatre des sept «grands de ce monde» qui font figure à la fois de novices et d’invités-surprises. A l’issue du sommet de l’année dernière à Shima, au Japon, personne n’aurait pu prévoir que, douze mois plus tard, les Etats-Unis seraient représentés par Donald Trump, la Grande-Bretagne par Theresa May et la France par Emmanuel Macron. Sans compter Matteo Renzi, autre disparu de la photo officielle, remplacé en décembre à la tête du Conseil italien par Paolo Gentiloni.

Terrorisme

C’est Renzi qui, dans l’avion pour le Japon en mai 2016, avait choisi de déplacer le rendez-vous italien en Sicile alors qu’il était planifié à l’origine sur ses terres toscanes, donnant cette explication : «Tout était déjà prévu mais quand, lors d’un sommet international, j’ai entendu un leader faire une blague stupide et pleine de préjugés sur la Sicile soi-disant “terre de la mafia”, […] j’ai décidé que le G7 devait avoir lieu là-bas, et non à Florence.» La première destination pressentie était Lampedusa, la petite île devenue malgré elle le symbole de la tragédie des migrants. Mais impossible, entre autres, d’y faire atterrir l’Air Force One du président américain. D’où le repli sur la splendide ville côtière de Taormine, au pied de l’Etna, avec son amphithéâtre grec qui rappelle – plaidait alors Matteo Renzi – «la place centrale des arts, de la culture et de la question de l’éducation qui sera au cœur du G7».

Depuis, l’agenda a singulièrement changé. Car le Brexit et plus encore l’élection de Trump ont modifié les priorités et les équilibres qui avaient fini par transformer les grands-messes internationales en réunions de famille convenues, médiatiques et répétitives. Tout juste l’exclusion de la Russie de Poutine, en 2014, à la suite de l’annexion de la Crimée, avait-elle ébréché le cadre officiel. Mais l’imprévisibilité de Trump, ses mots d’ordre de campagne électorale, puis ses fluctuations et autres revirements ont relancé l’intérêt pour ce type de manifestations. C’est l’occasion d’avoir des échanges «très directs» avec le locataire de la Maison Blanche, expliquait l’Elysée à la veille du premier face-à-face entre Macron et le président américain, en marge du sommet de l’Otan de jeudi, à Bruxelles. A Taormine, outre le passage en revue des crises régionales, en particulier la Corée du Nord, la Syrie et l’Ukraine, les Sept aborderont les questions de la lutte contre le terrorisme, du libre-échange et du climat.

Protectionnisme

Avec, sur ces deux derniers thèmes, une interrogation : quelle est réellement la position de Trump ? Plus de quatre mois après sa prise de fonctions, le locataire de la Maison Blanche reste flou. A tel point, que les sherpas, qui d’ordinaire concoctent l’essentiel du communiqué final avant même le coup d’envoi du sommet, vont devoir négocier jusqu’au bout. Y aura-t-il même deux textes conclusifs ? «La situation est assez inédite», explique-t-on dans les milieux diplomatiques. «Les Etats-Unis n’ont pas encore rendu un arbitrage officiel sur le climat. L’un des enjeux du G7, c’est d’obtenir des engagements de tous les membres sur cette question», souligne-t-on aussi dans l’entourage du président français, où l’on admet, en substance, qu’il va falloir jouer habilement : «L’objectif, c’est d’être le plus ambitieux possible.» Mais sans provoquer en réaction l’annonce d’une sortie des Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat.

Le commerce international sera également au centre des débats. En campagne, Trump avait agité le spectre du protectionnisme et, pour l’instant, comme on l’explique en coulisse, «les Etats-Unis refusent toute référence au multilatéralisme» et à l’Organisation mondiale du commerce. «En Sicile, le président Trump mettra en avant le leadership américain et les pratiques déloyales en matière d’échanges internationaux», a prévenu le conseiller américain à la Sécurité nationale, Herbert Raymond McMaster, confirmant que les dissensions, à défaut d’être résolues, seront mises sur la table, et redonneront un sens à ces grands rendez-vous internationaux.

Assurément, les réunions plénières et les rencontres bilatérales en marge du G7 permettront au moins aux chefs d’Etat et de gouvernement de faire mieux connaissance (Macron rencontrera ainsi pour la première fois le Premier ministre japonais, Shinzo Abe) et d’affronter les divergences. Un «contre-G7» est également prévu : à l’extérieur du centre de Taormine, protégé par 10 000 policiers et militaires, une manifestation est programmée samedi après-midi à l’appel d’ONG, de mouvements pacifistes et altermondialistes.

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Eric Jozsef Envoyé spécial à Taormine (Italie)

Source: Libération 

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