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Sursis-retrait: a banna

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Dans son message à la nation diffusé vendredi soir sur les antennes nationales, le président IBK a tranché en ces termes la question qui agitait le pays, depuis début juin : « en considération de l’intérêt supérieur de la nation et de la préservation d’un climat social apaisé, j’ai décidé, en toute responsabilité, de surseoir à l’organisation d’un referendum sur la révision constitutionnelle. Pour le Mali, aucun sacrifice n’est de trop ».

Capitulation ou recul pour mieux sauter ?
Quelle interprétation faire de cette décision ?
S’agit-il d’un jet d’éponge, autrement dit, d’une capitulation, d’une renonciation, abandon pur et simple comme le laisse croire certains commentateurs ? Ou s’agit-il simplement d’un recul pour mieux sauter, d’un sursis pour avoir plus d’écoute, de compréhension, d’adhésion et de partage ?
Comme le dirait l’autre, interpréter, c’est toujours à mettre en équivalence deux propos : celui de l’auteur, celui de l’interprète. Le journaliste étant un interprète de la curiosité publique, partons du postulat que la révision constitutionnelle proposée par le président IBK vise notamment à « mettre en œuvre certains engagements de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali », aussi sauf renoncer à la mise en œuvre de l’Accord dans tous ses aspects, le Mali ne peut faire l’économie d’un référendum. C’est pourquoi dans son discours, le terme de « surseoir » utilisé ne peut, ni à la lettre ni au plan de la sémantique être pris comme une volonté du président IBK de retirer, d’annuler, d’abandonner ou de renoncer à son projet.
Toutefois, il a estimé en parfaite phase avec l’opinion nationale (toutes tendances confondues) « qu’à l’heure où notre pays est confronté à tant de défis majeurs (qu’il n’était pas de son devoir) d’ajouter aux périls existants ceux que font naître la mésentente, la polémique et le malentendu ».
C’est pourquoi pour l’intérêt supérieur de la nation et de la préservation d’un climat social apaisé, le président IBK a estimé devoir prendre le temps afin que la Nation se retrouve dans ses diverses composantes et sensibilités « pour échanger sans détour ». En tant que Président de la République, chef de l’État, il a donné l’assurance qu’il prendra « les dispositions nécessaires pour que le dialogue qui s’engagera soit inclusif et dépassionné ».
En attendant que cela soit, il a « décidé, en toute responsabilité, de surseoir à l’organisation d’un référendum sur la révision constitutionnelle ».
Il ne s’agit que de cela, ni plus ni moins.

Victoire pour qui ?
Que retenir de cette décision du président de la République ?
Pour le camp du NON, c’est sans conteste une victoire, la leur. Une victoire totale ou simplement à la Pyrrhus ? Fortement exténuée par deux mois d’intenses agitations et des divergences sur la stratégie à conduire, la Plateforme ne pouvait pas mieux espérer. Peu importe pourquoi, ni même comment, le plus important est que le président a lâché du lest. Et ça, ça mérite une célébration, et la Plateforme ne s’en est pas privée. À la marche projetée ce samedi qui est devenue finalement un meeting, la victoire a été magnifiée brillamment, avec soulagement pour les uns et en demi-teinte pour les autres !
Pour ceux qui ne voulaient que le retrait, synonyme de différé, de renonciation, d’abandon (en tout cas le contexte actuel), le match est gagné. Par contre, pour ceux qui espéraient, à travers cette épreuve de force, en finir avec IBK, c’est une symphonie inachevée, car la victoire a un arrière-goût amer de bérézina.
Pour le camp du OUI, il ne s’agit ni d’une reculade ni d’une renonciation, mais simplement pour mieux partager le projet et rassembler davantage les Maliens au moment où la nation a besoin de convergence et de cohésion sociale. Sous cet angle, les partisans du président sont sans état. Ils estiment que la décision du président de la république de surseoir à la révision constitutionnelle est une décision sage, républicaine et patriotique. Responsables et militant saluent le président pour son courage. Car ils estiment, qu’à travers cette décision, il a montré qu’il est et reste l’Homme d’État et le patriote en qui ils ont fait confiance qui a l’amour de ce pays et qui reste profondément soucieux des préoccupations et des attentes de ses compatriotes quelles soient leurs divergences. Donc, ce sursis qui permettra un partage plus large du projet de révision constitutionnelle est par ricochet une victoire de la majorité présidentielle et du peuple malien tout entier.

Une décision critiquée ou saluée ?
En mettant en avant, dans le grand style oratoire, les principes sacro-saints de l’intérêt, de l’unité nationale, de la cohésion sociale et de l’apaisement du climat politico-social, le président IBK ratisse large ; au-delà de son camp, il rallie ses détracteurs les plus farouches.
En effet, dans un post publié sur sa page Facebook, le Chef de file de l’Opposition, l’honorable Soumaïla Cissé, a tenu « à saluer le Président de la République pour avoir enfin fait preuve de clairvoyance, de discernement et de lucidité en renonçant à ce projet plus que controversé qui déjà en soi divisait profondément le pays ».
L’esprit d’ouverture et la recherche inlassable de consensus autour de son initiative qui se sont traduits, notamment après l’arrêt de la Cour constitutionnelle, par les concertations avec les différentes composantes et sensibilités du pays, dont les notabilités traditionnelles et religieuses, les chefs de quartier de Bamako, la famille judiciaire… conforte aujourd’hui la stature d’homme d’État du président IBK et le remet en phase avec son opinion.
En prônant l’inclusivité et l’intérêt national autour d’une question qui a deux mois divisé les Maliens et prônant l’apaisement en dépit de l’aveuglement et du jusqu’au-boutisme arrogant et insultant de ses adversaires, l’homme d’État, IBK rejette la violence et tend une main généreuse à ceux qui ourdissaient, à travers la Plateforme, une rupture institutionnelle.
En prêtant une oreille respectueuse aux autorités morales et en ouvrant les portes du Palais à ceux qui l’ont vertement et gratuitement traité de tous les noms d’oiseaux, le président met la République au centre et au-dessus de tout.
Loin d’une manœuvre de circonstance, sa décision salutaire qui est de surseoir à la tenue du Référendum pour une date indéterminée cadre et répond au souci de la Majorité de ses compatriotes qui n’aspirent qu’à la tranquillité et à la quiétude, notamment à Bamako.
À tous ceux qui lui disent « Merci président », le président répond : « Pour le Mali, aucun sacrifice n’est de trop ».

Sursis pour qui ?
Pour la Plateforme qui jubilait ce samedi devant la Bourse du travail, le président IBK a reculé suite à leur détermination. Les plus radicaux comme Tiébilé vont jusqu’à dire qu’il s’agit de la victoire de l’ultimatum. C’est, disent-ils, parce qu’ils ont mis la pression, marché, adressé un ultimatum, écrit à l’Assemblée nationale pour demander sa mise en accusation que le président, coincé, a été obligé de battre en retraite et de renoncer à son projet controversé, impopulaire et anticonstitutionnel.
Pour beaucoup d’autres Maliens, le président IBK a cédé à cause de la chefferie traditionnelle et des autorités religieuses pour lesquelles il a un profond respect.
Si l’intercession des autorités morales (familles fondatrices et oulémas) a fortement pesé dans la balance de la décision du président, au finish, en tout cas, il est clair que celle-ci n’est pas consécutive à sa rencontre avec la Plateforme.
Pour preuve, c’est lors de la cette fameuse rencontre que le président IBK a annoncée (vers 20 h 30, dit-il dit) qu’il devrait s’adresser à la nation à 20 h. Un discours avait déjà été rédigé par les services de la Présidence et enregistré dans ce sens. Donc, ce n’est pas après la rencontre avec la Plateforme que le président a cédé et a décidé de surseoir au référendum. Mais bien, avant.

Plateforme à Koulouba : les dessous d’une rencontre
C’est à la demande insistante des autorités traditionnelles et leaders religieux que la délégation de la Plateforme a été reçue vendredi en début de soirée dans la salle des Banquets par le président de la République.
Pour le respect dû à leur rang social, le président IBK a accepté de recevoir une délégation de la Plateforme.
Le président IBK n’était pas demandeur de cette rencontre qui a été, du reste, fructueuse et a permis de lever beaucoup de malentendus et de faire bouger certaines lignes comme les Maliens ont pu le constater après la diffusion du compte rendu sur l’ORTM.
Rappelons que la délégation de la Plateforme était composée de :
1- la présidente, Mme Sy Kadiatou Sow (société civile).
2- le 1er Vice-Président, honorable Thiam Amadou (politique).
3- le 2eme Vice-Président, Amara SIDIBE (société civile).
4- le 3eme Vice-Président, Master Soumi (artiste).
5- le 4eme Vice-Président, M. Zoumana Kalapo (syndicat),
6- Mohamed Youssouf Bathily dit Ras Bath (CDR).

A BANNA
Depuis l’adresse à la nation du président de la République, dans toutes les différentes déclarations rendues publiques, on se réjouit, on se félicite, on salue le président de la République pour son sens de l’Etat et de la République, son courage et sa sagesse, sa clairvoyance, sa lucidité et son discernement. Faut-il conclure que c’est fini, c’est terminé ; comme le dit la Plateforme : « a banna » ?
C’est le cas, incontestablement pour la mouvance citoyenne de la Plateforme (celle n’a aucune arrière pensée et dont le seul objectif était le sursis, jusqu’à ce que les conditions soient idoines pour tenir les élections sur l’ensemble du territoire national. En tout cas, les attentes de Ras Bath, qui incarne aujourd’hui la contestation de la jeunesse populaire, semblent comblées si on se fi au discours qu’il a prononcé ce samedi lors du meeting de la Plateforme : « Nous avons simplement dit que ce n’est pas le moment de procéder à une révision constitutionnelle dans notre pays. Même si la révision constitutionnelle doit être faite, ce n’est pas le moment propice maintenant. Nous saluons les chefs de quartier et les leaders religieux qui ont mené la médiation pour aboutir à ce résultat ».
Par contre, c’est loin d’être un happy pour d’autres harangueurs de foule qui semblent, lors du même meeting, ne pas se satisfaire d’un simple sursis. Surseoir n’étant pas égal à retirer, les radicaux engouffrés dans les rangs de la Plateforme piochent dans le gaullisme pour maintenir galvanisée la troupe en substance : on a gagné une bataille, on n’a pas encore gagné la guerre ! On voulait le retrait, on a eu que la suspension. Il nous faut ‘’le retrait pur et simple’’ qui consacrera notre victoire totale.
Donc, en attendant, ils appellent les manifestants à poursuivre la mobilisation et à rester vigilants au sein de la Plateforme qui ne doit en aucun cas être démantelée… pour d’autres batailles, certainement qui ne les concernent pas. 2018 étant leur viseur !
En dehors de ces préconisations politiques, pour le Malien lambda : « a banna », l’arbitre IBK ayant bel et bien sifflé la fin du match qui a opposé deux mois durant les partisans du OUI et du NON… ce, quel que soit l’agenda caché de X ou Y.

Sursis-retrait banna

Par Bertin DAKOUO

Source: Info-Matin

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