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Conseil de Sécurité : une priorité nommée Sahel

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Une délégation des 15 membres du Conseil de Sécurité des Nations Unies était en tournée au Sahel du 19 au 22 octobre 2017. Conduite par les représentants de la France, de l’Ethiopie et de l’Italie, cette mission de haut niveau avait essentiellement pour but, d’apprécier de visu, la situation sécuritaire, les défis et les menaces auxquelles font face les pays du Sahel mais également, d’identifier l’appui à leur fournir pour y répondre. Au Mali, plus particulièrement, le Conseil de Sécurité a apporté son soutien au processus de paix et à la mise en œuvre effective de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation.
Bamako, début d’après-midi du 19 octobre, les membres du Conseil de Sécurité des Nations Unies atterrissent à l’aéroport Président Modibo Keita de Sénou. C’est le représentant de la France aux Nations Unies, en charge de la présidence tournante du Conseil, l’Ambassadeur François Delattre qui conduit cette délégation. Avec lui, les Ambassadeurs des 14 autres pays membres du Conseil, parmi lesquels les Ambassadeurs Tekeda Alemu d’Ethiopie et Sebastiano Cardi d’Italie, les co-présidents du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Sont présents à l’accueil, le Ministre malien des Affaires Etrangères, de la Coopération Internationale et de l’Intégration africaine, M. Abdoulaye Diop, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies et Chef de la MINUSMA, M. Mahamat Saleh Annadif et ses deux adjoints, Mme Gasarabwe et M. Davidse.
Dès l’arrivée, l’Ambassadeur Delattre explique les raisons de la présence au Sahel de cette importante délégation : « Nous sommes là, à la fois pour soutenir les efforts qui sont faits par le Mali et plus largement par les cinq membres du G5, pour créer cette force essentielle dans la lutte contre les mouvements terroristes dans la région, pour apprécier l’état de cette menace, l’état aussi de la constitution de cette force, qui est un atout pour les africains dans cette lutte qui ne connait pas de frontières, » a-t-il déclaré, avant d’ajouter : « c’est une occasion aussi avec le Président de la République, le Gouvernement et l’ensemble des acteurs maliens, de faire un point plus largement sur la mise en œuvre de l’Accord de paix. »
Le ton et l’objet de la visite sont donnés. Quatre jours durant, les ambassadeurs du Conseil de Sécurité de l’ONU, échangeront avec les différents acteurs, la société civile et les plus hautes autorités de trois pays du Sahel. Bamako (Mali) les 19 et 21, Nouakchott le 20 (Mauritanie), Mopti (Mali) et Ouagadougou (Burkina Faso) le 22 octobre, un programme chargé qui, selon les diplomates, leur aura permis de prendre la pleine mesure des nombreux défis auxquels sont confrontés la région et le Mali.
La communauté internationale en soutien au Sahel… face à ses nombreux défis
Les premières heures du Conseil de Sécurité dans la capitale malienne ont été, pour la plus part, passées à la Présidence de la République et au Ministère des Affaires Etrangères. Les Ambassadeurs y ont été reçus par le Ministre et six de ses collègues du Gouvernements puis, par le Président de la République du Mali, SEM Ibrahim Boubacar Keita. Le lendemain, c’était avec le Président de la République Islamique de Mauritanie, SEM Mohamed Ould Abdel Aziz que les membres du Conseil se sont entretenus avant de rencontrer le Secrétaire permanent de la Force du G5 Sahel.
Avec les Présidents Keita et Abdel Aziz il a beaucoup été question des maux qui frappent le Sahel et des remèdes à lui prodiguer. Le terrorisme qui se nourrit et qui nourrit la criminalité transfrontalière, les problèmes structuraux, liés au manque de développement de la région ou encore l’environnement rendu plus difficile du fait du changement climatique, qui affecte les populations… Aucun des défis qui s’imposent à cet espace commun au Burkina, au Mali, à la Mauritanie, au Niger et au Tchad n’a été occulté.
De Bamako à Ouagadougou en passant par Nouakchott et Mopti, les analyses se rejoignent : la Force conjointe du G5 Sahel apparait comme étant l’une des solutions incontournables au problème du terrorisme et de l’insécurité dans la région. L’accompagnement de l’opérationnalisation de cette Force par la communauté internationale, a fait l’objet de plaidoyers de la part des Chefs d’Etats malien et mauritanien, qui ont d’ailleurs été entendus. « J’ai été frappé personnellement par son engagement sur ce dossier, son appel à la communauté internationale et au Conseil de Sécurité pour en effet, par tous les moyens possibles, qu’ils soient bilatéraux ou multilatéraux, via les Nations Unies, apporter notre soutien à cette force conjointe et, je suis persuadé que c’est un message que l’ensemble des membres du Conseil de Sécurité sauront entendre, écouter et rapporté à leurs capitales, » a déclaré l’Ambassadeur Delattre quant à la détermination du Président Keita.
Si les pays du G5 Sahel regardent dans la même direction, il y a également convergence de vues entre le Conseil de Sécurité et le Secrétariat général de l’ONU. Les quatre propositions du Secrétaire général, António Guterres, quant à l’appui au G5, sont actuellement à l’étude auprès du Conseil. L’Ambassadeur Delattre s’est d’ailleurs fait l’écho à Bamako des propos du Secrétaire général qui affirmait que « le G5 Sahel est une opportunité à ne pas rater ». Autre point sur lequel les pays de la région, le Conseil de Sécurité et le Secrétariat général de l’ONU s’accordent : la collaboration qui doit lier la MINUSMA et cette Force sous régionale doit être étroite. « Nous sommes convaincus aussi, que son action est complémentaire de l’opération de maintien de la paix au Mali, la MINUSMA, car elle couvre une zone d’action géographiquement bien plus large et qu’elle a pour vocation, de mener des opérations anti-terroriste, ce qui n’est pas le rôle de la MINUSMA, » a expliqué l’Ambassadeur français.
Sur le terrain, à Mopti, la délégation a pu “toucher du doigt” la réalité. Au siège du G5 Sahel, elle a pu se rendre compte du niveau de mise en place de la Force, dont les premières opérations, sous la conduite du Général malien Didier Dacko, doivent démarrer à la fin de ce mois d’octobre 17. « Nous (avons) prévu d’atteindre la capacité opérationnelle (maximale) dans quelques mois, en 2018, et au rythme où les choses vont, nous pensons que c’est atteignable, » à condition d’obtenir les soutiens nécessaires, a ajouté le Commandant du G5 Sahel. A ce propos, les besoins du Général sont identifiés : « Nous attendons un accompagnement en termes d’équipement et de formation, » a déclaré à la presse depuis son QG, le Général Dacko, à l’issue de la visite des ambassadeurs. Auprès du Gouverneur de la Région et des organisations locales de la société civile, les ambassadeurs ont pu mesurer l’ampleur des défis au contact de celles et ceux qui les vivent au quotidien.
Ainsi, l’établissement d’une force militaire conjointe n’est pas la seule réponse à apporter à la région. L’Ambassadeur Cardi de l’Italie a, à cet égard, souligné l’importance « des aspects de développement qui sont pris en compte par ailleurs par la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel ». Plaidant pour un appui important de la communauté internationale à l’ensemble de la région du Sahel, l’Ambassadeur Alemu de l’Ethiopie a rappelé la responsabilité de cette dernière dans la situation. «… c’est là le principal message que nous allons transmettre. La communauté internationale se doit absolument d’aider les pays de la région. Certaines des difficultés que rencontrent ces pays de la région ne sont pas dues à ce qui se passe dans la région même mais, à des facteurs extérieurs, d’où la responsabilité de la communauté internationale,» a déclaré le diplomate Ethiopien.
A Ouagadougou, le Conseil a rendu hommage aux victimes des deux attentats qui ont frappé la capitale burkinabé ces derniers mois, avant d’être reçus par le Président de la République du Burkina Faso, SEM Rock Marc Christian Kaboré.
Outre les questions régionales, lors de cette mission au Sahel, les membres du Conseil de Sécurité ont également pu se pencher sur le processus de paix en cours au Mali, dont l’aboutissement « est une clef pour la stabilité dans l’ensemble de la région, » comme l’a affirmé M. Delattre. Les Ambassadeurs ont également, selon Tekeda Alemu, pu « constaté le rôle que joue M. le Représentant spécial du Secrétaire général, M. Annadif et, nous avons mieux compris tout ce qu’il fait concrètement. La MINUSMA fait énormément de choses ».
La mise en œuvre de l’Accord pour la paix au Mali demeure une priorité
Un même message pour plusieurs destinataires : « Nous attendons, pour notre part en tout cas, des résultats concrets, tangibles, importants dans la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali dans les toutes prochaines semaines et en tout état de cause avant la fin de l’année, » a déclaré le Conseil de Sécurité, par la voix de son président. Une déclaration de M. Delattre à Bamako, le 21 octobre, après une journée marquée par plusieurs réunions. Ainsi, de 9h à 18h, la délégation a successivement reçu les acteurs et les partenaires de la mise en œuvre de l’Accord. Parmi eux : les membres du Comité de suivi de l’Accord (CSA), les groupes de femmes de la société civile et les ONG féminines, les responsables de l’EUTM/Mali (European Union Training Mission), d’EUCAP Sahel (European Union Civilian Mission) et de la Force Barkhane.
« Réunion importante à tous les égards, » d’après M. Delattre, l’entrevue de deux heures avec les membres du CSA, l’a été. Elle a permis de faire un tour d’horizon des avancés, des ralentissements et des blocages relatifs à la mise en œuvre de l’Accord. A l’issue de l’échange, « une feuille de route, une vraie feuille de route » a été dégagée. Afin que celle-ci soit exécutée dans les plus bref délais, au bénéfice de tous, l’Ambassadeur algérien Ahmed Boutache, Président du CSA a exhorté les parties à : « un redoublement en terme de volonté, d’avantage de sincérité dans l’engagement et surtout, une plus grande confiance entre les parties et une coopération plus dense entre elles, pour permettre à tous d’être au rendez-vous de l’histoire et d’être à la hauteur des attentes de tous.»
Eléments essentiels à la mise en œuvre de l’Accord mais plus largement à la stabilisation du Mali et de la Région, la participation des femmes aux différents efforts consentis, a également été discutée avec la délégation onusienne. 120 minutes au cours desquelles, leur implication dans le processus de paix en général et plus particulièrement dans les mécanismes de l’accord, a été profondément traitée.
De proches échéances pour des résultats annoncés…
A l’heure du retour à New-York, un bilan d’étape de la mission des Ambassadeurs des pays membres du Conseil de Sécurité de l’ONU, fait ressortir une certitude : le Sahel reste au centre des préoccupations du Conseil de Sécurité de l’ONU. En effet, il sera à l’ordre du jour de sa réunion ministérielle, prévue le 30 octobre prochain à New-York et qui sera présidée par le Ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. Les conclusions de cette Mission en alimenteront les débats afin, sans doute, de définir l’appui à apporter à la région en général et à la Force du G5 en particulier.
En toute fin de visite, le Conseil a fait part de sa satisfaction. La satisfaction, « de voir combien cette visite, très dense il est vrai, a été utile, productive et riche d’enseignements positifs pour nous tous, » a déclaré l’Ambassadeur de France à l’ONU, François Delattre.
Conseil Sécurité priorité nommée Sahel
Source: Minusma

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