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Mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation : Le gouvernement au pied du mur

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Point n’est besoin de continuer à faire la politique de l’Autruche en ce qui concerne la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger qui rencontre de sérieuses difficultés. C’est d’ailleurs le prétexte favori de la Plateforme des mouvements d’autodéfense et la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma), les principaux signataires à côté de l’Etat du Mali, pour s’opposer aux élections régionales reportées en avril prochain. En effet, après avoir relevé ce qu’elle appelle des insuffisances, l’alliance Plateforme-Cma pose des conditions enrobées poliment dans des recommandations difficilement réalisables dans la situation actuelle du pays. Face à cette surenchère, pourra-t-on alors tenir et les régionales et la Présidentielle ?

La Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma) et la Plateforme des mouvements d’autodéfense ne sont pas du tout tendres envers le gouvernement lorsqu’il s’agit de faire le point sur la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. En effet, ces deux signataires dudit accord estiment que, deux ans après, les dividendes attendus tardent à se préciser.

La Cma et la Plateforme qualifient les actes posés par le gouvernement de “timide avancée du processus” et en contrepartie font ressortir, de leur analyse de la situation, une montagne d’insatisfactions qualifiées “d’insuffisances” dans un document du 20 octobre dernier consacré à une “évaluation succincte” de la mise en œuvre de l’Accord.

Il faut retenir que, de leur point de vue, la Cma et la Plateforme, dans ce document, dénoncent ce qu’elles appellent une violation de l’Accord par rapport à tous les textes législatifs et réglementaires votés par l’Assemblée nationale et promulgués par le président de la République. Il s’agit précisément de la récente loi électorale, du nouveau code des collectivités territoriales et de la loi sur la libre administration des collectivités territoriales. Même la loi portant sur la révision constitutionnelle finalement suspendue a été citée comme une violation de l’Accord parce que, selon la Cma et la Plateforme, leurs préoccupations n’ont pas été prises en compte avant de décider d’un référendum. Et Dieu seul sait que l’un des arguments avancés pour défendre ce projet mort-né de révision constitutionnelle était de s’adapter aux dispositions de l’Accord.

La Plateforme et la Cma qui ont produit “leurs amendements” à ces lois précitées, tiennent qu’elles soient prises en compte et par conséquent que lesdites lois soient relues pour les adapter à leurs exigences.

Des préalables infranchissables enrobés dans 12 recommandations

Dans cet élan, après avoir analysé la vie nationale aux plans politique, institutionnel, sécuritaire, économique, social et culturel, ainsi qu’au niveau des actes posés par la Commission Justice et réconciliation et au plan humanitaire, la Cma et la Plateforme proposent des correctifs sous forme de 12 recommandations, mais qui sont en réalité de véritables murailles infranchissables par le gouvernement dans la mesure où leur application reste difficile voire quasi impossible dans la situation actuelle du pays.

Alors pourquoi avoir accepté de telles dispositions dans l’Accord reste la grade question, si l’on sait que l’une des recommandations qui demande de surseoir à l’organisation d’élections de proximité, notamment les élections régionales, de cercles et communales dans les régions du nord du Mali a été suivie d’effet, notamment à travers la multiplication d’actes de terrorisme qui ont obligé le gouvernement à faire machine arrière pour renvoyer les élections initialement prévues ce 17 décembre au mois d’avril prochain.

Pourtant, le Premier ministre a tenté de sauver la situation par des négociations avec la Cma et la plateforme qui sont restées inflexibles dans leurs exigences à la limite du chantage et c’est une coïncidence malheureuse que de voir, après l’échec de ces pourparlers et les menaces qui ont suivi, le nord du Mali et une partie du centre se transformer très rapidement en un énorme brasier pour amener le gouvernement à surseoir à la tenue des élections de proximité. Reste maintenant à voir si ces élections pourront se tenir à la date annoncée, avec tous ces points de désaccord soulevés par la Cma et la Plateforme et qui restent irréalisables compte tenu de la situation actuelle du pays.

En effet, il est difficile, comme c’est demandé par la Cma et la Plateforme, en si peu de temps, de concevoir un chronogramme consensuel de mise en œuvre diligente de l’Accord prenant en compte les 12 points prioritaires de recommandations qu’elles ont formulées dont, entre autres : procéder à la relecture de l’ensemble des dispositions législatives et règlementaires déjà prises, qu’elles dénoncent comme non consensuelles et non conformes à l’Accord ; d’opérationnaliser les autorités intérimaires au niveau régional et de parachever leur installation au niveau des cercles et communes ; de diligenter le processus du découpage administratif, le retour des réfugiés, le recensement général des populations de l’ “Azawad” comme le disent la Cma et la Plateforme ; de diligenter l’effectivité de la zone de développement des régions du nord du Mali ; de mettre en place une commission d’enquête internationale chargée de faire la lumière sur les crimes commis depuis 1960 à nos jours…

A vrai dire, ces exigences de la coalition Cma-Plateforme prennent à contre-pied le gouvernement qui pensait certainement tenir en main la situation pour dérouler tranquillement son programme, après avoir dénoncé, à plusieurs reprises, le dilatoire observé du côté de la Cma et de la Plateforme pour l’application de certaines dispositions sécuritaires prévues par l’Accord dont notamment l’opération de démobilisation-désarmement-réinsertion qui tarde à se réaliser, avec la réticence des groupes concernés de fournir la liste de leurs combattants dont le nombre déclaré, au fil des jours, subit une inflation pour atteindre des chiffres effarants qui ne peuvent relever que de la fiction.

Face à cette situation, que faire ? La réponse revient au gouvernement, lequel ne doit accepter de se laisser enfermer dans ce cercle vicieux de dénonciation-surenchère qui nous ramène toujours à la case départ alors que la Présidentielle de 2018 s’approche à pas de géants. C’est d’ailleurs une des raisons majeures qui poussent de plus en plus au doute sur la possibilité de pouvoir respecter désormais l’agenda républicain.

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                      A.B. NIANG

Source: Aujourd’hui-Mali

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