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Presse-Gouvernement : Le Mali de 1957 à 2017 : Focus sur les 11 journalistes devenus ministres

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«Le journalisme mène à tout à condition d’en sortir », cette phrase culte est du journaliste français Jules Gabriel Janis (1804-1974). Prononcée probablement en 1856, la 53 532èmecitation célèbre du grand écrivain français, -critique dramatique et Académicien-, est devenue au fil des ans presqu’une sentence proverbiale dans la profession de la presse. A l’origine elle imposait aux professionnels des médias d’informations un strict respect des règles éthiques et déontologiques de leur métier. Mais, de plus en plus, par la force d’interprétations sémantiques et de considérations pédagogiques, on lui a donné une autre signification qui veut simplement indiquer qu’un journaliste peut bien migrer vers d’autres horizons par ambitions personnelles ou concours de circonstances. Cela est une réalité quasi-universelle. Un peu partout, tous les journalistes ne se suffisent plus à rester éternellement dans les rédactions. Nombre d’entre eux embrassent d’autres carrières hors-médias. Les exemples font foison à travers le monde. Le Mali n’est pas en marge de cette tendance. Preuve : les cas des journalistes maliens engagés dans les mouvements politiques et/ou luttes syndicales ou évoluant dans les coulisses diplomatiques ou encore organisations internationales où ils se sont tant bien que mal illustrés, comme nous les (re) découvrirons dans ce « Dossier » consacré aux hommes de presse devenus, particulièrement, ministres de République.

Pour nous, le présent Dossier participe du même exercice de rabotage mémoriel pour ne pas écrire qu’il s’inscrit dans la même logique de rafraichissement de mémoire sur les faits marquants de l’histoire du Mali postindépendance. Ainsi, après le rappel de la composition de la 1ère équipe gouvernementale formée le 22 septembre 1960, la présentation des 57 femmes nommées ministres dans notre pays, le parcours de 33 miliaires ayant siégé dans différents gouvernements (1968-2017), le retour aux affaires des ministres du dernier gouvernement du Président ATT renversé le 22 mars 2012, nous vous présentons aujourd’hui, chers fidèles lecteurs, les membres des gouvernements issus de la grande famille des médias et de la communication.  Ils sont onze (11) journalistes à être effectivement ministres de la République.

En termes de formation professionnelle initiale, sur les 11 journalistes concernés, neuf sont détenteurs d’un diplôme de journalisme et/ou de communication (ou filières dérivées). Les deux autres (le médecin Mamadou El Bechir Gologo et l’ingénieur agronome Toumani Djimé Diallo) sont venus dans la presse par combat politique et, sans être journalistes formés dans une structure universitaire spécialisée, ils se sont relativement imposés dans le microcosme informationnel par leurs capacités intellectuelles impressionnantes et leurs talents rédactionnels indéniables.

Sur les 11 ministres journalistes, six (6) sont (ou ont été) des fonctionnaires et les cinq (5) autres du privé : Toumani D. Diallo, Mahamadou Camara, Sadio Lamine Sow et Hamadoun « Bill » Touré (ces deux derniers n’ont pas évolué dans les médias maliens).

Fait à souligner : c’est Soumeylou Boubèye Maïga que l’on peut considérer comme « le journaliste le plus politique » en raison de sa longévité dans le landerneau politique et dans les rouages étatiques. Il est le seul du lot à devenir quatre (4) fois ministre en moins de dix-sept ans (de 2000 à nos jours) et sous les trois présidents élus de la 3ème République en cours.

Fait à ne pas oublier surtout : le virtuel registre nécrologique national a enregistré la disparition en mai 2009 du doyen d’âge et de la profession, le Dr Mamadou El Béchir Gologo, notre 1er journaliste ministre, archétype du combat de presse politique. Nous lui souhaitons un repos éternel !    

 1 Dr. Mamadou El Béchir Gologo, Haut-commissaire à l’Information puis ministre de l’Information et du Tourisme

Né en 1924 à Koulikoro, il est titulaire du diplôme de l’Ecole normale William Ponty de Dakar (1941-1944) puis de celui de l’Ecole africaine de médecine et de pharmacie de Dakar (1944-1948). Il est aussitôt engagé obligatoirement dans l’Armée coloniale à Thiaroye (Sénégal) avec le grade de sergent infirmier (1948-1949). Entre-temps, en 1947-1948, il suit des cours populaires organisés par les Groupes d’études communistes à Dakar.

Rentré au bercail, le médecin Gologo est affecté successivement à Katibougou (Koulikoro), Douentza, Gourma-Rharous. Après des suspensions administratives, il s’engage en novembre 1953 au service de santé de l’Office du Niger (1950-1956). Dans les colonies de la zone Office du Niger, il crée des comités syndicaux et des sous-sections de l’Union soudanaise Rda en pleine lutte pour l’indépendance.

Après la formation du premier gouvernement sous la Loi-Cadre, Gologo devient le chef de Cabinet du ministre de la Santé, Sominé Dolo (1957-1958). Le militantisme l’a amené dans le monde de la presse. Il fut directeur adjoint du Service de l’information (1958-1959) avant de devenir le Haut-commissaire à l’Information (1959-1960).

Le Commissariat à l’Information est créé par décret n°100 du 17 avril 1959 auprès de la présidence du Conseil gouvernement de la République soudanaise, dirigée par Modibo Kéita. Ce Commissariat comprend un Haut-commissaire à l’Information et deux attachés à la presse et à la radiodiffusion. Le Commissariat à l’Information avait pour but de mieux faire connaître le Soudan et la Fédération du Mali, notamment en ce qui concerne leur vie politique, économique, sociale et culturelle.

Il était aussi chargé d’une part de diffuser les informations ayant trait à la vie des autres Etats de la Communauté franco-africaine et des pays étrangers. Il devait rassembler toute la documentation nécessaire. A cet effet, il entretenait des relations permanentes avec tous ministères et services ainsi qu’avec les organismes intérieurs ou extérieurs dont les activités étaient susceptibles de l’intéresser.

En plus, Radio-Soudan relevait directement du Commissariat à l’Information, lequel était seul habilité à lui fournir des directives concernant son activité. Il en était de même pour le contrôle technique de l’Imprimerie du gouvernement. Avec ses attributions, le Commissariat est vite transformé en Secrétariat d’Etat à l’Information. Le Dr. Gologo a ainsi siégé au gouvernement de mai 1959 à septembre 1964. Il est titularisé ministre chargé de l’Information jusqu’au coup d’Etat du 19 novembre 1968. Parallèlement à ses fonctions ministérielles, Dr. Gologo est directeur de publication de L’Essor, président de l’Union nationale des journalistes du Mali (Unajom) et Membre de l’Organisation internationale des journalistes, de 1961 à 1968.

A l’instar d’autres compagnons du président Modibo Kéita, Dr. Gologo fit la prison après le changement de régime politique. Il est détenu à Kidal de 1968 à 1971 puis de 1979 à 1983 à Nioro du Sahel suite à la diffusion d’un tract intitulé “Autopsie d’un congrès”, celui qui a constitué le parti unique constitutionnel Udpm. Entre les deux incarcérations, il fut directeur régional de la Santé de Bamako. Après avoir été secrétaire à la Presse du bureau politique national de l’Us-Rda dans les années 1950-1960, le Dr. Mamadou El Béchir Gologo fut l’un des artisans de la renaissance de ce parti en 1991 à l’instauration du multipartisme. Il en est le secrétaire général puis président d’honneur (1991-1996). Dr. Gologo fut un journaliste prolixe doublé d’écrivain talentueux, auteur de plusieurs ouvrages dont trois recueils de poèmes, deux romans et un essai (cf. la liste de nos sources à la fin). Il est décédé le 21 mars 2009 à Bamako.

 2- Bandiougou Bidia Doucouré, ministre de Tutelle des Sociétés et Entreprises d’Etat

Agent social de la coloniale, journaliste, syndicaliste habile, ministre controversé, facilitateur administratif de l’émigration, politicien manœuvrier : voilà retracé le parcours en linéaire dans son effectivité de celui que ses collègues du ministère de l’Information appelaient affectueusement B. B. Douc (en abrégeant ainsi son nom). Bandiougou Bidia Doucouré est né en 1934 à Fongou (cercle de Yélimané, région de Kayes).

Titulaire d’un Certificat d’aptitude professionnel (Cap) en bâtiment (lycée Technique Maurice Mautet de Bamako, 1954). Agent au circuit cinématographique Achambeau (Dakar 1954-1955) il poursuit ses études par correspondance (1955-1956) à Dakar avec L’Ecole Universelle, puis à L’Université populaire avant d’intégrer l’Institut d’études administratives africaines (Faculté de droit de l’Université de Dakar). De 1955 à 1960, il a été en service à la Caisse d’allocation familiale du Sénégal comme agent à Dakar, chef du contentieux à Thiès, directeur régional à Kaolack puis directeur régional à Saint-Louis (poste qu’il a quitté suite à l’éclatement de la Fédération du Mali). Retour au bercail et agent à l’Inps (1960-1962).

Stagiaire désigné parmi les jeunes militants de l’Us-Rda à Dravéla (Bamako) au Séminaire national de formation accélérée en journalisme (décembre 1961-mars 1962). Rédacteur à L’Essor (1962). Attaché de presse au ministère des Affaires étrangères où il crée la division de l’information (1962-1964). Séjour en France et pigiste au journal “Le Monde noir” (1964). Diplômé du Centre international d’enseignement supérieur en journalisme (1964-1966). Rédacteur en chef (1968-1970) puis rédacteur à L’Essor (1970-1977). Rédacteur au Magazine Sunjata (1977-1982). Auteur d’un fascicule sur les organes de presse au Mali intitulé “Du griot à la rotative : l’information au Mali” (1966).

Secrétaire général du Synipil (Syndicat national de l’information, de la presse et de l’industrie du livre (1970-1982). En service au magazine Sunjata (Amap), M. Doucouré affectueusement appelé B. B. Douc par ses collègues est également secrétaire administratif puis secrétaire général adjoint du bureau exécutif national de la centrale syndicale Untm (1978-1982). Durant cette période, il est (septembre 1978-mars 1979) membre de la Commission nationale préparatoire du congrès constitutif de l’Udpm (parti unique constitutionnel). Lors dudit congrès, il est désigné membre du Conseil national du parti.

En sa qualité de secrétaire général adjoint de l’Union nationale des travailleurs du Mali (Untm), il occupe le fauteuil de ministre de Tutelle des Sociétés et Entreprise d’Etat (6 juillet 1982-31 décembre 1984. Il entre au gouvernement au nom du principe de compromis dit, la “participation responsable” du syndicat à la gestion des affaires publiques. Face à la liquidation effrénée des sociétés et entreprises d’Etat dont il assure la tutelle et suite à de graves divergences avec la centrale syndicale qui l’avait proposé au gouvernement, Bandiougou Bidia Doucouré est désavoué par ses anciens camarades maliens, puis suspendu de toutes activités syndicales par l’Organisation internationale du travail (OIT). Il quitte le gouvernement le 31 décembre 1984.

Retour à l’Amap (1984-1988). Chargé de mission au ministère de l’Information et des Télécommunications (1988-1989). Ephémère inspecteur général des services de l’information de 1989 à 1992. Admis à la retraite de la Fonction publique (fin 1992). De cette époque jusqu’à nos jours, quelles que soient ses occupations, il est à la disposition des communautés soninkés de la région de Kayes dans les démarches administratives des candidats à l’émigration vers la France.

Fort de ses expériences professionnelles, il s’engage en politique et devient député (liste Rdp à Yélimané, 1992-1997). Membre fondateur du Rdp dont il a été secrétaire administratif (1991-1995) puis secrétaire général (1995-1997). En août 1996, il sauve Almamy Sylla d’une éviction manigancée par des jeunes cadres (en majorité juristes) lors d’une convention devant sceller la fusion Rdp-Pmt. Mais, un an plus tard, B. B. Douc mène une fronde contre le même A. Sylla (alors leader du Collectif des partis politiques de l’opposition, Coppo), confiné dans un extrémisme politique adopté des opposants radicaux vent debout contre le régime du président Alpha Oumar Konaré, suite à la débâcle électorale d’avril 1997.

Les frondeurs du Rdp exigeaient le retrait du parti du Coppo. Face au refus du doyen Almamy Sylla, son secrétaire général (une vingtaine de cadres) démissionnent du Rdp et créent une nouvelle formation politique : le Rassemblement national pour la démocratie (Rnd) dont le président est Me Abdoulaye Garba Tapo et le secrétaire général Bandiougou Bidia Doucouré (1997-2001). Ce dernier suivi d’autres responsables vont quitter le Rnd (luttes intestines de positionnement) pour fonder un autre parti : la Convention nationale pour la démocratie (Cnd).

Au bout de quatre années de présidence (2001-2005), l’ex-ministre Doucouré décide l’autodissolution de son parti qui va se fondre dans l’Urd de Soumaïla Cissé. Un des vice-présidents entre 2005 et 2011, Bandiougou Bidia Doucouré fait ensuite partie du collège de présidents d’honneur de l’Urd depuis 6 années maintenant. Il est également, de 2003 à nos jours, le président de l’Amicale des anciens fonctionnaires de l’information (Anim) au Mali.

 3 Zéïny Moulaye, ministre des Transports et du Tourisme

Né en 1954 à Gao. Conseiller des affaires étrangères. Détenteur d’une licence en sciences journalistiques et de l’information (Université d’Alger, 1977) et d’un Diplôme d’études supérieures spécialisées (Dess) en sciences politiques (Paris-I, Sorbonne, 1979). Doctorat de 3è cycle en Relations internationales de l’Université de Paris-I Sorbonne (1983). Diplôme d’études supérieures spécialisées en organisation politique, administrative et sociale (Paris-I, Sorbonne, 1980). Certificat en management à l’Institut de management et des affaires internationales de l’Université d’Atlanta aux Etats-Unis d’Amérique (1987). Certificat en gestion de projets du Centre d’apprentissage continu de l’Agence canadienne de développement international (Acdi, 1999). Membre de la Commission politique du Bureau exécutif central de l’Udpm et du bureau exécutif national de l’Unjm. Responsable du dossier Proche-Orient à la division Politique du ministère des Affaires étrangères. Chef de la division Coopération économique bilatérale (1986-1987). Directeur adjoint des Affaires politiques (1987-1988). Conseiller spécial (pour les questions de politique internationale) du président de la République (juillet 1988-juin 1989) avant de devenir ministre des Transports et du Tourisme (8 juin 1989-26 mars 1991). Détention politique (mars 1991-février 1993) suite à la chute du président Moussa Traoré. Acquitté à l’issue du procès « Crimes de sang ». Consultant (1994-1996) puis conseiller politique chargé des questions de bonne gouvernance auprès de l’ambassade du Canada au Mali (1996-2001). Conseiller spécial (dans le Système des Nations unies chargé) du Programme de coordination et d’assistance pour la sécurité et le développement (Pcased, 2001-2004 pour les 15 pays de la Cédéao).

Récemment, de 2014 à 2015, il fait partie des experts désignés par le gouvernement pour le Dialogue inter-Maliens, processus ayant abouti à la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale, signé à Bamako en mai-juin 2015. Le conseil des ministres du 24 février 2016 le nomme ambassadeur du Mali en Arabie saoudite où il est en poste depuis. Auparavant, à la fin des années 1970 et au début de celles 1980, il fut auteur de nombreux articles (collaborateur à El Moudjahid (quotidien d’Etat d’Algérie), analyses et essais sur l’art et la culture dans le Tiers-monde. Au milieu des 1986, il publie dans L’Essor des contributions sur l’actualité internationale, notamment sur les relations bilatérales entre le Mali et les pays arabes ainsi que la coopération multilatérale avec les organisations islamo-arabes. Il a à son actif la rédaction ou la co-rédaction de plusieurs ouvrages (voir nos sources à la fin).

 4 Soumeylou Boubèye Maïga, ministre de la Défense et des Anciens combattants puis des Affaires étrangères et actuel secrétaire général de la Présidence de la République

Opposant clandestin devenu homme de pouvoir. Journaliste fonctionnaire prudent reconverti en un redoutable spécialiste de renseignement. Syndicaliste intrépide mû en décideur imprévisible. Parlant rarement en public, mais agissant discrètement dans les coulisses étatiques. On pourrait ainsi présenter à grands traits l’homme public incarné par l’actuel chef de l’Administration présidentielle, le ministre-secrétaire général Soumeylou Boubèye Maïga.

Il a été qualifié en mars dernier par un de nos confrères d’“enfant terrible de la politique malienne”. Fait exceptionnel à son compte : il est jusque-là le seul cadre du pays à porter, de 1992 à nos jours, quatre fois le boubou ministériel sous les trois présidents (Alpha Oumar Konaré, ATT et IBK) de la IIIè République du Mali.

Né le 8 juin 1954 à Gao, Soumeylou Boubèye Maïga est, depuis fin 2014, un journaliste à la retraite de la Fonction publique, mais pas un retraité en activités politiques. Formé au Cesti de l’Université de Dakar (actuelle Ucad), celui qui est médiatiquement sinon communément désigné par ses initiales, SBM, est détenteur en 1978 du Diplômé supérieur de journalisme (option presse écrite). Titulaire aussi d’un Diplôme d’études supérieures spécialisées (Dess) en diplomatie et administration des organisations internationales (Université de Sceaux, Paris Sud,  1986), il a aussi, la même année, obtenu un certificat en Relations économiques internationales à l’Institut international d’administration publique de Paris (IIAP, 1986).

Durant ses treize années de carrière journalistique à l’Agence malienne de presse et de publicité (Amap), Soumeylou Boubèye Maïga fut reporter au quotidien d’Etat L’Essor et son hebdomadaire sportif Podium (1978-1979). Concomitamment à ses activités de reporter puis de rédacteur en chef du mensuel Sunjata (1980-1991), il lui est arrivé de réaliser des enquêtes et grands dossiers sur des sujets d’actualité économique et de couvrir des voyages présidentiels.

Parallèlement à ses devoirs de journaliste fonctionnaire, il a réussi avec tact à mener son activisme d’opposant clandestin en rédigeant sous un pseudonyme des articles très caustiques contre le régime du parti unique Udpm. Au milieu des années 1980, depuis Paris, le magazine Afrique-Asie a occasionnellement publié certains écrits de Soumeylou Boubèye signés par un pseudonyme. A la même période et dans la même forme de l’anonymat, le journaliste militant du Pmt est parvenu à tirer à boulets rouges sur le système politique du président Moussa Traoré largement malmené jusqu’à sa chute par le journal privé. Il a su exprimer dans l’anonymat son engagement politique dans les colonnes du journal privé Les Echos dont il est parmi les promoteurs sous la houlette du Pr. Alpha Oumar Konaré.

Avant le lancement en mars 1989 de ce premier journal privé du Mali indépendant, Soumeylou Boubèye est, au nom du Pmt, corédacteur, de la Plate-forme du Front national démocratique et populaire (Fndp composé de l’opposition clandestine Pmt, Pmrd, Us-Rda et des mouvements contestataires installés en France). Le Fndp se formalise à Dakar par les délégués de ses concepteurs dont SBM.

Dirigeant du Comité syndical de l’Amap, Soumeylou Boubèye fut membre du bureau national du Syndicat national de l’information, de la presse et de l’industrie du livre (Synipil). A ce titre, en 1987, lors d’une rencontre du chef de l’Etat avec les responsables syndicalistes sur les préoccupations nationales, il a fait une intervention mémorable conclue par une interpellation directe : « Monsieur le Président, la balle est dans votre camp ! » Sur le même registre syndical, le journaliste engagé fit partie, entre 1989 et 1991, des représentants de la centrale Untm au Conseil économique et social, une institution républicaine nouvellement créée.

A l’avènement de la démocratie pluraliste, suite aux événements sanglants de janvier-mars 1991, Soumeylou Boubèye est promu conseiller spécial du chef de l’Etat, président du Comité de transition pour le salut du peuple (Ctsp), le lieutenant-colonel ATT. Il collabore avec ce chef de l’Etat d’avril 1991 à juin 1992. Après l’accession de son camarade Alpha Oumar Konaré au palais présidentiel de Koulouba, il y devient chef de Cabinet (juin 1992-janvier 1993), De ce poste de gestion politique des affaires présidentielles, Soumeylou Boubèye est nommé directeur général de la Sécurité d’Etat (janvier 1993-février 2000). Du service des renseignements, il est propulsé dans les affaires militaires en entrant au gouvernement pour y occuper le poste de ministre des Forces armées et des Anciens combattants du 21 février 2000 au 8 juin 2002. Fin du double mandat quinquennal du président Konaré.

Après une relative traversée du désert de la politique partisane (Adéma/Pasj), l’ex-patron des services secrets redevient ministre chargé des Affaires étrangères et de la Coopération internationale dans le dernier gouvernement du président ATT, du 6 avril 2011 jusqu’au coup d’Etat du 22 mars 2012, suite à la démission de Modibo Sidibé remplacé par Mariam Kaïdama Sidibé. Une année après, suite à une impitoyable bataille de positionnement au sein de l’Adéma/Pasj qu’il a perdue, Soumeylou Boubèye Maïga crée, début 2013, une autre formation politique Asma/Cfp (Alliance pour la solidarité au Mali/Convergence des forces patriotiques). Il soutient la candidature d’IBK à l’élection présidentielle de juillet-août 2013.

Après avoir joué comme toujours le rôle de conseiller stratégique dans le staff de campagne du porte-drapeau du RPm, l’ancien DG de la Sécurité d’Etat redevient pour la troisième fois ministre de la Défense et des Anciens combattants, du 8 septembre 2013 au 27 mai 2014. Il en fut remercié suite à la déroute, le 21 mai 2014, des troupes maliennes face aux groupes armés séparatistes et narcoterroristes à Kidal.

Tombé en disgrâce auprès du président IBK, Soumeylou Boubèye Maïga revient encore au-devant la scène étatique avec sa promotion au poste de ministre/secrétaire général de la présidence de la République où il officie depuis fin août 2016. Une décennie auparavant, il fut le président du Comité d’organisation du Sommet des chefs d’Etat et leaders de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (Cen-Sad), tenu à Bamako en 2005. Au moment de ses déboires partisans en 2008, le gouvernement lui fait une promotion administrative en le nommant président du conseil d’administration de l’Agence pour la promotion de l’emploi-jeunes (Apej, 2008-2011).

Par ailleurs, en 2008, le journaliste métamorphosé en sécuritocrate crée l’Observatoire sahélo-saharien de géopolitique et de stratégie. Cet instrument de prospective lui servira beaucoup à l’international où il est fréquemment sollicité par les dirigeants africains, voire français. Ses sollicitations à l’étranger ne constituent pour lui une entrave à ses activités partisanes et étatiques au pays. Déjà, militant du Pmt (parti clandestin) depuis la fin des années 1970, il fait partie du comité éditorial du journal Bulletin du peuple (1978-1986) dont le fondateur fut feu l’économiste de gauche Mamadou Lamine Gakou, installé à Dakar. Après son retour du Cesti, il a continué à assurer la diffusion sous le manteau à Bamako de ce journal très engagé contre le régime Udpm. Membre fondateur de l’Adéma/Association (3e vice-président chargé de l’administration d’octobre 1990 à mai 1991) qui a donné naissance à l’Adéma/Parti africain pour la solidarité et la justice. D’après plusieurs connaisseurs de ce parti, c’est lui qui a proposé le nom et le sigle Adéma.

Chef de la Commission stratégique de la campagne du candidat Alpha Oumar Konaré (élection présidentielle de 1992 et de 2007). Après une décennie de travail de fourmi, à l’ombre, il s’expose à la lumière en entrant dans le comité exécutif du parti. Il en devient le 1er vice-président (novembre 2000-octobre 2008) mais est frappé d’une première mesure d’exclusion (février 2007-avril 2008) suite à son refus de respecter la décision du parti de soutenir la candidature du président ATT à la présidentielle de 2007.

Malgré tout, il prend part à cette haute compétition électorale nationale comme porte-drapeau du mouvement « Convergence 2007 » et se classe 6è sur 8 candidats alignés au départ de ce scrutin présidentiel gagné dès le 1er tour par le président ATT ainsi réélu. Contre celui-ci, SBM s’illustre en opposant dur au sein de l’Alliance Fdr comprenant notamment des candidats vaincus de la présidentielle.

En parvenant à participer à cette bataille électorale menée sans concessions, le leader de la Convergence 2007 réussit là où il avait échoué en 2002. En effet, au début de cette année-là, Soumeylou Boubèye Maïga fut candidat à la candidature de l’Adéma/Pasj. Il perd cette bataille intra-parti face à son camarade Soumaïla Cissé. Cette expérience fut très douloureuse pour le parti du président Konaré. Après son exclusion de 2007, le fin tacticien parmi les barons historiques de l’Adéma réintègre le pari de l’Abeille mais, au congrès de 2008, se voit déclassé au poste de 5e vice-président qu’il occupe, d’octobre 2008 jusqu’à sa seconde exclusion, dit-on, pour travail fractionnel au sein de la Ruche.

Avec d’autres camarades dont de nombreux jeunes cadres à la tête bien faite, il crée « son » propre parti, l’Asma/Cfp qui est présentement membre de la Convention de la majorité présidentielle soutenant l’action d’IBK, le chef de l’Etat dont Soumeylou Boubèye Maïga est le plus proche collaborateur.

Dans cette posture, le journaliste le plus politique du pays ou « l’enfant terrible de la politique malienne” (étiquette récemment formulée par un con de nos confrères), se veut, depuis des mois, résolument engagé dans la voie de la reconduction du bail républicain du locataire de Koulouba au terme de l’élection présidentielle prévue en juillet août 2018.

  1. Gaoussou Drabo, ministre de la Communication et des Nouvelles technologies

Si l’on considère Soumeylou Boubèye Maïga comme le journaliste le plus engagé dans la politique dans notre pays, on est aussi tenté d’écrire que, ces quatre décennies déroulées, cet engagement a utilement bénéficié de l’appui-conseil professionnel de son aîné et unique chef de service (Amap), Gaoussou Drabo. Pour des connaisseurs de cette entreprise de presse étatique, le duo Gaoussou-Soumeylou (le premier à L’Essor, le second patron des renseignements puis ministre) a su entretenir et développer une « complicité énigmatique » inaltérable au point que certains observateurs trouvaient que les deux « se manipulent mutuellement » en connaissance de cause et selon les préoccupations du moment de l’un ou de l’autre.

Ce qui est moins mystérieux dans leurs relations, c’est que les deux journalistes-fonctionnaires très expérimentés ont en commun surtout la passion pour la politique. A la différence notable que le ministre Soumeylou Boubèye a toujours milité activement dans les appareils partisans tandis l’ancien ministre Drabo n’a jamais évolué dans le sérail politique.

Il a toutefois, de 1979 à 1991, apporté intelligemment son expertise à des initiatives du parti-Etat Udpm comme membre du comité d’experts de la Commission ad hoc chargée de l’élaboration de la Charte d’orientation nationale de la vie publique (1986-1988). Après le coup d’Etat militaire qui a mis fin à ce parti unique constitutionnel sous le président Moussa Traoré, Gaoussou Drabo est maintenu dans son fauteuil de DG de l’Amap. Parmi les innovations d’adaptation au pluralisme politique et médiatique de l’ancien « organe de l’Udpm », la création de nouvelles rubriques dont la plus célèbre est « L’Avenir politique au Mali ». Elle est animée par le patron de L’Essor lui-même qui y exprime des analyses sur l’actualité sociopolitique marquée à cette période à l’avènement de la IIIè République du Mali. C’est dans ce cadre que le Dg de l’Amap fut membre de la commission d’organisation de la Conférence nationale (juillet-août 1991) puis membre du comité de pilotage des élections générales de 1992.

De cette période (où il a aussi signé des critiques cinématographiques et littéraires) à nos jours, le frère aîné de Souleymane Drabo (lui aussi journaliste chevronné à la retraite) s’est imposé dans la presse politique, surtout qu’avec l’instauration du pluralisme politique l’on a découvert des talents cachés du Dg de l’Amap au-delà de ses qualités indéniables de journaliste sportif. En somme, Gaoussou Drabo est perçu dans l’opinion comme un « éditorialiste, très connu du grand public pour ses analyses politiques (…) », peut-on lire dans l’ouvrage de l’Amap sur le Cinquantenaire du pays,  « Notre Mali 1960-2010 ».

Fils du colonel Kélétigui Drabo (un des pionniers de l’Armée malienne), Gaoussou est né le 26 mai 1950 à Saigon (Vietnam où combattait son père dans les rangs des troupes françaises). Il est titulaire d’une maîtrise en journalisme obtenue en 1974 à la Faculté de journalisme de l’Université d’Etat Lomonossov de Moscou. Aussitôt retourné au pays, il exerce toute sa carrière de journaliste au quotidien national L’Essor où il a servi durant 28 années (septembre 1974-octobre 2002). Il y a gravi presque tous les échelons rédactionnels : stagiaire, reporter, rédacteur en chef du supplément culturel et sportif (1975-1977), rédacteur en chef de l’hebdomadaire sportif Podium (1977-1981), chef de la division des informations de l’Amap et rédacteur en chef de L’Essorde 1981 à 1989.

Devenu directeur général adjoint de l’Amap en 1989, il est promu directeur général, de juillet 1990 à octobre 2002. Mois à partir duquel il entre au gouvernement en devenant le premier homme de presse titulaire d’un diplôme universitaire en journalisme à occuper le poste de ministre en charge des médias au Mali : ministre de la Communication et des Nouvelles technologies de l’information (16 octobre-11 novembre 2002) puis ministre de la Communication et des Nouvelles technologies de l’information, porte-parole du gouvernement (11 novembre 2002-2 mai 2004) enfin ministre de la Communication et des Nouvelles technologies (2 mai 2004-3 octobre 2007).

Après cinq ans de fonctions ministérielles, il entre dans la diplomatie pour cinq autres années (juillet 2008-juillet 2013) en occupant le poste d’ambassadeur du Mali en Italie dont la juridiction couvre la Roumanie, la Grèce, la Serbie, la Bosnie-Herzégovine, l’Albanie, la Croatie, la Slovénie.

Rentré au bercail pendant la transition qui a suivi le renversement du président ATT, l’ancien ministre de la Communication de celui-ci reprend sa plume en ressuscitant sa chronique « L’Avenir politique au Mali ». Cette chronique avait disparu en 2009 suite au départ de Gaoussou Drabo à Rome. De la capitale italienne, il avait continué, pendant quelques mois, sa rubrique hebdomadaire en la signant « Kalifa », pseudonyme qu’il avait déjà utilisé pendant qu’il était aux affaires ministérielles. Après son retour d’Italie et son départ à la retraite, l’ancien journaliste-fonctionnaire poursuit, comme collaborateur extérieur à L’Essor, l’animation de ses chroniques politique et sportive « Au rebond ». La célèbre chronique politique des mardis dans L’Essor re-disparait en mi-2016 pour diverses raisons.

Deux années auparavant, l’ancien ambassadeur Drabo était dans le groupe d’experts mobilisés par l’Etat dans le cadre du processus de dialogue inter-maliens (négociations d’Alger) qui a abouti à l’Accord pour la paix et la réconciliation, signé à Bamako, en mai-juin 2015.  Au mois de septembre de la même, l’ancien ministre de la Communication est parmi les trois représentants désignés par le président IBK pour siéger à la Haute autorité de la communication (Hac) qui remplace le Conseil supérieur de la communication. Membre du bureau de ce nouvel organe de régulation médiatique, l’ancien ministre de la Communication y préside la commission des Relations publiques et de la Coopération internationale. Récemment, il a présidé la commission chargée de l’Appel à candidature pour l’attribution des fréquences TV privées. Au terme du processus en la matière, la Hac a retenu le dossier de 8 promoteurs concurrents.

Bien avant de siéger à la Hac, Gaoussou Drabo qui a blanchi sous le harnais du journalisme s’est volontiers mis au service de ses cadets des jeunes générations. De 1991 à nos jours, on ne compte plus le nombre de ses exposés sur les techniques rédactionnelles et surtout de ses communications présentées lors des sessions de formation de journalistes au Mali, en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso. Par ailleurs, passionné raisonnable de football, il a marqué un passage éphémère (1998-1999) Comité d’organisation de la Can (Cocan) Mali-2002, en démissionnant de la présidence de la Commission média de ladite structure.

Critique littéraire occasionnel, il est lui-même auteur d’un ouvrage (recueil de ses chroniques parues entre 1991 et 1995) ainsi que de plusieurs études (cf. liste de nos sources à la fin). Lauréat du diplôme d’honneur de Soroké d’or (novembre 2007). Parrain du 5è anniversaire de l’Organisation des jeunes reporters du Mali (Ojrm, avril 2008). Il nous revient (sous réserve de confirmation) que Gaoussou Drabo a, jusque-là, refusé courtoisement toutes les propositions de décorations honorifiques en dehors du microcosme médiatique et communicationnel. C’est « pour des raisons strictement personnelles », nous confie l’un de ses anciens plus proches collaborateurs de l’administration de L’Essor.

Ce « refus » peut étonner si l’on sait que d’autres Dg de l’Amap ont été distingués pour services rendus à la nation. Il s’agit de son aîné et prédécesseur Cheick Mouctary Diarra ainsi de ses cadets et successeurs Souleymane Drabo et Ousmane Maïga dit Pelé. N’empêche, ce « refus » ne saurait nous empêcher de rappeler que le colonel Kélétigui Drabo a été pendant 15 ans (1976-1991) le 2e Grand chancelier de l’Ordre national du Mali.

 

  1. Sidiki N’Fa Konaté, ministre de la Communication, Porte-parole du gouvernement

Celui qui a été ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement (avril 2011- avril 2012) est l’actuel Dg de l’Ortm. Il fut aussi un éphémère conseiller technique chargé de la presse auprès du Comité de transition pour le salut du peuple. Le Ctsp a été l’instance dirigeante (ayant une mission législative) du Mali après la chute du président Moussa Traoré. Présidée par le lieutenant-colonel ATT, cette instance suprême de la gestion des affaires publiques comprenait des militaires putschistes du Crn (Conseil de réconciliation nationale) et des représentants du Mouvement démocratique rassemblés au sein de la Coordination des associations et organisations politiques et syndicales qui ont combattu le parti unique en œuvrant pour l’instauration du pluralisme démocratique au Mali.

Dans les faits, la présidence du Ctsp fonctionnait comme la présidence de la République. Le chef de l’Etat était assisté dans ses tâches par de nombreux collaborateurs dont des conseillers techniques. Parmi lesquels Sidiki N’Fah Konaté qui a dirigé le bureau de communication présidentielle d’avril à septembre 1991.

Né le 2 janvier 1956 à Tousséguéla (cercle de Kolondiéba, région de Sikasso), il est détenteur notamment d’un doctorat de 3e cycle en Sciences et Techniques de l’information et de la communication, obtenu à l’Université de Nice (France) en soutenant en avril 1983 une thèse sur « Les mutations communicationnelles au Mali : le cas de la presse et de la radio ».

Journaliste fonctionnaire, Sidiki N’Fah Konaté a gravi tous les échelons au sein de l’audiovisuel public. De 1987 à 1991, il fut reporter, présentateur de journaux parlé et télévisé ainsi que chef du service reportage à la Radiodiffusion télévision du Mali (RTM). Ensuite, il a été animateur de débats politiques et de société entre 1993 et 2002 sur le plateau de l’Office de radiodiffusion télévision du Mali (Ortm). Entre-temps, il en est devenu directeur général adjoint (Ortm, 1993-1997) puis Dg de 1997 à 2011. Depuis avril 2016, il est Dg du nouvel Office radio-télévision du Mali. Avant de revenir à Bozola, il officiait comme conseiller à la communication du président de l’Assemblée nationale (2014-2016).

Il y a moins de 30 ans, Sidiki N’Fah Konaté a été correspondant de presse du ministère des Affaires étrangères (1989-1991) puis conseiller technique chargé de l’audiovisuel au ministère de la Communication, chargé de la libéralisation des ondes, de la création des radios privées et de la restructuration de la Radio TV d’Etat en Radio TV de service public (1991-1993). Rapporteur général des 1res journées nationales de l’information et de la communication du Mali (décembre 1991), il a été aussi rapporteur général du Séminaire national sur la définition de la politique nationale de communication pour le développement (1993).

Il a assuré la présidence de la Commission médias des grandes conférences internationales organisées au Mali (2000-2011). En mars 2015, il a présidé les travaux de l’Atelier national sur la stratégie gouvernementale au Mali. Depuis Juin 2007, Sidiki N’Fah Konaté est le président du Réseau de l’audiovisuel de l’Afrique francophone (Rapaf). Au plan politique, il milite au Rpm (le parti présidentiel) dont il est le secrétaire à la communication de la section de Kolondiéba et fait partie des cadres influents de la Coordination régionale de Sikasso.

  1. Sadio Lamine Sow, ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale

Né le 9 août 1952 à Kayes. Il obtient en France une licence en lettres modernes (Université de Paris X Nanterre et un certificat en études politiques (Centre national des arts et métiers). Après avoir collaboré avec notamment Afrique-Asie, il crée La Lettre d’Afrique avant de rejoindre le groupe de jeunes officiers voltaïques (sous la houlette du duo des capitaines Thomas Sankara-Blaise Compaoré qui venaient de déclencher une « Révolution » dans leur pays le 4 août 1983.

Une année après, la Haute-Volta devient le Burkina Faso. La campagne promotionnelle de cette Révolution, surtout dans la presse internationale, est assurée par des journalistes africains dont les Maliens Sadio Lamine Sow et Mohamed Maïga, un autre ancien collaborateur de Jeune Afrique puis d’Afrique-Asie. M. Maïga y décédera d’ailleurs en décembre 1987, dans des conditions troubles, deux mois seulement après l’assassinat de Sankara, le 15 octobre 1987 au nom de la « rectification de la Révolution », défendue par son ami Compaoré.

De cette époque jusqu’en avril 2012, Sadio Lamine Sow sert au palais de Kossiam où il occupe le poste stratégique de conseiller chargé de la Communication et des Relations publiques avant d’être propulsé conseiller spécial du président Compaoré qui le charge des missions dites « difficiles ». C’est de là qu’il retourne au Mali, après la chute du président ATT, avec sa promotion au poste de ministre d’Etat (le seul et l’unique) chargé des Affaires étrangères dans le gouvernement formé le 24 avril 2012 sous la conduite du Premier ministre, le Dr. Cheick Modibo Diarra.

Mais à la surprise générale de nombre d’observateurs, le ministre d’Etat au bout de quatre petits mois n’est pas reconduit dans le 2è gouvernement dit d’« Union nationale » mis en place le 20 août 2012. Dès le lendemain, le Premier ministre Cheick Modibo Diarra ramène auprès de lui Sadio Lamine Sow, en le nommant conseiller spécial avec rang de ministre, chargé des Relations internationales.

Quatre mois après encore, le Dr. Cheick Modibo Diarra est contraint manu militari à la démission, dans la nuit du 10 au décembre 2012, par le capitaine Amadou Sanogo et ses compagnons d’armes putschistes. Neuf jours plus tard, le conseiller spécial Sadio Lamine Sow remet sa lettre de démission au nouveau chef du gouvernement Diango Cissoko. A celui-ci, le démissionnaire y avance comme motivations de son départ  « (…) Vous avez souvenance de la campagne politique, violente, insensée contre ma nomination comme conseiller spécial avec rang de ministre auprès du Premier ministre. Cette décision correspondait sans doute à une nécessité du moment. (…) Ma présence à vos côtés ne devra pas servir d’excuse à des carences et à des manquements à nos devoirs sacrés, dont le plus immédiat est la libération de nos régions occupées et livrées à la servitude de la rébellion et du terrorisme. (…) Ma relation connue, publique, confiante avec de nombreux dirigeants africains doit être considérée comme un atout et non comme un handicap. Hélas, il me revient, et vous le savez, qu’une controverse alimente mon rôle dans cette phase particulière de notre histoire. Elle n’honore ni notre pays, ni les auteurs de cette polémique. C’est pourquoi, aujourd’hui, j’ai décidé en toute conscience de vous remettre ma démission que je vous prie de bien vouloir l’accepter. Veuillez considérer qu’elle est la réponse patriotique d’un citoyen qui doit tout à son Mali natal».

Après ses charges ministérielles, Sadio Lamine Sow s’adonne au suivi de ses fermes agricoles et surtout à l’exécution des contrats de consultant pour des chefs d’Etat et certains gouvernements africains ainsi que pour des institutions internationales.

Récemment, depuis fin novembre 2017, la presse française fait cas d’une lutte d’influence pour le contrôle de la Grande loge nationale des francs-maçons maliens de la présidence de laquelle Sadio Lamine Sow serait détrôné par un certain Ibrahim Kéita.

  1. Hamadoun Touré « Bill », ministre de la Communication et de la Poste, porte-parole du gouvernement

Né le 16 février 1952 à Mopti, il est un autre journaliste malien de la diaspora à faire un éphémère passage dans le gouvernement. Condisciple des Saouti Haïdara, feu MLD et Diaroukou Sangho, il obtient avec ceux-ci le Diplômé supérieur de journalisme du Cesti de Dakar (option presse écrite, 1976). Début de carrière au service international du journal Le Soleil (quotidien gouvernemental sénégalais) où il a été successivement journaliste stagiaire, reporter, Grand Reporter et chef de service en animant plusieurs chroniques : « Temps Fort », « Perspectives internationales », « Tribune internationale », « Tel quel »  (de novembre 1976 à février 1987). En quittant le quotidien national sénégalais, il cède son poste à un de ses compatriotes cadets : Seydou Sissouma qu’il avait encadré comme étudiant au même Cesti avant de guider ses premiers pas professionnels au sein de la rédaction de Le Soleil. Après une dizaine d’années passées dans ce journal, Hamadoun Touré devient journaliste à l’Agence panafricaine d’information (Pana, de février 1987 à mai 1998). Au cours de ses onze années à la Pana (siège central à Dakar), il a assuré l’intérim du rédacteur en chef, travaillé comme éditeur/superviseur au desk français après avoir servi comme chef du bureau de la Pana à Addis-Abeba, Ethiopie (février 1987-octobre 1990).

Porte-parole de la Mission d’observation des Nations unies en Angola (Monua, juillet 1998-février 2000). Porte-parole de la Mission de l’Organisation des Nations unies en République démocratique du Congo (Monuc, février 2000-août 2004). Porte-parole du Bureau des Nations unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (Unogbis, août-novembre 2004). Porte-parole de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (novembre 2004-avril 2012). C’est de ce poste de l’Onuci qu’il est appelé, après le coup d’Etat du 22 mars 2012, pour devenir ministre de la Communication et de la Poste, porte-parole du gouvernement formé le 24 avril 2012).

Cependant, tout comme le ministre d’Etat Sadio Lamine Sow, après seulement quatre mois de fonctions, Hamadoun Touré est immédiatement nommé conseil spécial chargé de la communication avec rang de ministre dans le Cabinet du Premier ministre Cheick Modibo Diarra. Celui-ci est contraint et forcé à rendre le tablier quand il fut amené manu militari à Kati par des éléments à la solde du capitaine Amadou Haya Sanogo. Dans la foulée, l’ex-ministre Hamadoun Touré perd son fauteuil de conseiller spécial à la Primature. Il y retourne sous une autre forme en 2014-2015, sollicité comme consultant auprès du Premier ministre Moussa Mara. Depuis le limogeage de ce 2è chef du gouvernement du président IBK, Bill évolue dans les activités de consultation.

  1. Manga Dembélé, ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement

Il est 4è journaliste professionnel (après G. Drabo, Sidiki N’Fa Konaté et Hamadoun Bill Touré) et le second de l’audiovisuel (après le même S. N. Konaté) à occuper le fauteuil du département de la Communication. Né vers 1958 à Koniakary (cercle de Bafoulabé), il est titulaire d’une maîtrise en psychopédagogie obtenue en 1986 à  l’EN Sup de Bamako et  du Diplôme supérieur de journalisme (option audiovisuel) obtenu du Cesti de Dakar (promotion 1989). Des années passées, il renforce ses capacités en participant à des sessions de formation continue dont un stage de la production à caractère journalistique et documentaire à l’INA de Paris, un autre de perfectionnement du journaliste télévisé et un cycle de formation en journalisme électronique à Ouagadougou.

Il débute sa carrière dans la presse écrite privée : reporter à Cauris-Hebdo (1991) puis rédacteur en chef de Le Miroir (1992). A la fermeture de ce dernier organe, Manga Dembélé se trouve dans l’audiovisuel public : l’Office de radio-télévision du Mali (Ortm) qu’il intègre en 1993 comme reporter jusqu’en 1995. Il y devient ensuite chef des informations puis rédacteur en chef du journal télévisé (1998-2003) ensuite directeur de la télévision nationale (2003-2011).

Il est par la suite promu conseiller en communication à l’ambassade du Mali en France (2011-2012). C’est de son poste qu’il est promu ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement. Formée le 15 décembre 2012, cette équipe ministérielle est dirigée par le Premier ministre Diango Cissoko qui a remplacé, quatre jours auparavant, le Dr. Cheick Modibo Diarra contraint et forcé physiquement à la démission par les militaires auteurs du coup d’Etat de mars 2012. Manga, comme on l’appelle familièrement, reste aux affaires jusqu’à la mise en place, le 8 septembre 2013, du 1er gouvernement du nouveau président IBK sous la houlette du Premier ministre Oumar Tatam Ly. Deux ans plus tard, le dernier ministre porte-parole du gouvernement de la transition présidée par le Pr. Dioncounda Traoré est nommé directeur du Centre d’information gouvernementale du Mali (Cigma, un nouveau service du genre, rattaché à la Primature). Il est chargé principalement de coordonner les activités de l’information de l’ensemble des structures de la communication de l’Etat. Manga le dirige du 31 mars 2016 au 8 août 2017. Depuis, il se retrouve en « chômage technique » en assurant de temps en temps la direction et l’animation de séminaires et autres ateliers de formation de journalistes. Au plan associatif, Manga Dembélé fut aussi membre fondateur du Réseau des journalistes économiques du Mali (Rjem) et du Club perspectives et développement (Cpd), un cénacle créé en 2005 par des cadres proches du président ATT.

 10 Mahamadou Camara, ministre de l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication

Second journaliste professionnel non fonctionnaire (après Hamadoun Bill Touré) à diriger le département en charge des médias, il se trouvait au moment de sa promotion dans le premier cercle restreint du président IBK en sa qualité d’assistant-conseiller puis directeur de cabinet à Koulouba dès les débuts du mandat présidentiel le 4 septembre 2013.

Deux années auparavant, Mahamadou Camara avait entamé son expérience politique aux côtés de l’opposant IBK, président alors du Rassemblement pour le Mali (Rpm), en occupant quasi-discrètement les postes d’assistant, conseiller puis directeur de Cabinet. De la présidence de la République, il intègre le 2ème gouvernement de son mentor politique en se voyant promu, le 12 avril 2014, au poste de ministre de l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication dans l’équipe formée sous la responsabilité du Premier ministre Moussa Mara.

Moins d’un an après, les deux vont quitter le gouvernement mais pour des raisons différentes. Le PM est limogé pour faire place à Modibo Kéita (alors Haut-représentant du chef de l’Etat dans les pourparlers inter-maliens pour le retour de la paix au nord) en vue de lui permettre de parachever les négociations d’Alger devant aboutir à la signature d’un Accord pour la paix et la réconciliation. Quant au ministre Camara, selon de nombreux observateurs, il est débarqué (avec d’autres collègues) de l’attelage gouvernemental, le 10 janvier 2015, suite à de fortes suspicions le plaçant parmi les personnalités impliquées dans le scandale politico-financier relatif à l’achat des armements et des équipements militaires.

Novice en politique et peu expérimenté en gestion des affaires de l’Etat, Mahamadou Camara (né le 18 août 1977 en France), est pour autant un talentueux professionnel des médias et de la communication. Son parcours débute dans la capitale française, il y a bientôt 16 ans. Muni du Bac technique en série économique et sociale, il décroche un Dess en gestion et commerce international en 2000 à La Sorbonne puis un Master en entreprenariat obtenu à l’Ecole des hautes études commerciales de Paris (2001), il atterrit « par hasard » dans le microcosme de la communication médiatique. En effet, de 2001 à 2003, il occupe le poste de secrétaire général de Computec Média France, éditeur de magazines de jeux vidéo. Par la suite, Mahamadou Camara intègre le Groupe Coprosa (éditeur des publications comme Journal de l’AutomobileNouvel Economiste).

En 2003, Mahamadou Camara commence son expérience au sein du Groupe Jeune Afrique où il est notamment éditeur délégué de Jeune Afrique à travers les rubriques Eco-finance et Guides Eco-finance plus et Hors-série puis directeur adjoint de la publication Eco-finance et éditeur délégué de « The Africa Report », mensuel en version anglaise du magazine panafricain. Dans le souci de s’approcher de ses origines du village de Dangassa, dans le Mandé près de Siby, il met un pied au Mali. Faisant la navette entre Paris et Bamako, il fonde en 2009 le journal en ligne « journaldumali.com », dont il est le directeur de la publication jusqu’à nos jours. Il fut co-fondateur et directeur général des « Editions Princes du Sahel » qui édite « Les Guides des affaires au Mali » en partenariat avec l’Uémoa. Puis il devient patron d’Impact Média Conseil (agence de communication) et MIP-Mali (régie d’affichage public). Entre-temps de 2007 à 2011, il joue le rôle de présentateur d’Afrique Economie, une émission télévisée bimensuelle diffusée en Afrique francophone.

Rentré au bercail en 2011, il se voit confier les tâches de consultant pour le groupe Jeune Afrique au Mali. La même année 2011, le voilà aux côtés du leader du Rpm (parti d’opposition d’alors) dont il manage le volet international de la communication politique, ciblant notamment les communautés franco-européennes. Depuis, il fait partie des « Hommes du président IBK ». Dès son départ du gouvernement en janvier 2015, l’ex-ministre Camara est retourné dans le privé où il a repris la direction de son entreprise de communication « Impact Média Presse », qui édite le journaldupoint.com (avec une version papier l’hebdomadaire gratuit Journal du Mali) et qui est aussi dotée d’une agence de publicité.

  1. Toumani Djimé Diallo, secrétaire général de la présidence de la République avec rang de ministre

Fils de Djimé Diallo, l’un des premiers inspecteurs d’enseignement au Soudan français, Toumani est né en 1945 à Koulikoro. Condisciple d’Ibrahim Boubacar Kéita (le futur IBK) au lycée Askia Mohamed au début des années 1960, lui et son camarade se sont côtoyés fréquemment pendant leurs années estudiantines en France bien qu’ils se trouvèrent dans différentes filières de formation. Ibrim dans les lettres, Toumani dans les sciences. Chacun évoluant dans sa branche, Toumani Djimé obtient en 1968 le Diplôme universitaire d’études scientifiques (option biologie végétale) à la Faculté de sciences de Rangueil-Toulouse. Dans le même établissement, il détient une attestation d’études approfondies (AEA) en phytotechnie, avant de décrocher le diplôme d’ingénieur agronome à l’Ecole nationale agronomique de Toulouse (Ensat) en 1972. La même école lui délivrera après un certificat d’aptitude à l’administration des entreprises.

Tout comme son camarade IBK, Toumani Djimé ne rentre pas immédiatement après ses études supérieures. Il débute sa carrière professionnelle comme Professeur de phytotechnie et d’économie rurale successivement aux lycées agricoles de Chartres (Beauce/France) puis de Sées (Normandie/France), classes de terminales. Cette expérience d’enseignant dure de 1973 à 1977.

Le fils de Djimé met ensuite le cap sur le pays de Félix Houphouët-Boigny où il fut notamment directeur de plantations d’ananas en Côte d’Ivoire, d’abord dans une société d’Etat, la Sodefel à Divo (3000 tonnes export), puis dans une société privée, la Safco (20 000 tonnes export et 150 000 tonnes industrie (jus et tranches Cotivana). Ce séjour ivoirien s’étale sur sept années (1985-1992) entrecoupées régulièrement de multiples voyages au Mali pour animer d’un Groupement d’exportation de mangues sur l’Europe à partir de Sikasso et Koutiala.

A la même période, il commence à s’installer au pays natal. Fin 1990, dans la fièvre des débats sur le renouveau démocratique dans les pays d’Afrique noire subsaharienne, Toumani Djimé écrit ses réflexions et politiques sur les questions d’actualité dominée par la crise du Golfe et surtout de l’instauration de la démocratie pluraliste au Mali. Il produit ainsi un essai « Gérer la transition démocratique » qui, selon des observateurs, devrait être versé comme contribution au fameux congrès de l’Udpm auquel tenait tant le président Moussa Traoré pour décider éventuellement l’ouverture politique fortement exigée par le Mouvement démocratique très engagé pour la fin de l’ère du parti unique dans notre pays.

Les événements tragiques de janvier-mars 1991 vont bouleverser totalement le cours de l’Histoire. Et le régime Udpm fut balayé par une insurrection populaire parachevée par un coup d’Etat militaire, le 26 mars 1991. L’ouvrage de Toumani Djimé n’aura pas l’audience espéré par son auteur. Il ne sera pas diffusé pour le commun des Maliens. Seuls quelques initiés de la chose politicienne le liront.

L’accueil hostile manifesté notamment par des barons du Mouvement démocratique pousse Toumani Djimé à la défensive, à répondre coup après coup. Il finira par sauter le pas dans le journalisme. D’abord collaborateur de La Roue du doyen Boubacar Kéita (journaliste intransigeant et iconoclaste s’il en fut), Toumani Djimé Diallo (T2D) lance finalement en août 1991 son propre journal de combat La Nation doublé en 1992 par un hebdo à vocation d’informations générales Le Démocrate.

Les deux journaux vont coexister avec quasiment la même tonalité caustique brocardant la gestion des nouvelles autorités issues des premières élections démocratiques de la IIIè République. Aucun cadeau n’est fait au président Alpha Oumar Konaré et ses camarades du parti majoritaire. Parmi lesquels camarades, se trouve un certain IBK, ancien condisciple de Toumani Djimé. Ce dernier va porter sa plume dans le vitriol contre ce 3è Premier ministre du président Konaré. Au nom de la stabilité à instaurer coûte que coûte après la démission de ses deux prédécesseurs (Younoussi Touré et Me Abdoulaye Sékou Sow), tous deux poussés à la démission par les mouvements de la rue particulièrement occupée par des élèves et étudiants toujours en mode insurrectionnel, IBK porte des gants de fer.

Il fait siennes des méthodes brutes et abruptes pour « mettre fin à la chienlit ». Les mesures de répressions sans ménagement appliquées par IBK sont si fortes qu’elles feront écrire à Toumani Djimé Diallo des diatribes allant jusqu’à comparer, tant dans les traits physiques que dans les actions et les manœuvres liberticides, son ami d’adolescence au colonel Tiécoro Bagayoko, le tout-puissant patron des services de sécurité du Cmln (1968-1978).

Les amis inséparables des années 1960 sont devenus des adversaires irréductibles des années 1990. Mais, sur « médiation » des proches communs, Toumani Djimé se ramollit progressivement et va bénéficier des marchés de consultations à lui attribués par des structures étatiques dont le ministère des Forces armées et la Mission de décentralisation en 1996. Les journaux La Nation et Le Démocrate deviennent de plus en plus rares dans les kiosques et vont cesser leur parution en août 1998 quand leur promoteur est promu chargé de mission auprès du Premier ministre IBK.

En rejoignant ce camarade d’antan, Toumani Djimé tente d’insuffler un sang neuf à la communication primatoriale avec la mise en place d’une cellule appropriée. Fortement contesté par des partis d’opposition qui réclament radicalement sa tête pour sa responsabilité dans la très mauvaise tenue des législatives d’avril 1997, IBK s’appuie sur Toumani Djimé pour allumer des contrefeux dans les médias. Même combat d’arrière-garde pour les deux contre le président Konaré qui s’est décidé de se séparer de son Premier ministre de six années de longévité.

Cette bataille homérique au sommet de l’Etat de presque six mois d’affrontements par médias interposés tourne à l’avantage du chef de l’Etat. Entre février et octobre 2000, IBK perd et la Primature (qu’il dirigeait depuis février 1994) et le parti (Adéma qu’il présidait depuis septembre 1994). Quand bien même Toumani Djimé restera avec lui dans sa mésaventure politique jusqu’à la création en juin 2001 du parti Rpm dont l’ancien journaliste deviendra le secrétaire général de la section VI de Bamako.

S’occupant (entre février 2000 et septembre 2002) des affaires de son imprimerie et de sa maison d’édition (Mundekera), le promoteur des journaux La Nation et Le Démocrate se montre visiblement perturbé par les chausse-trappes du militantisme partisan. Il quitte alors les instances du parti du Tisserand tout en demeurant aux côtés de l’ex-Premier ministre. Lorsque ce dernier est élu député puis président de l’Assemblée, Toumani Djimé devient son conseiller spécial (septembre 2002-février 2007).

Il est ensuite nommé son directeur de Cabinet reconduit même par le Pr. Dioncounda Traoré (Adéma/Pasj) devenu le chef du Parlement en septembre 2007. Trois années après (novembre 2010), le président ATT le nomme ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Mali au Royaume du Maroc. De Rabat, il a courageusement condamné le coup d’Etat militaire qui a renversé le président ATT, le 22 mars 2012.

Toumani Djimé Diallo reste à ce poste jusqu’en septembre 2013. Période à laquelle, élu président de la République, son ami IBK l’appelle pour occuper le poste de secrétaire général de la présidence avec rang de ministre puis directeur de Cabinet présidentiel d’avril 2014 au 3 juillet 2015. Par la suite, sur décision du conseil des ministres de ce 3 juillet, il retourne dans la diplomatie avec sa nomination au poste d’ambassadeur du Mali en Allemagne avec résidence à Berlin. Il y est toujours.

La Rédaction

Sous le Président Modibo Kéïta (Avril 1959-Novembre 1968)

1-Dr Mamadou El Bechir Gologo, Haut-commissaire à l’Information puis ministre de l’Information (xx mai 1959 – 19 novembre 1968)

Sous le Président Moussa Traoré (Novembre 1968-Mars 1991)

2-Bandiougou Bidia Doucouré Ministre de Tutelle des Sociétés et Entreprises d’Etat (6 juillet 1982 – 31 décembre1984)

3-Zéïny Moulaye, Ministre des Transports et du Tourisme (8 juin 1989 -26 mars 1991)

Sous le Chef de l’Etat ATT (Mars 1991- Juin 1992) : Néant

Sous le Président Alpha Oumar Konaré ( Juin 1992-Juin 2002)

4-Soumeylou Boubèye Maïga (21 février 2000 – 8 juin 2002)

Sous le Président ATT (Juin 2002 – Mars 2012)

5-Gaoussou Drabo ( 16 octobre 2002 – 3 Octobre 2007)

-(Bis) Soumeylou Boubèye Maïga (6 avril 2011 – 22 mars 2017)

6-Sidiki N’Fa Konaté (6 avril 2011 – 22 mars 2012)

Sous le Président Dioncounda Traoré (Avril 2012-Septembre 2013)

7-Sadio Lamine Sow (24 avril – 20 août 2012)

8-Hamadoun Bilal Touré (24 avril – 20 août 2012)

9-Manga Dembélé (15 décembre 2012 – 8 septembre 2013)

Sous le Président IBK (Depuis Septembre 2013)

-(Ter) Soumeylou B Maïga (8 septembre 2013 – 27 mai 2014)

10-Toumani Djimé Diallo, Secrétaire Général (puis Directeur de Cabinet) de la Présidence de la République avec rang de ministre (9 septembre 2013 – 3 juillet 2015).

11-Mahamadou Camara (12 avril 2014 – 10 janvier 2015)

-(Quarto) Soumeylou Boubèye Maïga, Secrétaire Général de la Présidence de la République avec rang de ministre, (en poste depuis le 30 août 2016)

 

Nos sources :

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-Centre Djoliba et Conseil supérieur de la Communication : ” Médias et hommes politiques : Regards croisés “, Actes du Séminaire organisé du 15 au 19 octobre 2001, Fondation Konrad Adenauer, Bamako, 2002 ; 208p.

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Presse-Gouvernement Mali 1957 à 2017 Focus 11 journalistes devenus ministres

Source: Aujourd’hui-Mali

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