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Yaya Sangare au sujet de la candidature de l’Adema à la presidentielle «Je peux me permettre d’affirmer qu’il n’y a aucun doute, Dioncounda ne sera pas candidat »

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« Personne ne m’entraînera derrière une candidature fantaisiste ou fondée sur la seule haine… »

Au regard de la confusion qui règne à l’Adema au sujet du choix d’un candidat à la présidentielle, nous avons obtenu une interview exclusive de l’Honorable Yaya Sangaré, élu Adema à Yanfolila. Dans cette entrevue,  il déballe les non dit et le malaise qui ronge son parti aussi bien que la CMP.

La Preuve : Comment le parti Adema se sent-il au sein de la Convention des partis politiques de la majorité présidentielle ?

Honorable Yaya Sangaré : Le parti Adema-PASJ se sent dans la CMP comme la CMP elle-même se sent sur la scène politique. C’est-à-dire sans boussole, sans baromètre. Un regroupement hétéroclite de partis politiques et d’associations qui n’arrive pas à s’accorder sur sa raison d’être. Il est vrai que la cohabitation n’a pas souvent été facile et la fréquentation a été très souvent difficile entre certaines formations politiques de premier plan au sein de la majorité. Je crois que le départ de la CMP a été mal emmanché, ce qui a impacté négativement sur son fonctionnement et ses activités. Pourquoi ? Il faut chercher les raisons parmi ceux-là qui ne savaient pas comment faire fonctionner un tel regroupement politique ou qui ne voulaient pas que ça fonctionne. Nos militants et nos cadres ont payé le prix fort de cette confusion au sommet qui s’est parfois muée en antagonisme entre partis politiques.

Il y a eu de difficultés, des insatisfactions et des frustrations compréhensibles qu’on ne peut pas taire par la faute de la CMP. Des manquements graves dont la responsabilité peut être partagée. La CMP, à cause de sa composition, de son mode opératoire, de sa présidence a manqué de visibilité et de lisibilité dans ses activités. Ce qui a démotivé beaucoup de ses composantes dont mon parti. Parce que la CMP a manqué de mordant, l’opposition a pris des galons et a pu rassemblé autour d’elle tous les déçus et les désespérés de la République, même si elle n’a pas su ou pu exploité cette morosité de la CMP. Ce qui explique la distance que beaucoup de composantes observent vis-à-vis de la CMP, qui est restée, il faut l’avouer, une coquille vide.

Je constate, en cette veille de campagne pour la présidentielle que la lutte de positionnement semble ouverte entre certaines formations politiques de la majorité qui croient en leur étoile. Ces partis constituant la sève de la CMP ont actuellement du mal à accorder leurs violons au sujet de la candidature unique consensuelle de la majorité pour poursuivre l’œuvre entamée par IBK ou à aider celui-ci à se succéder à lui-même. Ainsi, chaque parti est en train de manœuvrer pour positionner son candidat lors de cette joute électorale susceptible de plein de rebondissements vertigineux. Aujourd’hui, une grande suspicion est née entre les principaux alliés de la CMP et qui ne facilite pas la coordination de leurs activités ni leur dynamisme dans la riposte aux accusations souvent très mal fondées de l’opposition politique et des adversaires du Président IBK. 2018 a démarré déjà avec de vives tensions au sein de la CMP, un regroupement politique qui peine à être un ensemble cohérent, solide et soudé. Ce qui ne ferait nullement l’affaire d’aucun des partis composant ce regroupement. Car le microcosme politique malien démontre à souhait qu’aucun parti politique ne peut gagner à lui seul des élections. L’opposition est donc aux aguets pour tirer partie de cette dissension. Alors, sachons raison garder. Tout compte fait, je suis pour une CMP consolidée, plus communicative, socle de la démocratie et de la stabilité dans le pays.

Comment le parti a apprécié la démarche du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga qui a demandé à chaque parti de la CMP de clarifier sa position au sujet de la présidentielle de 2018 ?

Homme de grand talent, le Premier ministre a les qualités requises pour rassembler les Maliens, au-delà des seuls partis politiques afin de faire face aux priorités du pays, mais surtout à réunir toutes les conditions pour permettre la réélection de celui par la grâce de qui il est aujourd’hui à ce poste tant convoité. C’est ce à quoi il s’attèle avec des annonces politiques fortes. Il faut donc positiver son message qui est hautement politique. Et il est dans son rôle, surtout de chef de la majorité de fait, qui veut compter ceux sur qui il peut se fonder pour réaliser ses objectifs politiques. Quand on veut aller à ce genre de combat, il faut s’assurer que tous les guerriers ont la même volonté et la même détermination de vaincre et de gagner. Cette impression ne doit souffrir d’aucun doute.

Je ne pense pas que notre parti ait une appréciation particulière par rapport à une telle déclaration du premier ministre d’autant plus que l’Adema-Pasj a inscrit ses activités dans le cadre de l’accompagnement du Président IBK. L’appel à la clarification du PM est nécessaire, de mon point de vue, à cette étape décisive où les amis doivent commencer à se compter pour affronter la grande explication de la présidentielle qui est déjà annoncée pour le mois de juillet. Il est temps que chacun s’assume et évite de lorgner de gauche et à droite sans savoir quelle direction précise prendre. J’approuve personnellement cette mise au point de Soumeylou Boubèye qui affiche sans ambiguïté pourquoi il a été nommé à ce poste stratégique à la fin du premier quinquennat d’IBK. C’est un courage politique à saluer et en encourager. Il faut arrêter le ni…ni. Il montre à la face du monde, surtout à ses alliés du moment, qu’il sait ce qu’il veut. Il a le courage de le dire ; et il lui reste maintenant à avoir le courage de le traduire en acte. C’est en tout cas une prise de position, en tant que chef de gouvernement qui peut être sur-interprétée, avec ses conséquences politiques. Il lui appartient de se donner les moyens pour les contenir, car il a besoin de tous pour aller à cette élection présidentielle et la gagner ; il y va de son avenir politique. Il est inconcevable d’accepter de diriger un gouvernement composé de cadres politiques de haut niveau qui ne partagent vos objectifs politiques. Il serait aussi inélégant et immoral pour des ministres de continuer à siéger dans un gouvernement qui est dédié à accompagner le Président sortant pour sa réélection de se démettre. A des circonstances difficiles doivent correspondre des personnalités exceptionnelles. Et je crois que Soumeylou est en train de démontrer jour après jour ses capacités d’homme d’état ferme. Je sais que ses propos vont lui valoir beaucoup d’inimitiés, même dans le camp de ceux qu’il est censé défendre, mais tel que je le connais, il est aussi capable d’absorber les chocs et d’assumer ses décisions sans craindre l’affrontement. C’est un vrai appel aux partis de la CMP pour plus de cohésion et de loyauté dans leurs actions. Le message sera-t-il entendu ? Attendons de voir. Je trouve regrettable que la CMP, ce beau cadeau du destin, qui devrait reconstruire et fortifier le Mali post-crise autour d’IBK, ne soit pas parvenu à être adéquat à son concept fondateur, à honorer l’élan initial qui l’a porté au jour, et que les partis politiques qui le composent ne soient plus capables de regarder dans la même direction. Tout se passe comme si l’on avait oublié les raisons profondes qui ont prévalu à sa création ! Faut-il que la perspective des élections de 2018 nous conduise à oublier tout ce que nous avons vécu ensemble et à un moment où le Mali naviguait sans ancre ni compas ?

Au moment où, avec l’appui de la communauté internationale, notre pays est entrain de retrouver la sève subtile qui le fécondait dans sa marche pour l’émergence, pour la paix, les partis politiques de la majorité, qui ont surtout accepter de siéger dans le gouvernement se doivent de se rappeler que les raisons de les unir demeurent toujours plus fortes que celles de se diviser et de se séparer, et qu’il convient qu’ils se rassemblent autour de l’essentiel afin de consolider les acquis engrangés, minimes soient-ils.

Peut-on affirmer que le plan B proposé par le parti qui consistait à soutenir un candidat d’une grande coalition de formations politiques n’est plus d’actualité ?

Je ne vous apprends rien en répétant qu’en politique le non-dit à plus de sens que ce qui est étalé sur la place publique. C’est le b-a.ba que les professeurs en sciences politiques enseignent à leurs étudiants pour écrire un commentaire. Le plan B est plus que d’actualité, si les conditions politiques sont réunies pour ce faire. L’Adema-PASJ a besoin d’un peu plus de considération et il ne peut et ne doit pas être traité comme n’importe quel parti de la place. Il doit être associé à certains choix politiques majeurs du pays, au-delà des affinités, mais en tant qu’entité politique stratégique. Il ressort des différents échanges au sommet du parti comme à la base qu’il y’a aujourd’hui une exigence unanime d’aboutir au choix d’un candidat consensuel qui rassemble au sein du parti et au-delà. Car, il est évident qu’aucune formation politique, fut-elle de la stature de l’Adema-PASJ, à elle seule, ne peut gagner la présidentielle de 2018. C’est donc une forte coalition de forces politiques et sociales avec une nouvelle offre politique qui prenne en compte le contexte actuel du pays, un pays profondément affecté par une crise multidimensionnelle, composé d’une jeunesse de plus en plus exigeante, qui est capable d’assurer une victoire certaine à la présidentielle de cette année. Et nous constatons malheureusement, à quelques cinq petits mois de cette échéance, qu’aucun candidat potentiel ou annoncé n’est capable de faire le consensus autour de lui au sein du parti, encore moins de se faire accepter par les autres forces politiques et sociales du pays. Alors, à l’évidence, toutes les options restent sur la table. Je sais que vous avez appris des initiatives sollicitant la candidature du Pr. Dioncounda TRAORE, ancien Président de la République par intérim sous la transition, ancien Président du parti Adema-PASJ, ancien Président de l’Assemblée nationale. Ces initiatives sous forme de pétitions ont circulé et circulent encore à Bamako et à l’intérieur du pays. Dès le départ, il faut signaler que le Pr. Dioncounda a tenu à se démarquer de ces initiatives, parce qu’elles jurent, j’imagine,  avec les textes du parti et aussi en raison du fait qu’elles proviennent de certaines personnes très bien connues de Dioncounda lui-même. Je voulais aussi ajouter qu’il a tenu à préciser à chaque sollicitation qu’il n’est et ne sera candidat en rien. Pour mettre fin à toute récupération politique de son nom, il a même chargé le Président du parti d’informer solennellement le Comité exécutif de son refus catégorique et définitif. Malgré tout, le septuagénaire Dioncounda continue encore de recevoir de très nombreux témoignages lui demandant de se positionner toujours pour 2018. Seulement, après toute réflexion, sans vouloir frustrer ses nombreux admirateurs, je peux me permettre d’affirmer qu’il n’y a aucun doute, Dioncounda ne se présentera pas à l’élection présidentielle de 2018. Ce qui complique la donne au sein du parti, car il est presque le seul à obtenir un semblant de consensus. Dioncounda pourra toujours intervenir dans le débat, car il deviendra incontournable pour la décision finale du parti. Dioncounda n’acceptera pas d’être l’instrument de règlement de comptes à personne, pour avoir subi tout ce qu’on sait d’humiliant de la part de ceux qui le réclament aujourd’hui.

La mise en œuvre du plan B dépendra alors de l’offre politique et électorale des parties. Je pense qu’il faut très rapidement créer un cadre de concertations et de propositions qui puisse toutes les parties prenantes et convenir du gain de chacune. C’est celui qui a le plus besoin de ce plan B qui doit l’activer. C’est en cela qu’il pourra remplir de candidat consensuel et rassembleur autour duquel les intelligences pourront se fédérer.

Etes vous convaincu que l’Adema peut avoir un candidat consensuel au regard des prétentions présidentielles de plusieurs cadres de votre parti ?

Que ça soit à l’interne ou à l’externe, le consensus se dégagera autour du candidat capable de gagner l’élection présidentielle ou tout au moins de faire honneur aux militants et sympathisants de l’Adema-PASJ, en obtenant un score qui puisse permettre au parti de rebondir pour les législatives et peut-être les locales et les régionales qui vont immédiatement suivre. Car, le contrôle de l’Assemblée nationale et des régions administratives est aussi une paire de manches, à savoir négocier. Alors, un choix consensuel dans cette panoplie de présidentiables annoncés dans le tape-à-l’œil sur la place publique sans caution préalable du parti est rendu d’autant plus difficile que les membres du Comité exécutif sont aujourd’hui partagés entre plusieurs courants et des intérêts divergents. Pire, on est tristement face à un manque de leadership affirmé et de ressources humaines charismatiques évidents au sein du parti. Quand aucune autorité ne parvient à s’imposer dans un parti comme l’Adema-PASJ, à ce stade décisif de son histoire, il va sans dire le parti va bouillonner d’appétits insatiables, d’ambitions démesurées, voire fantaisistes. Contrairement à ce que d’aucuns pensent, l’Adema-PASJ ne saurait se contenter de participer pour participer. En tout état de cause, personne ne m’entraînera derrière une candidature fantaisiste ou une candidature fondée sur la seule haine et la revanche. La recherche du compromis va être difficile dans ce genre d’exercice, pourtant démocratique. Chacun a déjà son candidat et il est demandé de s’accorder sur un candidat consensuel et rassembleur, avec une forte majorité au CE. Mon candidat consensuel et rassembleur est celui-là qui n’a  jamais eu à animer de clans à l’interne comme à l’extérieur du parti. Il doit être un homme ou une femme qui a une aptitude de leadership incontestable, une personnalité suffisamment connue des militants du parti (de Kayes à Kidal et de Sikasso à Tombouctou) et d’une grande majorité de Maliens potentiellement électeurs. Il faut que le prétendant n’ait jamais eu à soutenir un autre candidat ou une liste de candidats contre un candidat ou une liste de candidats de l’Adema-PASJ. Il doit avoir milité au sein du parti sans discontinuité depuis au moins dix (10) ans sans discontinuité et être à jour dans le paiement de ses cotisations. Voilà quelques critères minima à remplir par tout postulant. Toutefois, comme des abeilles, nous restons sereins et imperturbables dans cette nouvelle épreuve démocratique ! Je devine que tous les camarades sauront se hisser à une certaine hauteur d’esprit pour ne privilégier que l’intérêt supérieur du parti et du pays. Je suis plus que jamais déterminé parce que je suis convaincu que l’offre politique, plus essentielle que le choix du candidat, que nous allons bientôt mettre proposer à la classe politique sera une offre nouvelle qui a sa place pour la transformation en profondeur du pays. J’ai toujours pensé et je continue à penser que l’Adema-PASJ, c’est notre Adema à tous et que nous devons le construire ensemble. Pour cette raison, je pense qu’il fallait éviter autant que possible qu’il y ait des camps ennemis à l’intérieur qui soient là à s’affronter inutilement. Malheureusement hélas ! Je constate que ce qui était à l’origine des divergences mineures est hélas devenu au fil du temps de profonds clivages menaçant d’ébranler durablement les fondations de notre parti.

Avez-vous un appel à lancer au peuple Adema ?

Je voudrais saisir la présente occasion pour exprimer aux militantes, militants et

sympathisants de l’Adema-PASJ toute ma gratitude pour les efforts consentis pour la

stabilité du Pays et le rayonnement de notre Parti. Bien que le bilan du travail politique

abattu sur le terrain soit globalement satisfaisant, je leur demande de rester mobilisés afin d’être à la hauteur des défis futurs, car, je constate que nos militants sont devenus, à juste titre, plus exigeants. J’invite les militants à plus de compréhension, plus de vigilance, à plus de cohésion. Unis, nous avons toujours tout gagné, désunis, divisés, nous avons toujours tout perdu. Qu’ils se soustraient de cette campagne de dénigrement, d’affaiblissement  volontairement entretenue entre les membres du Comité Exécutif de l’autre. Il appartient aux premiers responsables de donner l’exemple. En tant que membres du Comité Exécutif, ils doivent assumer leur rôle d’orientation idéologique et politique des militants et refuser de surfer sur leur enthousiasme débonnaire. Ils ne sont pas que des animateurs du parti, ils sont des analystes de la situation politique et des faiseurs d’opinions. Alors, ils doivent avoir une conscience élevée de l’intérêt collectif qui dépasse les destins personnels. La survie de parti et la perpétuation des valeurs fondatrices du parti, au-delà des hommes, des animateurs temporels que nous sommes, passent avant toute autre considération mesquine. A l’épreuve, chacun des militants du Parti pour la Solidarité et la Justice fait peu cas de sa propre vie, car la mort est préférable à certaines formes d’existence hypothétique. Les militants de la Ruche sont un collectif et veulent demeurer tel, n’en déplaise aux manipulateurs.

Je me dois de rappeler qu’en politique, le plus grand crime est d’avoir des ambitions plus hautes que ses capacités. En toute lucidité, le peuple Adema-PASJ saura choisir la bonne voie à suivre, l’option qui le grandit.

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Réalisée par Oumar KONATE

Source: La Preuve 

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