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Ligne de force : Une marche à valeur d’avertissement

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A l’opposé de la marche du 2 juin de la Coalition pour l’alternance et le changement (CAC) violemment dispersée parce que non autorisée pour cause d’ “état d’urgence” celle du 8 juin s’est déroulée de façon pacifique, sans incident et pour cause : elle avait reçu l’aval de l’administration et était encadrée par les forces de l’ordre comme le stipule la législation.

Pour en arriver là il aura fallu les appels à l’apaisement d’acteurs majeurs du microcosme politique notamment Dr Bocary Treta, le président de “ Ensemble pour le Mali ” la plateforme électorale du président-candidat IBK, de figures religieuses de premier plan à l’instar du guide spirituel de Ançar dine, Chérif Ousmane Madani Haïdara, des chefs des églises catholique et protestante, des incontournables familles fondatrices de Bamako, de stars de l’univers artistique malien.

Il aura fallu aussi la réprobation de la France, des Etats Unis d’Amérique, de l’Union européenne, pays et institution de toute première importance pour le Mali. Et, par-dessus tout, celle du Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Gutteres. Elle ouvrira la voie à l’intermédiation de la MINUSMA appuyée par la MISAHEL. Laquelle aboutira à la tenue de la marche du 8 juin dans des conditions dont toutes les parties prenantes ou concernées peuvent se réjouir.

L’opposition et les nombreuses associations de la société civile qui partagent ses valeurs et appuient son combat avaient à cœur de tenir cette marche pour, d’une part, confirmer leur capacité de mobilisation après la démonstration de force  de juin 2017 qui a eu raison du projet de réforme constitutionnelle du président IBK. D’autre part, prendre à témoin l’opinion nationale et internationale : si le scrutin présidentiel se transformait en une parodie électorale visant à maintenir l’actuel président à son poste pour cinq nouvelles années, ils n’en reconnaîtraient pas les résultats. Ce qui pourrait basculer le pays dans une période d’instabilité accrue voire de violence aux conséquences incalculables.

La marche a été, sans conteste, une réussite. Son ampleur aura même peut-être dépassé l’attente de ses initiateurs. On a prêté à un proche de Tiébilé Dramé, président du PARENA et directeur de campagne du candidat de la plateforme “ Ensemble pour restaurer l’espoir ” Soumaïla Cissé, d’avoir déclaré que 300.000 personnes y ont pris part. Ce qui est constant et vérifiable, c’est que tous les participants ne s’y trouvaient pas pour les deux motifs du rassemblement : ”  réclamer des élections transparentes, libres et crédibles ” et ” dénoncer les censures de l’ORTM “.

Les pancartes et banderoles qui émergeaient de “la marée des manifestants ” (AFP) arboraient des slogans reflétant d’autres préoccupations : ” Non aux coupures d’eau et d’électricité ! “, ” Notre sécurité n’est pas négociable ! ” ” Non à la guerre civile au centre du pays ! “, ” Non à l’insécurité grandissante ! “, “ Non à la cherté de la vie ! “.

Des manifestants ont confié à la presse : ” Au Mali on ne mange plus qu’un repas par jour. IBK doit partir“. Une mère de famille dira : “ Nous ne supportons plus de voir nos enfants mourir en mer pour tenter de joindre l’Europe. IBK n’a pas tenu sa promesse de créer des emplois pour eux “.

Cette marche avait donc valeur d’avertissement pour les autorités. Elles n’ont eu cesse, depuis l’arrivée de Soumeylou Boubèye Maïga à la Primature, en fin décembre 2017, de proclamer leur volonté d’organiser “des élections apaisées, transparentes et crédibles“. Lesquelles, à les croire, passent par l’implication de tous les partis politiques concernés à toutes les étapes préparatoires du scrutin. Cet engagement n’a pas été tenu puisque les documents électoraux (cartes d’électeurs, procès-verbaux, procurations) ont été conçus et imprimés à l’insu de ces partis.

Il s’y ajoute que les préfets et sous-préfets déterminent, par eux seuls, le nombre des bureaux de vote, le nombre d’électeurs par bureau de vote, l’emplacement des bureaux sans y associer les partis politiques. Autant de faits qui accentuent la méfiance chez ces derniers surtout lorsqu’une campagne est menée tambour battant par le pouvoir et ses officines sur le thème : “IBK sera élu dès le premier tour“.

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Par Saouti Haidara

Source: L’Indépendant 

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