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Edito : Rebellions au nord du Mali

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Remaniement Pourquoi ex rebelles refusé gouvernement

 

Rébellions au Nord du Mali : c’est le titre de notre éditorial de la semaine, c’est également le titre d’un livre. Ses auteurs ont, pour noms, Choguel Kokalla Maïga et Issiaka Ahmadou Singaré. De la seconde moitié des années 1950 à ce jour, le Nord de notre pays continue d’être secoué par des mouvements séparatistes. De 1957 à 1991, une réponse adéquate a pu être donnée à la question : Modibo Keïta et Moussa Traoré ont compris ce qui est réalité sous tous les cieux : une fraction du peuple ne saurait se rebeller, impunément, contre l’Etat. Aussi, n’ont-ils pas à utiliser de « la force légitime de l’Etat » pour ramener à l’ordre les séparatistes. Les présidents « démocratiquement élus » ont eu une autre perception de la question, d’où leur échec à lui trouver la solution idoine, d’où la récurrence des rébellions.

Les auteurs, comme pour poser un diagnostic, ont revisité notre histoire, « des origines à nos jours » pour infirmer un certain nombre de thèses dont les trois suivantes : le Soudan Français a été une construction artificielle, l’Azawad est un territoire revendiqué depuis la colonisation, les Touaregs sont des citoyens marginalisés au sein de la République.

Le Soudan Français, aujourd’hui République du Mali, à y regarder de près, est loin d’être une construction artificielle. Il est la reconstitution partielle d’un vaste Etat qui a existé du XIIIè au XVIè siècle, sous les noms respectifs d’Empire du Mali et d’Empire Songhoï. Disloqué à la suite d’une invasion marocaine, il a fait l’objet de diverses tentatives de reconstitution dont la française. Cette reconstitution s’est effectuée de 1878 à 1899 avec l’unification, d’Etats qui, avant 1591, constituaient une seule entité étatique.

L’Azawad, contrairement à ce qu’en dit le Cercle Condorcet, un cercle de réflexion français, n’a jamais été, au temps colonial, « un territoire revendiqué ». A partir de 1956, l’évolution du Soudan Français vers l’émancipation et l’indépendance est devenue inéluctable. Alors, quelques notabilités touarègue, arabe et maure, Mohamed Aly Ag Attaher Insar, Mohamed Mahmoud Ould Cheikh et Badi Ould Hamoadi conçurent l’idée de détacher le Nord du Mali du reste du pays pour en faire leurs fiefs gardés au détriment des populations qui y vivent.

Il est beaucoup question d’une lettre que des notabilités du Nord du Mali ont adressée à Charles de Gaulle en ce sens. En réalité, il y a eu quatre lettres, toutes diffusées sur les rives du Niger et à travers le Sahara et jusqu’en Algérie. La diffusion fut assurée par Mohamed Makhmoud Ould Cheikh, Bérabiche agent des services secrets français, membre du RPF gaulliste. Nulle part, elle ne suscita l’adhésion des populations. Les chefs touaregs ont consulté. Tous se sont déclarés en faveur de l’indépendance dans le cadre d’un Etat unitaire.

Les Touaregs n’ont jamais été marginalisés au sein de la République. La France, allant dans le sens de leur désidératas et parce que cela servait ses intérêts, a bloqué leur émancipation. Elle est allée jusqu’à les décourager d’inscrire leurs enfants à l’école. Dès qu’elle est parvenue au pouvoir en 1957, l’US-RDA a entrepris de mettre fin à cette forme d’ostracisme. Elle sort des salles de classe quatre instituteurs pour leur faire fréquenter l’Ecole d’Administration du Soudan. Deux d’entre eux figureront parmi les premiers administrateurs des régions sahariennes : Mohamed Ould Najim à Kidal et Mohamed Mahmoud à Tessalit. A l’exception de la fonction de président de la République, les Touaregs ont occupé toutes les autres fonctions administratives.

Ce sont là quelques éléments d’appréciations que les auteurs du livre Rébellions au Nord du Mali des origines à nos jours ont développé pour contester certains fondements que l’on donne aux rébellions récurrentes d’un groupuscule de personnes. Celles-ci, en réalité, ne représentent qu’eux-mêmes et ils profitent de la déliquescence de l’Etat central pour  faire de la sédition un fonds de commerce.

Edito Rebellions nord Mali

LA REDACTION

Source: Le Sursaut 

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