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Syrie: les rebelles du sud annoncent un échec des pourparlers avec Moscou

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Les rebelles dans le sud de la Syrie ont annoncé mercredi l’échec de négociations menées sous l’égide de Moscou, qui faisait planer la menace d’un nouvel assaut militaire si les insurgés n’acceptaient pas de capituler face au régime.

Les forces du régime ont lancé le 19 juin une offensive pour reprendre les territoires insurgés du sud syrien, secteur sensible qui borde la frontière avec la Jordanie et le plateau du Golan en majeure partie occupé par Israël.

Adoptant une stratégie alliant bombardements meurtriers et négociations parrainées par Moscou, le pouvoir du président Bachar al-Assad a déjà reconquis une trentaine de localités rebelles dans la province de Deraa, notamment avec des accords de “réconciliation” qui s’apparentent à des capitulations pour les insurgés concernés.

Mais le sort d’autres secteurs rebelles dans le sud reste incertain. Mercredi, à l’issue d’un nouveau round de pourparlers, les insurgés ont annoncé “l’échec des négociations avec l’ennemi russe”.

“Les négociations n’ont abouti à aucun résultat: les Russes ont insisté pour que l’artillerie lourde (des rebelles) soit abandonnée en une seule fois”, a indiqué à l’AFP le porte-parole d’une cellule d’opération regroupant différentes factions rebelles, Ibrahim al-Jabbawi.

Une source de l’opposition proche des pourparlers a indiqué que les rebelles étaient prêts à abandonner leur artillerie lourde, mais progressivement.

En négociant par le passé avec les insurgés, Moscou a souvent eu recours à des ultimatums pour faire pression. Parfois, les bombardements reprennent, avant que les belligérants n’acceptent un énième round de négociations.

– “Solution politique” –

Concernant le sud syrien, l’initiative russe prévoit l’abandon par les rebelles de leurs artilleries lourde et moyenne: ils rejoindraient alors la vie civile ou s’enrôleraient dans des forces progouvernementales antijihadistes.

Le plan prévoit aussi “le retour de l’armée dans ses casernes” et des institutions gouvernementales dans la région, ainsi que le déploiement de la police du régime.

L’initiative russe refuse tout transfert de combattants ou de civils vers d’autres régions insurgées en Syrie, comme ce fut le cas lors de la reprise d’autres bastions rebelles.

Avant la rencontre de mercredi, la source de l’opposition avait jugé que les négociations pourraient s’avérer “cruciales”, estimant que tout échec pouvait signifier une reprise des violences.

“La délégation russe a prévenu mardi les groupes rebelles que mercredi serait le dernier jour pour les pourparlers et qu’ils devraient soumettre leur réponse finale”, avait-elle précisé.

Les bombardements s’étaient interrompus depuis plusieurs jours pour paver la voie à un règlement.

En parallèle, les efforts diplomatiques se multiplient: le ministre jordanien des Affaires étrangères Ayman al-Safadi a rencontré mercredi à Moscou son homologue russe Sergueï Lavrov.

Vue d’un camp de déplacés syrien près de la ligne de démarcation sur le plateau du Golan, le 4 juillet 2018 / © AFP / Jawad ABU HAMZA

“La priorité pour résoudre la situation dans le sud de la Syrie est de trouver une solution politique”, a déclaré M. Safadi en conférence de presse, réclamant un cessez-le-feu.

“Nous aidons l’armée syrienne à mener un travail avec des groupes armés pour les convaincre de conclure un accord de réconciliation, de déposer les armes”, a assuré M. Lavrov.

– “Civils exilés” –

Face à l’offensive du régime dans le sud, la communauté internationale se révèle, une nouvelle fois, impuissante.

Depuis 2011, toutes les initiatives internationales visant à trouver une solution à ce conflit qui a fait plus de 350.000 morts ont échoué.

Le Conseil de sécurité de l’ONU tiendra jeudi matin une réunion d’urgence à huis clos pour discuter de la situation dans le sud de la Syrie, selon des sources diplomatiques.

Les violences dans le sud ont fait entre 270.000 et 330.000 déplacés, selon l’ONU, certains trouvant refuge près des frontières jordanienne et israélienne, où ils vivent dans des conditions de dénuement total.

Mais ni la Jordanie ni Israël ne veulent les accueillir et, face au risque d’une crise humanitaire, l’organisation Human Rights Watch a appelé mercredi les deux pays à ouvrir leurs frontières.

Dans la province voisine de Qouneitra, des déplacés et des habitants locaux se sont rassemblés en territoire rebelle devant des bureaux des Nations unies, protestant contre l’inaction de la communauté internationale.

“Les civils qui ont été exilés et se retrouvent à vivre dans des tentes ou à l’air libre ont organisé cette manifestation (…) pour demander aux Nations unies et au monde des garanties internationales pour protéger leurs vies”, a indiqué un responsable rebelle, Ali Salhadi.

Le drame concerne également des familles ayant décidé de regagner leurs villages.

Onze membres d’une même famille ont été tués dans l’explosion d’une mine alors qu’ils retournaient dans leur localité d’Al-Mseifra, a indiqué mercredi l’Observatoire syrien des droits de l’Homme.

Cette ville avait fait l’objet d’un accord de “réconciliation” avec le régime syrien.

AFP

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