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Au Mali, une deuxième chance pour « IBK »

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Editorial. Après un premier mandat décevant, le président dispose de cinq ans de plus pour réduire le divorce avec les Maliens et remettre à flot le pays.

Editorial du « Monde » Ereintés par la pauvreté, déprimés par la conjugaison de violences intercommunautaires et d’attentats djihadistes, les Maliens suffoquent. Mais l’on peut douter que la réélection du président Ibrahim Boubacar Keïta, dit « IBK », annoncée jeudi 16 août, leur procure un bol d’air salutaire tant l’atmosphère du pays est viciée.

Sur le papier, le paysage n’est pas si sombre. IBK a remporté un scrutin pluraliste en distançant largement son adversaire, l’ancien ministre des finances Soumaïla Cissé, à l’issue d’un processus électoral jugé globalement acceptable par les nombreux observateurs internationaux déployés dans le pays. Les 31 points de différence entre les deux hommes auraient de quoi lui garantir sérénité et légitimité pour mener des réformes indispensables afin de réduire l’extrême pauvreté dont souffrent neuf millions de Maliens, soit la moitié de la population. La croissance économique – 5 % depuis plusieurs années – du premier producteur de coton d’Afrique, extracteur d’or non négligeable et récipiendaire, chaque année, d’un milliard d’euros d’aide internationale, offre une marge de manœuvre.

Défiance croissante de la population

Mais il y a une autre lecture, moins optimiste, des résultats de l’élection présidentielle. Elle pose la question de la vitalité de la démocratie malienne : à peine plus d’un électeur sur trois s’est en effet déplacé pour le second tour du scrutin. L’insécurité dans le nord et le centre du pays n’explique pas tout. Cette abstention massive traduit la défiance croissante de la population envers les leaders politiques. « Les Maliens voient les élections comme une impasse », analyse ainsi le philosophe malien Issa N’Diaye. En cause, une génération d’hommes politiques issue du même moule – l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adema) –, qui écrase la scène depuis la chute de la dictature de Moussa Traoré, en 1991.

Ce n’est certes pas une spécificité malienne. Sauf que ces présidences successives n’ont pas pu empêcher le pays d’être miné par l’insécurité et rongé par la corruption, le népotisme ou les affaires douteuses, avec des trafiquants de tout genre. L’élection d’IBK en 2013 n’a pas inversé la tendance. Beaucoup l’espéraient, pourtant. Quelques mois plus tôt, la moitié du pays était sous le contrôle d’indépendantistes touareg vite supplantés par des groupes armés djihadistes. Il avait fallu l’intervention militaire française « Serval », en janvier 2013, pour éviter la dislocation du pays.

Soutien international
Dépeint comme un homme à poigne, Ibrahim Boubacar Keïta portait alors la promesse d’une paix durable, préalable indispensable au développement économique. Et il était soutenu par la communauté internationale, qui n’a pas mégoté sur son soutien financier ou sécuritaire avec le déploiement au Mali de ce qui constitue actuellement la plus importante mission de paix de l’ONU dans le monde, la plus meurtrière également.

Cinq ans plus tard, son bilan est maigre. A force de tergiversations dans l’application de l’accord de paix signé, en 2015, à Alger, « IBK » n’a pas restauré l’autorité de l’Etat dans le nord. Ni désarmé les groupes rebelles. Ni évité que le centre du pays ne devienne la proie de milices communautaires qui s’entre-tuent au nom de la protection de « leur » population, abandonnée par Bamako.

« IBK » dispose de cinq ans supplémentaires pour réduire le divorce avec les Maliens et remettre à flot le pays. Mais, à Bamako, ils ne sont pas nombreux à y croire. Dimanche 12 août, beaucoup ne se sont d’ailleurs pas déplacés pour aller voter.

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Source: LE MONDE

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