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Notre Mali, comme il va : Crispation du climat social, un juste retour des choses pour IBK ?

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La très controversée réélection d’IBK, en dépit des marches de contestation de l’opposition, amenée par son chef de file, Soumaïla Cissé, avait plongé le monde politique malien dans une certaine expectative, comme en attente d’un fait nouveau, qui viendrait bouleverser le nouvel ordre des choses.

Remis en selle, grâce à des pratiques sordides, que même la très aléatoire morale politique réprouverait, le président ‘’réélu’’ avait apparemment tout verrouillé, afin que l’on ne vienne pas obscurcir son soleil.

La Cour constitutionnelle, la Cour suprême et tous les accros au râtelier politique ont mis toute leur bonne volonté à protéger ce pouvoir qui sait se montrer si reconnaissant à ceux qui lui font allégeance.

Même si elle s’est efforcée de donner le change, en certaines occasions, l’opposition affiche, depuis un moment, les signes du vague à l’âme, face à la désinvolture, réelle oufeinte, du camp présidentiel, dont le gourou a, lui, en tout cas, allégrement renoué avec son passe-temps favori : les voyages, qui continuent de ressembler à des escapades familiales.

Ibrahim Boubacar Kéïta est résolument attaché à réaliser et à poursuivre son rêve de vie de ‘’Grand Prince’’, en lui donnant les apparences d’un engagement social.

Devenu président de la République, en 2013, à la faveur d’un malentendu, il n’a cessé, tout le long de ce premier mandat, de nourrir la crédulité du peuple par des réalisations faites pour le seul bonheur de ce dernier. Un langage abscons pour des populations qui ne sont pas préparées pour cette élévation psychologique, persuadées que la vie est faite d’épreuves et de sacrifices.

Une aubaine, cette philosophie de la vie des Maliens, pour l’égocentrisme du président de la République qui, pour sa réélection, va organiser, avec la couverture de son gouvernement, le plus grand pillage des deniers publics, jamais pratiqué dans notre pays.

Cette razzia, effectuée aux dépens du Trésor public et des programmes d’activités de plusieurs départements ministériels, a eu comme effet pervers la montée des appétits au sein de certaines corporations. Les professionnels de la Santé, les enseignants, la Magistrature, entre autres, faisant taire leurs scrupules, ont fait ressortir leurs cahiers de doléances, refusant d’être les sacrifiés de la République.

En effet,

En attendant que l’histoire, aidée par des hommes de foi, nous révèle le montant approximatif des ponctions faites au trésor public, un fait est déjà facile à observer : la tension de trésorerie du moment, qui s’est manifestée, le mois dernier, par un retard d’une dizaine de jours dans le paiement des salaires.

Cela pourrait être le début d’un serrage incommode de ceinture pour les fonctionnaires et, même, les privés, en cette fin d’année qui, selon certaines apparences (les difficultés pour l’Etat à faire face aux obligations de sa dette intérieure, la rareté de liquidité dans les transactions de la vie quotidienne, notamment), devrait valoir une gueule de bois aigue à une masse critique de salariés de l’Etat.

Ce que l’on avait assimilé à une fanfaronnade du Premier ministre, qui en a pris le pli, ces temps-ci, à travers cette réponse faite aux exigences des magistrats « le gouvernement ne peut faire aucun effort financier supplémentaire insoutenable pour le pays », était, en fait, l’expression d’une dure et triste réalité et d’une impuissance réelle de l’Etat.

Le report des législatives, auquel l’Exécutif a dû se résoudre, au prix d’une grave entorse à la Loi fondamentale du pays, est l’aveu d’incapacité le plus symbolique de l’Etat à assumer ses missions régaliennes.

Le Mali a donc de la peine à se relever de la prodigalité de son président pour le financement de sa campagne, de son train de vie boulimique et de travaux d’infrastructures évalués à des dizaines de milliards de francs CFA, engagés à travers des procédures opaques.

Après la galère de triste mémoire de l’époque Moussa Traoré, les Maliens devront-ils encore endurer une nouvelle épreuve de longs mois sans salaire ?

Une telle perspective, si elle devait se réaliser, porterait un rude coup au régime et, peut-être, conduire à une rupture définitive avec le peuple.

L’on devrait assister à cette occasion au plus grand soulèvement social auquel notre pays ait eu à faire face.

Les conséquences d’un tel scénario pourraient être catastrophiques, avec une dégradation profonde du climat et du tissu sociaux, un regain de dynamisme du terrorisme et, certainement, une tentative désespérée de reprise en mains de l’Etat, à travers laquelle le Premier ministre pourrait être tenté de mettre en pratique ses nouvelles théories de matage de contestations. Il entrerait ainsi, définitivement, dans l’histoire de la Démocratie malienne.

L’on aurait tort d’assimiler  de telles projections à une vue de l’esprit ou à de l’utopie. Ben Ali, ancien homme très fort de la Tunisie, aurait éclaté de rire si on lui avait prédit qu’un simple étalagiste serait à l’origine de la fin à son pouvoir.

Un peuple désespéré est imprévisible et capable d’extrémités. Mais, l’on peut toujours croiser les doigts et espérer ainsi conjurer le (mauvais) sort…

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Mamadou Kouyaté   koumate3@gmail.com

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