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Syrie : 16 morts dont quatre Américains dans un attentat de Daech

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VIDÉO – Cette attaque fragilise la position de Donald Trump qui a annoncé en décembre dernier le retrait des forces américaines de Syrie.

Seize personnes, dont quatre Américains, ont été tuées mercredi dans un attentat suicide revendiqué par le groupe djihadiste Etat islamique (EI) à Manbij en Syrie. Parmi eux, «deux militaires, un employé civil du ministère de la Défense et un employé d’un sous-traitant du Pentagone», a indiqué le commandement central de l’armée américaine (Centcom) dans un communiqué, précisant que trois autres militaires ont été blessés dans cette attaque, la plus meurtrière contre les forces américaines de la coalition internationale depuis 2014 dans ce pays.

Douze autres personnes, sept civils et cinq combattants d’une force arabo-kurde qui accompagnaient la patrouille américaine, ont également péri dans cet attentat près d’un restaurant du centre de la ville, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), qui dispose d’un vaste réseau de sources dans le pays en guerre. Une vidéo filmée par une agence kurde locale sur les lieux du drame montre une façade noircie et complètement éventrée, le sol couvert de gravats avec du sang sur le mur. Après l’attaque, des blindés arborant le drapeau américain étaient visibles dans les rues, tandis que des soldats armés montaient la garde, a constaté un collaborateur de l’AFP.

L’attentat a été revendiqué par l’EI dans un communiqué sur l’application Telegram, affirmant qu’il a été mené par «le frère kamikaze Abou Yassine al-Chami», qui a fait détoner sa veste d’explosifs au milieu d’une «patrouille comprenant des membres de la coalition croisée». En 2016, l’EI a été chassé de cette ville par les Forces démocratiques syriennes (FDS), une force arabo-kurde soutenue par la coalition internationale. L’EI est aujourd’hui acculé dans un réduit dans la ville orientale de Deir ez-zor, où il est la cible d’une offensive des FDS, avec l’appui de la coalition. Pourtant, malgré les défaites qui lui ont été infligées et après avoir vu les territoires sous son contrôle se réduire comme peau de chagrin, le groupe djihadiste parvient encore à mener des attentats.

Une attaque qui remet en cause le retrait des troupes américaines

Ce dernier est le plus meurtrier pour les forces américaines en Syrie, au vu des chiffres du Pentagone qui avait affirmé, en 2017, que des militaires américains avaient été déployés dans le secteur de Manbij. «Le président Trump et moi-même condamnons l’attentat terroriste en Syrie qui a coûté la vie à des Américains», a indiqué dans un communiqué le vice-président Mike Pence. «Alors que nous commençons à rapatrier nos troupes, le peuple américain peut être assuré que, pour le bien de nos soldats, de leurs familles et de notre pays, nous ne permettrons jamais aux vestiges de l’EI de rétablir leur califat malfaisant et meurtrier, ni aujourd’hui, ni jamais», a-t-il ajouté

Cet attentat-suicide intervient après l’annonce en décembre d’un retrait prochain des troupes américaines de Syrie, et met en lumière une réalité bien différente sur le terrain, fournissant des arguments à ses opposants. Au fil des semaines, le calendrier de ce retrait est devenu de plus en plus flou et l’administration Trump a posé des conditions à son achèvement, notamment la défense des alliés de Washington et une défaite durable de l’EI. L’annonce a notamment provoqué le départ avec fracas du ministre de la Défense, Jim Mattis.

Les experts des affaires de sécurité ont été quasi unanimes à juger hâtive cette décision de partir de Syrie. La mort des soldats américains à Manbij «donne raison» à ceux qui ont jugé que la décision de Donald Trump était «extrêmement prématurée», a estimé mercredi Charles Lister, du Middle East Institute. «L’ordre de Trump était irresponsable et motivé bien plus par des raisons de politique intérieure que par les faits sur le terrain», a ajouté cet expert, pour qui «suggérer que l’EI est vaincu parce qu’il ne contrôle plus de territoire, c’est ignorer fondamentalement la façon dont l’EI et d’autres organisations similaires cherchent à opérer».

L’EI encore présent en Syrie

Le sénateur républicain Marco Rubio s’est lui aussi dit sceptique face à la décision du président, en réagissant aujourd’hui à l’attentat-suicide. C’est «un rappel tragique du fait que l’EI n’a pas été vaincu et se transforme en une dangereuse rébellion», a-t-il tweeté, ajoutant: «ce n’est pas le moment de se retirer du combat contre l’EI. Nous ne ferons que les encourager et les renforcer». Pour sa part, l’influent sénateur Lindsey Graham, lui aussi républicain, espère que le président américain «va examiner de très près nos plans en Syrie». «Je sais que les gens en ont assez, mais nous ne serons jamais en sécurité tant que nous ne serons pas prêts à aider ceux qui se dressent là-bas contre cette idéologie radicale», a-t-il indiqué au Congrès.

Pour justifier le retrait américain de Syrie, le président américain avait insisté sur le fait que le groupe djihadiste avait perdu 98% du territoire qu’il contrôlait du temps de son «califat», à cheval sur la Syrie et l’Irak. Mais il contrôle encore quelques poches de territoire dans la vallée de l’Euphrate et la coalition internationale anti-djihadistes estime que des milliers de combattants se sont éparpillés sur le territoire syrien pour opérer dans la clandestinité.

Source: Figaro.fr

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