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Sincérité des groupes armés signataires de l’accord de paix mise en cause : Réveil tardif du Patron des Nations Unies, Mahamat Saleh Annadif, au Mali ?

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À l’occasion de la cérémonie à l’honneur des soldats tchadiens tombés à Aguelhok le 20 janvier 2019, Mahamat Saleh Annadif, représentant spécial du secrétaire général des Nations-Unies, s’est penché sur l’accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger censé ramener la paix au Mali. À travers son allocution du 27 janvier dernier, on ne peut que se sentir interpellé en ce qui concerne une réévaluation de ce document.  M. Annadif remet en cause la sincérité de certains groupes signataires face à la récurrence des atrocités dues à des groupes dont des membres sont connus des milieux. Selon le patron des Nations Unies au Mali, les zones dans lesquelles les soldats étrangers engagés au chevet du Mali interviennent sont aussi connues être des espaces occupés par les groupes armés signataires de l’accord de paix. Alors, il y a urgence à revoir les choses, car la sincérité des ex-rebelles est remise en cause.

À l’analyse  simple de cet aveu, on pourrait être tenté de qualifier ces propos de réveil tardif, car ces groupes n’ont jamais gagné la confiance du peuple malien. Il l’a toujours dit haut et fort : djihadistes, terroristes, ex-rebelles amis du Mali, c’est même pipe même tabacs. 

Quelle n’a pas été la réaction du peuple malien fasse à la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger ? Les citoyens, justes avant et après la signature de ce document, n’ont jamais cessé de remettre en cause la sincérité de certains groupes signataires. Des remous qui ont abouti à plusieurs démarches ayant conduit au retard dans l’application du contenu de ce document dans lequel le peuple ne s’y reconnait pas. Pour tordre davantage la main du gouvernement malien et boucher les oreilles sur les vérités auxquelles on accorde qualité de mensonge, un ultimatum a été donné à l’état malien pour que l’accord entre en vigueur.  Cela, quelles qu’en soient les conséquences sur le Mali. Le processus du Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR) a été lancé afin d’ouvrir la porte à certains de ces signataires qui  désiraient de déposer les armes pour enfin rejoindre les rangs de l’armée malienne. Cela a permis d’enregistrer plusieurs combattants.

Or, avant de s’adonner à un tel processus, le Mali, voire la communauté internationale devrait tirer les leçons du passé. À chaque fois que des mouvements terroristes se sont créés au Mali, des processus d’intégration comme le DDR ont été organisés. Les éléments intégrés ont toujours été des obstacles à l’instauration d’une paix durable au Mali dans la mesure où ils ont été ceux qui déterminaient la position voire les stratégies de l’armée malienne. Nous recommandons la lecture Des rébellions au Nord du Mali : des origines à nos jours de ChoguelKokallaMaiga et IssiakaSingaré et pourquoi pas Les Mafias du Mali : trafics et terrorisme au Sahel de Serges Daniel. Des documents qui nous aident à voir clair les implications de plusieurs acteurs qui se battent pendant le jour pour l’instauration d’une paix durable, mais qui , pendant la nuit, appuient les groupes ennemis.

Du DDR, on s’est retrouvé à la question de la conférence d’entente nationale ou encore du grand pardon national consistant à laisser impunis les crimes de certains hommes ayant contribué à la déstabilisation de la nation malienne. La question de la révision constitutionnelle est en train de pointer son nez. Le projet de redécoupage territorial est toujours d’actualité.

Toutes ces mesures constituent des perspectives de mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale et partant des façons de faire table rase des plaintes ou des soucis des citoyens qui ne cessent de dénoncer ce document. Mais comme on le dit, la vérité finit toujours par triompher malgré le nombre de temps qu’elle prendra. Le 27 janvier dernier, le peuple malien devrait manifester en grande pompe sa joie qui constitue sa victoire. Il a eu un appui en ce qui concerne la mise en doute de l’accord censé restaurer la paix au Mali. Cela grâce à Mahamat Saleh ANNADIF, représentant spécial du secrétaire général des Nations-Unies au Mali.

En effet, à l’occasion de la cérémonie d’hommage aux 10 morts du contingent tchadien de la MINUSMA tombés le 20 janvier à Aguelhoc, celui-ci affirmait : « Les réseaux sociaux ont fait circuler les noms de ceux des assaillants qui sont morts et il se murmure que beaucoup sont connus dans le milieu. Ça veut dire tout simplement que parmi ceux qui commettent ces forfaitures, il y a aussi des gens qui sont parmi nous, qui observent nos faits et gestes. » Ces propos donnent à réfléchir. S’il est vrai que parmi les assaillants tués, il se trouvait des gens connus dans le milieu pour être sûrement des habitants de ces localités. Alors cela ne voudrait-il pas signifier que la volonté de tous ces groupes ne constitue pas le retour d’une paix durable au Mali puisque le document auquel chaque partie devrait se soumettre a la moindre importance à leurs yeux.   M. Annadif va plus loin dans son allocution en essayant d’être beaucoup plus explicite : «  Ceci doit nous pousser à interroger notre capacité d’anticipation, tout comme à revisiter notre collaboration et notre coopération avec les mouvements signataires de l’Accord présents dans les régions du nord. »Voilà qu’on reconnait implicitement au peuple malien d’avoir raison sur ce document.

Ces propos du représentant spécial des Nations-Unies remettent en cause la sincérité de certains groupes signataires au Nord du Mali. Leur volonté à se soumettre au contenu de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale. Alors, faudrait-il continuer aveuglément à vouloir appliquer cet accord pendant que nous savons qu’un accord n’est valable que lorsque tous ses signataires s’y soumettent ?

Annadif part-il jusqu’à recommander du recul pour mieux réfléchir sur cet accord. En tout cas, c’est ce qu’il semble avancer à travers ces lignes : « Certes, c’est un jour de recueillement et de deuil, mais j’estime que désormais, à savoir quatre (4) ans après la signature de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, il importe de se poser un certain nombre de questions et leur trouver les réponses idoines pour que ça ne se répète plus. Pour qu’il n’y ait plus ce que nous avons connu à Nampala, à Tombouctou, à Kidal, à GAO, à Ber, à Aguelhok et j’en passe. » Tous ces propos sont teintés de signification. Ils signifient tout simplement la trahison de l’accord pour lequel on exige au Mali la mise en application par certains groupes signataires. Cette conclusion de son intervention, si nous devons partir de cause à effet, nous ne pouvons arriver qu’à la compréhension de la mauvaise volonté de ces groupes signataires auxquels il a d’abord fait mention. N’eût été cette mention, on pouvait traduire cette conclusion comme une mauvaise volonté partagée des deux côtés : celui du gouvernement malien et celui des groupes signataires. Mais puisque M. Annadif commence par déplorer la sincérité de certains de ces groupes signataires, logiquement, il parle de ces derniers.

Ces propos ne doivent pas être considérés comme de simples théories. Il importe réellement face à l’escalade de la violence de part et d’autre, du Nord du Mali au centre du Mali voire au Sud d’observer un temps mort afin de mieux évaluer ce qui met en cause la bonne application dudit document pour lequel le gouvernement du Mali ne cesse de déployer des moyens au-delà de tous ses possibles pour sa bonne application. Ne pas faire cela et continuer à obliger aveuglement le Mali à mettre en œuvre le contenu de ce document pour lequel certains ennemis n’accordent pas assez de crédits, c’est l’obliger à devenir son propre fossoyeur.

Fousseni TOGOLA

Source: Le Pays

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