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En Syrie, les derniers jihadistes de l’EI se replient dans un camp de fortune

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Les derniers jihadistes du groupe Etat islamique (EI) étaient repliés vendredi dans un campement au bord d’une rivière dans l’est de la Syrie, où ils sont assiégés par des forces soutenues par Washington qui s’apprêtent à leur livrer une ultime bataille.

Des milliers d’hommes, femmes et enfants, dont de nombreux blessés et éclopés, fuient encore le village de Baghouz, à la périphérie duquel se trouve le campement, non loin de la frontière avec l’Irak.

Ceux restés sur place refluent vers le campement de fortune. De rares images obtenues par l’AFP montrent un océan de voitures et de tentes couleur sable, parmi lesquelles se faufilent des femmes en niqab noir, au milieu d’une végétation dense de roseaux.

Des silhouettes s’activent derrière des pans de murs, dressés pour faire face à l’autre rive de la rivière où les forces du régime syrien ont installé des positions. Des motos traversent le camp au sol fangeux et disparaissent derrière des talus de terre.

Au milieu de ce paysage chaotique, une vache broute, impassible.

Appuyées par la coalition internationale menée par les Etats-Unis, les Forces démocratiques syriennes (FDS) attendent la fin des évacuations des civils pour repartir à l’offensive et prendre totalement à l’EI son ultime bastion en Syrie, une conquête qui signerait la fin du “califat” proclamé il y a près de cinq ans par l’organisation jihadiste.

– Fuir en chaise roulante –

Les FDS accusent le groupe ultraradical d’utiliser les civils comme “boucliers humains”. S’il est impossible de savoir combien de personnes se trouvent encore à Baghouz, les FDS ont confié avoir été surpris par le nombre de personnes ayant fui le village.

Au total, plus de 7.000 personnes ont quitté Baghouz cette semaine, pour rejoindre des positions tenues par les FDS, qui les soumettent à des interrogatoires et fouilles pour déceler parmi eux d’éventuels jihadistes.

Jeudi, des journalistes de l’AFP ont vu des dizaines de femmes et enfants abandonner cette poche. Parmi eux, une femme a fui en chaise roulante. Installée près d’un champ aux fleurs jaunes, elle est entourée d’enfants emmitouflés dans leurs blousons, assis sur des couvertures posées à même le sol.

Soulevée par le vent, une fine poussière orangée recouvre le visage des évacués. Deux combattants des FDS portent sur un brancard en bois un homme à la longue barbe, estropié. La veille, des blessés ont fui Baghouz par flots continus.

Au total depuis décembre, quelque 58.000 personnes, principalement des familles de jihadistes, ont quitté la région de Baghouz, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Parmi elles, plus de 6.000 jihadistes ont été arrêtés.

Après une montée en puissance fulgurante en 2014, les jihadistes avait proclamé en juin de la même année un “califat” à cheval sur de vastes régions conquises en Syrie et en Irak voisin, attirant des milliers d’étrangers.

– Clandestinité –

L’EI avait imposé son règne de la terreur à des millions de personnes, établissant sa propre administration: monnaie frappée, collecte des impôts, police des moeurs, programmes pédagogiques dans les écoles. Rien ne manquait à ce “califat”.

Si au terme de multiples offensives ces deux dernières années, les jihadistes ont perdu la quasi totalité des territoires conquis, le général Joseph Votel, chef des forces américaines au Moyen-Orient, a averti jeudi que le combat contre l’EI en Syrie “est loin d’être fini”.

“Les observations récentes de nos hommes et femmes sur le terrain montrent que la population de l’EI évacuée des derniers vestiges du califat (à Baghouz) reste largement impénitente, résolue et radicalisée”, a-t-il dit devant une commission du Congrès américain.

Le “califat” risque de devenir une “organisation désagrégée”, avec ses dirigeants et combattants certes passés dans la clandestinité, mais toujours motivés par une idéologie extrémiste, a-t-il prévenu.

Le président Donald Trump avait annoncé brusquement en décembre le retrait total et immédiat des forces américaines déployées dans le nord-est syrien, déclarant une victoire totale contre l’EI. Depuis, il s’est laissé convaincre par le Congrès et le Pentagone de ralentir le retrait et de laisser dans cette zone, non contrôlée par le régime syrien, une “force résiduelle” évaluée à environ 200 militaires.

La bataille contre l’EI représente aujourd’hui le principal front de la guerre en Syrie qui a fait plus de 360.000 morts depuis le 15 mars 2011, le régime syrien, soutenu par la Russie et l’Iran, ayant reconquis près des deux-tiers du pays.

AFP

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