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Nord du Mali : Kidal, une ville gérée par le clan Iyad

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En raison de l’absence de l’Etat, tout porte à croire que la ville de Kidal est actuellement gérée par la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma). Mais la réalité est toute autre. Les affaires (administratives, économiques et sécuritaires) sont aujourd’hui aux mains de quelques individus proches d’Iyad Ag Ghaly. Ceux-ci sont tous membres du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad, une organisation satellite créée pour les besoins de la cause.

A Kidal, tout passe par les responsables du Hcua. La gestion des affaires administratives, économiques et bien entendu sécuritaires relèvent exclusivement de leurs compétences. Les membres du Mnla, du MAA et autres mouvements fictifs composant la CMA sont justes des spectateurs qui d’ailleurs savent très peu des réalités du terrain. Ils sont tous dispersés entre l’Algérie, la Mauritanie, Burkina Faso, la France, la Suisse… et ne viennent à Bamako que pour amasser leur part de prébendes, fréquemment distribuées par l’Etat malien. Ces « exilés de la rébellion» se sont finalement spécialisés dans la propagande sur les chaînes étrangères. En réalité, à Kidal, ces gens-là n’ont pas droit aux chapitres.

Alghabass Ag Intallah, Ag Bibi et leurs compères sont actuellement les maîtres incontesté et incontestables de Kidal. Ils sont tous du Hcua, créé à la faveur de l’intervention française pour remettre en selle les ex-compagnons d’Iyad Ag Ghaly. Personne n’est dupe ! Tout le monde sait que ce petit cercle de privilégiés que constitue cette organisation est encore au petit soin du leader d’Ansar Dine. Par conséquent, ils continuent d’obéir aux ordres et autres recommandations de ce terroriste activement recherché par les services de renseignements américains. En clair, c’est Iyad qui, par procuration, gère aujourd’hui la ville de Kidal, selon plusieurs sources. Et à travers ses hommes de main, « il est même présent dans le processus de paix en cours », affirme en secret un notable de la localité.

Selon cette source, ce sont les alliés d’Iyad qui s’occupent de l’administration de Kidal. C’est eux qui ont récemment morcelé et vendu la caserne de la garde nationale. Et toute organisation humanitaire qui souhaite intervenir en faveur des populations de cette région passe par les membres du Hcua. Ils contrôlent (du début à la fin) les opérations de distribution d’aides humanitaires aux habitants. La gestion du Centre de santé, du marché, de la station régionale de l’Ortm sont autant de prérogatives qu’ils se sont attribués. Idem pour les questions sécuritaires. Les taxes payées aux postes (érigés aux entrées de la ville) par les commerçants atterrissent dans les coffres du Hcua. L’organisation, selon notre source, contrôle les trafics en tout genre dans la région. Ils détiennent également le monopole de location de véhicules. Aussi, toutes les délégations qui passent par Kidal  sont obligées de traiter avec eux.

Là où le bât blesse, c’est que ces pratiques illicites sont aussi bien connues de l’Etat malien que ses partenaires (y compris ceux présents à Kidal) dans la résolution de la crise au nord du Mali. Cet Etat faible et absent  de Kidal est particulièrement complaisant face aux responsables du Hcua qui, il faut le répéter, servent de passerelle entre Ansar Dine et la rébellion. Parfois, c’est ce même Etat qui finance leurs activités. On se souvient encore de l’histoire du forum de Kidal, une pure comédie qui a coûté au gouvernement malien 400 millions de francs CFA. Cette somme n’est qu’une infime partie des sous dilapidés par les autorités pour juste satisfaire les maîtres de Kidal. Au nom de la paix, ils continueront à traire la vache laitière qu’est devenu le régime IBK.

 

Complaisance de la communauté internationale

Aussi complaisante, la communauté internationale n’est au courant du jeu qui se déroule à Kidal. Elle n’ignore pas non plus les liens entre le Hcua et Iyad, censé être traqué. « Ce qui nous préoccupe et commence à nous agacer franchement, c’est le double jeu du Hcua. C’est un des groupes signataires des accords d’Alger, mais en même temps, clairement, il n’hésite pas à afficher une forme de proximité avec Iyad Ag Ghaly et Ansar Dine (djihadistes) », avait déclaré, en juin dernier, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Mais cette dénonciation n’a changé en rien le soutien de la France à la Coordination des mouvements de l’Azawad.

Les autres partenaires du Mali ne pipent pas un mot sur cette duplicité avérée du Hcua. En réalité, ce soi-disant Haut conseil et, au-delà l’ensemble des mouvements affiliés à la CMA, bénéficient de la couverture bienveillante de cette communauté internationale. Ici, on ne reviendra pas sur les actions entreprises par la Minusma pour desserrer l’étau chaque fois que celui-ci se resserre sur les rebelles de Kidal. Aussi, le soutien du voisin algérien aux meneurs de la rébellion n’est plus à démontrer. Le médiateur algérien protège, conseille et téléguide spécifiquement les principaux responsables du Hcua. Certaines indiscrétions indiquent même qu’Iyad Ag Ghaly est caché quelque part entre le Mali et le territoire algérien.

En conclusion, tant que la CMA et quelques groupes de personnes continuent à régner sur Kidal et à faire de la rébellion un fonds de commerce ; tant que la communauté internationale continuera a fermé les yeux sur cette situation ; et enfin tant que les autorités maliennes n’auront pas le courage de dénoncer ce banditisme à col blanc qui prévaut à Kidal, aucune paix n’est possible au nord du Mali. Et cette localité continuera à être prise en otage par des bandes.

I B D

L’Aube

 

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