Il n’y a nul besoin aujourd’hui de la formation d’un gouvernement dit de large ouverture si ce n’est là que la concrétisation du plan machiavélique de partition de fait de notre pays. Il faut le dire sans cesse, au lieu d’un gouvernement fourre tout, il faut des hommes propres, compétents et crédibles pour sauver notre pays. Les concertations donc la meilleure solution au mal chronique malien. Mais il ne faut pas se le cacher, les cadres que le peule aura à choisir doivent avoir présent à l’esprit que le Mali est un grand pays, pauvre économiquement et humilié par des décennies de turpitudes politiciennes à l’antipode des intérêts populaires.
Force est de rappeler que l’élection d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) est intervenue en 2013 dans un contexte de désarroi généralisé, non sans raison. La gestion antipopulaire et anti intellectuelle du général Moussa Traoré a conduit à un soulèvement populaire national en 1990. La suite n’a échappé à personne: Moussa est arrêté à Koulouba, un 26 mars 1991 après qu’il a affamé notre peuple, fait couler son sang et vilipender les travailleurs maliens en quête d’un meilleur avenir et d’une dignité perdue.
Le mouvement dit démocratique, promettant au peuple malien le changement, a pris en mains les affaires de notre pays. Une transition de quatorze mois a posé les jalons d’une gestion chaotique de nos affaires par des femmes et des hommes qui ont crié à l’honneur et à la dignité du Mali sur tous les toits mais qui n’avaient que faire de la défense des intérêts supérieurs de nos masses laborieuses.
Il suffit de se demander pourquoi le mot d’ordre de Kokadjè, qui avait mobilisé tout un peuple contre le général oppresseur, a été abandonné comme une peste dans le désert.
Dès lors, les gens qui se faisaient passer pour des démocrates ont planté le décor macabre de la haute trahison de ce peuple. Au lieu d’intenter un procès ‘’crimes de sang’’ exemplaire contre Moussa Traoré et compagnons, lesdits démocrates ont enfermé notre peuple dans un procès sans queue, ni tête et sans issue pour notre peuple qui a sacrifié de ses valeureux enfants. Ce procès-farce contre Moussa s’était fondé sur la fallacieuse question double de savoir ‘’qui a tiré et qui a donné l’ordre de tirer’’. L’issue n’a échappé là aussi à personne : Moussa Traoré a été condamné à mort pour vivre sa retraite dorée converti en ‘’musulman bon teint’’.
Tout le procès a visé à amuser la galerie parce que le sang de nos enfants a coulé sur notre sol. Alpha élu, comme pour lever un pan de ce qu’il a tramé contre nos femmes et enfants, le voilà communier la peine de mort du bourreau des masses laborieuses de notre pays en prison à perpétuité.
Une façon de se moquer de celles et de ceux qui ont donné leur vie pour l’avènement d’un Mali nouveau épris de paix et de justice sociale. En tous cas, Alpha a clos ses dix longues années à la tête du Mali laissant derrière lui un peuple en désarroi sans espoir d’un changement véritable.
ATT, qui n’était d’aucun parti politique, a succédé à Alpha Oumar Konaré à la suite d’élection présidentielle dont les dessous ne seront peut-être jamais connus de nos masses laborieuses. Pendant neuf (09) ans et huit (08) mois passés à la tête de l’Etat malien, ATT a abreuvé les masses populaires maliennes de contes, de devinettes et d’opium aux odeurs nauséabondes. Pendant ce temps, le peuple malien a continué à s’enfoncer dans le labyrinthe de l’histoire en dépit des phraséologies creuses connues de nos politiciens. Les événements du 22 mars 2012 étaient accueillis par tous ceux qui aiment le Mali comme un don de Dieu.
Enfin, les Maliens s’attendaient à ce que les militaires fassent le nettoyage vivement sollicité par tout un peuple. Comme pour dire que le coup d’Etat contre ATT avait fait naître en notre peuple, un espoir enterré depuis le criminel coup d’Etat militaire du lieutenant Moussa Traoré contre le régime nationaliste de Modibo Keïta.
Hélas, en jeunes sans expériences politiques, les militaires patriotes, censés redonner confiance à notre peuple, ont cédé devant leur devoir et cela sous la foudre de guerre de celles et de ceux qui ont passé toute leur vie a sucé le sang du peuple travailleur du Mali. Ceux-ci, sachant qu’ils ne pouvaient compter sur le soutien d’un peuple qu’ils ont spolié leur vie durant, n’avaient d’autres que de demander à leurs amis de la CEDEAO d’imposer un embargo à notre pays et à leurs consciences françaises d’intervenir militairement dans notre pays au motif de donner un coup d’arrêt à l’avancée des djihadistes vers le centre et donc le Sud du Mali. Mais personne n’ose poser le problème de la phagocytose de notre armée en vue d’en situer toutes les responsabilités.
La gestion d’IBK, une affaire de famille biologique
Après une transition colmatée, IBK est arrivé aux affaires avec un score édifiant de 77,66% des suffrages exprimés. Ce score, faudrait-il le rappeler, était l’expression du ras-le- bol de nos masses populaires fourrées dans la merde de politiciens sans foi ni loi. Hélas ! Celui-ci, qui avait porté sur ses épaules l’espoir de tout un peuple, a échoué presque dans tous les domaines. On pourrait même dire qu’au regard des nominations de femmes et d’hommes désavoués par notre peuple à la tête de nos affaires, IBK n’a pas pour gage de soulager les souffrances des masses travailleuses de notre peuple.
Le résultat d’un tel immobilisme politique est de plus en plus à la portée de tout le monde : IBK a déçu ses élections, le peuple travailleur du Mali. Faisant de sa gestion une affaire de famille politique et surtout biologique, IBK peut de moins en moins compter sur une opposition transhumante en quête de quoi brouter sans étant d’âme aucun.
D’autre part, si la France coloniale en veut à ATT par rapport à son mutisme sur la question libyenne, et si donc elle ne verrait pas mal un coup d’Etat se réaliser contre lui, son ambivalence serait de savoir qui doivent traiter avec elle. Amadou Haya Sanogo, vraisemblablement, n’est pas l’homme acquis à la cause de cette métropole coloniale. L’on sait qu’il (le mal aimé de la France) s’est battu pour qu’IBK soit élu à la tête de la présidence de la République. Celui-ci ayant tout le soutien du peuple malien, la France s’est trouvée devant le vin tiré qu’il fallait boire. Selon toute vraisemblance, IBK n’est pas le premier choix de la France.
Au regard de l’accord d’Alger et de son application sur le terrain, et ne pouvant prévoir les réactions futures du peuple combattant du Mali, la France est dans un flou incertain. Surtout, il ne faut pas oublier un seul instant qu’IBK occupe le fauteuil des amis de gouvernants français même si De Gaulle a l’habitude de dire que la France n’a pas d’amis mais qu’elle a des intérêts.
Visiblement donc, IBK se trouve dans une impasse totale.
De plus en plus, ’’l’opposition’’ demande la tenue des concertations nationales en vue de ‘’sauver’’ le Mali du naufrage en marge. Ces concertations sont aujourd’hui présentées par ceux qui animent cette opposition comme la seule alternative pouvant permettre aux Maliens de s’asseoir et de se parler.
Mais à lire dans cette demande incessante d’une tenue des concertations nationales, l’on ne peut s’empêcher d’imaginer un scénario de récupération du pouvoir par les animateurs de ladite opposition. En tout cas, il apparait de plus en plus clairement que les responsables de cette opposition se battent comme de beaux diables pour se remettre en selle et avoir la mainmise sur les maigres ressources du peuple malien. Mais, nul doute que le chaos du Mali est leur œuvre à eux, c’est-à-dire à toutes ses femmes et tous ses hommes remorqués en leur temps par Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré (ATT).
Ceux qui se battent aujourd’hui pour la tenue desdites concertations sont ceux- là mêmes qui les avaient répugnées comme des gênes de peste.
Nous disons donc qu’il faut les concertations nationales qui ne seront pas pilotées par la France et ses suppôts maliens, mais par et pour ceux qui ont enduré dans leur chair et conscience les affres de la «démocratie malienne» qui tue la démocratie.
De son côté (et peut-être là il y a la pression de la France), IBK a déjà remanié 6 fois son gouvernement. Comment qualifier cette attitude du président de la République si ce n’est qu’elle est incontestablement l’expression parlante de l’instabilité politique à son paroxysme !
En tout cas, trois (03) Premiers ministres en trois ans d’exercice du pouvoir, c’est déjà trop. Surtout le changement tant réclamé par le peuple malien se fait toujours et encore attendre !
Il n’y a nul besoin aujourd’hui de la formation d’un gouvernement dit de large ouverture si ce n’est là que la concrétisation du plan machiavélique de partition de fait de notre pays. Il faut le dire sans cesse, au lieu d’un gouvernement fourre tout, il faut des hommes propres, compétents et crédibles pour sauver notre pays. Les concertations donc la meilleure solution au mal chronique malien. Mais il ne faut pas se le cacher, les cadres que le peule aura à choisir doivent avoir présent à l’esprit que le Mali est un grand pays, pauvre économiquement et humilié par des décennies de turpitudes politiciennes à l’antipode des intérêts populaires.
Pour sauver le Mali, il faut des efforts nationaux opiniâtres, l’application d’une politique nationaliste diligente et d’économie, une politique qui implique une stricte économie nationaliste et la lutte contre le gaspillage, la délinquance financière, le népotisme, la corruption et la surfacturation.
Fodé KEITA
Source: Inter de Bamako