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Édito : En ce début de millénaire

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Le lundi 3 octobre, les enfants ont repris le chemin de l’école. C’est la rentrée des classes. Cependant, pas pour tout le monde ; seulement, pour les deux cycles de l’école fondamentale. Décidément, l’école malienne peine à trouver ses marques. Les admis au diplôme d’études fondamentales(DEF) attendent encore pour connaître les orientations qui leur seront réservées. Les bacheliers de l’année en cours, sans grande conviction, ont commencé à s’inscrire, très timidement, dans des facultés dont la plupart n’ont pas encore bouclé l’année universitaire 2015-2016.

Pourtant, depuis juin-juillet derniers, le ministère de l’Education nationale ne cesse de se délivrer des satisfécits : il a réussi à organiser des examens sans fraude et le taux de réussite aux différents examens est en hausse par rapport à celui de l’année dernière. Pour autant, faut-il voir, dans ces indicateurs, des signes de sortie de crise ? Assurément, non. Et cela, pour une seule raison : nos décideurs n’ont pas encore, à ce jour, cerné la véritable raison de la crise que traverse notre système éducatif.

Certes, l’on ne saurait ignorer les efforts consentis : recrutement de 3 857 enseignants fonctionnaires des collectivités territoriales, intégration de 407 enseignants des écoles communautaires dans la Fonction publique des collectivités territoriales, construction et équipement de 792 salles de classes pour l’enseignement fondamental, réhabilitation de 200 salles, réalisation de 111 points d’eau… Dans le supérieur, la ministre en charge du département a réuni, dans le courant de la semaine écoulée, ses collaborateurs pour réfléchir sur l’organisation d’une bonne rentrée et des grands espoirs sont fondés sur l’ouverture prochaine du complexe de Kabala.

Cependant, les résultats sont franchement mauvais. Pour des milliards qui sont investis, les taux de réussite, dans les ordres d’enseignement fondamental et secondaire sont les suivants : 30, 02 au DEF, 24, 04 au baccalauréat général, 23, 74 au baccalauréat technique, 37, 43 pour le CAP, 48, 18 pour le BT. Nulle part, la barre des 50% n’est atteinte. Voilà qui devrait susciter réflexion : les investissements consentis sont suffisamment importants pour des taux de déperdition dépensant les 75% de l’effectif engagé à un examen comme le baccalauréat.

L’on ne saurait contester une réalité : l’instauration du multipartisme avec l’apparition des présidents démocratiquement élus a contribué à plonger notre système éducatif dans une situation des déplorables. Ce ne sont pas les essais de sortie de crise qui ont manqué. Successivement, de 1991 à 2014, nous avons connu : le Débat national, la Nouvelle Ecole Fondamentale, le PRODEC, le Forum national sur l’éducation, la Concertation nationale sur l’avenir de l’enseignement supérieur au Mali. Mais la crise perdure. Beaucoup de résolutions, beaucoup d’engagements, mais aucun résultat concret.

Nous en sommes arrivés à une telle situation parce que nous avons abdiqué. De 1962 à 1988, le système éducatif, revu à la lumière de la Réforme intervenue sous la Première République a fait l’objet d’évaluations constantes menées par des cadres nationaux appartenant au secteur de l’Education : Premier Séminaire sur l’Education, le Séminaire des cadres sur l’éducation, le Deuxième séminaire sur l’Education, les Etats Généraux sur l’Education. Aujourd’hui, les réflexions sont inspirées par les PTF, les très puissants Partenaires Techniques et Financiers. Ce sont eux qui possèdent l’argent et ils en usent pour nous imposer ce qui, selon eux, nous convient. Sous leur impulsion, nous nous sommes focalisés sur le TBS, Taux Brut de Scolarisation : par tous les moyens, il fallait l’augmenter. Nous y avons réussi, mais au détriment de la qualité de la formation. Aujourd’hui, des étudiants atteignent le niveau du Master mais ne savent pas construire cinq phrases correctes de suite. Des professeurs exercent en classe, dans le secondaire comme dans le supérieur, en n’ayant pas les compétences nécessaires pour enseigner. Il n’est pas surprenant que dans le supérieur, certains d’entre-deux, au lieu de se perfectionner, de s’améliorer pour comprendre les programmes, en arrivent à les modifier  pour les adapter à leur compréhension.

Les causes de la crise ont été diagnostiquées. Mais le diagnostic reste incomplet. Aussi, les solutions apparaissent-elles comme qui appliquerait le cautère sur une jambe de bois. En effet, l’on a recensé : le manque d’infrastructure, d’équipement, de matériel didactique et  pédagogique, les effectifs pléthoriques pour un personnel enseignant pratiquement inexistant. L’on trouverait la solution à toutes ces insuffisances que le problème resterait entier. La solution dépasse la seule initiative gouvernementale. Elle passe par une décision prise en concertation avec le peuple. Il ne s’agira plus d’imposer à la Nation, passive, des solutions inspirées par les bailleurs de fonds pompeusement nommés PTF, mais de faire à appels à nos propres capacités d’abstraction et de réflexion pour répondre aux deux questions suivantes : en ce troisième millénaire, quelle école nous faut-il et que faire pour donner forme et densité à cette école ?

La Rédaction

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