En plébiscitant, par 239 contre 10 sur 249 suffrages exprimés, l’avant-projet de Constitution, l’Assemblée nationale ivoirienne a pris la lourde décision de faire dos à la Constitution en vigueur pour ouvrir la voie à l’avènement de la IIIème République. Reste que le projet de la nouvelle Loi Fondamentale au pays d’Houphouët Boigny, sera désormais soumis au vote souverain du peuple. Lequel aura toute la latitude de se prononcer pour ou contre au référendum du 30 octobre prochain.
Dans l’hypothèse de la victoire du Non, le pouvoir a d’ores et déjà indiqué qu’il tirerait les conséquences politiques. Mais, afin que cela soit possible, il faudrait que l’opposition ivoirienne, plus que jamais, arrive à mobiliser davantage son électorat. Une tâche qui lui apparaît très difficile lorsque l’on se réfère au paysage politique actuel de la Côte d’Ivoire. En revanche, si c’est le Oui qui l’emporte, la IIIème République promet de grands changements institutionnels dans le pays. Lesquels vont de la création d’une chambre de Sénat à la constitutionnalisation de l’éducation (qui devient obligatoire), l’égalité des sexes. Mais aussi, même si les conditions d’éligibilité pour la présidentielle sont assouplies et dépouillées de toute discrimination (comme ce fut précédemment le cas), le fait très notable dans la nouvelle Loi Fondamentale est incontestablement la création du poste de Vice-président dont l’occupant devient de facto, le dauphin constitutionnel.
Ce qui rend la vie politique ivoirienne très intéressante lorsque, pour la période intérimaire (avant la prochaine présidentielle), il est permis à l’actuel Président, Ouattara d‘avoir la coudée franche pour désigner son successeur. A telle enseigne que la conjoncture politique pose de grandes interrogations et promet dans quelques semaines des surprises.
D’ores et déjà, l’ivoirien lambda est en train de spéculer sur le nom du successeur du Chef de l’Etat. Et les noms de deux figures politiques ivoiriennes de premier plan circulent : Bakayoko et Soro.
Le premier est considéré actuellement, après le Président de la République, comme l’homme fort de l’exécutif. Il occupe le fauteuil du ministre de l’Intérieur et de la Sécurité intérieure. On estime qu’il est aujourd’hui très proche du numéro Un ivoirien. Toutefois, le Président de l’Assemblée nationale demeure l’homme de confiance de Ouattara (si l’on se réfère aux récents propos de Soro). Depuis la chute de Gbagbo, les deux hommes dirigent en tandem la Côte d’Ivoire. Il n’est donc pas exclu qu’il quitte le perchoir pour occuper le fauteuil de Vice-président ivoirien. Cette hypothèse semble plausible. Car cela permettra à Soro, en cas de démission de Ouattara, de devenir, sans être élu, le Président constitutionnel de la Côte d’Ivoire. Mais que sait-on, le Président Ouattara pourrait créer la surprise en nommant un cadre du PDCI-RDA. Cela éviterait au RHDP (la coalition au pouvoir) de ne pas exploser avant la présidentielle de 2020.
Par Le Challenger du 15- oct 2016