Depuis 2013, le Sénégal est candidat à l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE). Une norme internationale qui oblige les 140 pays qui y ont adhéré à publier tous les contrats, les gains de ces activités. Pour y arriver, la règle est claire : Etat, entreprises et société civile doivent travailler ensemble. Au Sénégal, c’est dans un contexte de tensions au sein de la classe politique, de vives critiques de l’opposition dans la gestion des dossiers gaziers, de rumeurs et de fantasmes aussi que le deuxième rapport ITIE vient d’être publié.
Avec notre correspondant à Dakar, Guillaume Thibault
Ce rapport couvre l’année 2014. Le Sénégal, qui a engrangé 117 milliards de francs CFA de recettes, est un pays « jeune » en matière d’industries extractives. Et pour le moment, ce n’est ni le gaz ni le pétrole, mais le secteur minier qui contribue à 90% de ces recettes, comme l’explique Ismaïla Madior Fall, président du comité national ITIE : « Le secteur minier reste encore le grand contributeur. On produit un peu de gaz, mais il n’y a pas encore de production pétrolière au Sénégal ».
En 2014, les industries extractives représentaient ainsi moins de 6% des recettes de l’Etat, 1,4% du PIB et 0,2% des emplois à l’échelle nationale. Une donne qui va sans doute évoluer avec la découverte d’immenses champs gaziers.
Seydi Gassama, d’Amnesty International, participe aux travaux sur la norme ITIE. Pour lui, cette recherche de transparence doit se jouer aussi à l’Assemblée nationale : « Le peuple sénégalais doit saisir le processus de réforme du code minier. Tous ces hommes d’affaires qui sont des spéculateurs – ce n’est pas seulement les hommes d’affaires étrangers, mais des Sénégalais – ne prennent pas des licences pour zéro franc et ensuite les revendent en bourse et encaissent des milliards sans payer des impôts à l’Etat du Sénégal. C’est ça le vrai débat aujourd’hui ».
Président du comité national ITIE, Ismaïla Madior Fall appelle les acteurs à se documenter sur les contrats notamment gaziers : « Si on veut qu’il y ait un débat sain sur les questions de pétrole et sur les questions de gaz, il faudrait qu’on fasse en sorte que les parties prenantes puissent avoir l’information. C’est pour ça que j’en appelle au renforcement des capacités ».
Pour aller vers cette transparence, le comité ITIE va publier une version pédagogique, simplifiée de son rapport. Une version traduite en langues locales qui sera diffusée pour permettre un débat avec toutes les couches de la population.
Par RFI