En annonçant la reprise de l’enquête sur la messagerie privée de Hillary Clinton, le directeur du FBI, James Comey, se trouve dans une difficile position. Nombre de juristes estiment qu’il n’aurait pas dû l’annoncer publiquement, si près de l’élection. Mais c’est au niveau politique que les réactions sont les plus tranchées : jadis couvert d’éloges par les démocrates pour son impartialité, le directeur du FBI se voit aujourd’hui pratiquement accusé de trahison, alors que les républicains qui le jugeaient biaisé saluent au contraire son courage.
Avec notre correspondant à Washington, Jean-Louis Pourtet
Lorsqu’en juillet dernier James Comey avait recommandé après une enquête d’un an que Hillary Clinton ne soit pas poursuivie, les démocrates avaient poussé un soupir de soulagement. Le directeur du FBI était devenu leur héros, alors que les républicains maudissaient sa décision et l’accusaient d’avoir cédé aux pressions de l’administration Obama.
Renversement de situation aujourd’hui : ce sont les républicains qui le félicitent pour relancer l’enquête, alors que les démocrates sont rouges de colère et lui reprochent de s’ingérer dans la campagne en semant le doute sur l’honnêteté de leur candidate à 11 jours de l’élection.
Comey, qui a agi en dépit de l’opposition de sa patronne, la ministre de la Justice, a estimé qu’il était de son devoir d’informer le Congrès, comme il avait promis de le faire, si toute information nouvelle faisait surface.
Le problème, c’est que l’on ne saura pas avant l’élection si les courriels de Huma Abedin, la confidente de Hillary Clinton, avaient un quelconque rapport avec les emails de l’ancienne secrétaire d’Etat. Donald Trump affirme sans preuve que oui, mais selon Time et le Los Angeles Times, il n’y aurait aucun lien.
■ Clinton minimise l’affaire, Trump tente de se relancer
Hillary Clinton a passé la journée de samedi en Floride où Donald Trump a une toute légère avance de deux points. Et impossible pour elle de ne pas mentionner le dernier rebondissement dans l’affaire des emails. « C’est bien étrange de faire une telle annonce, avec si peu de détails juste avant une élection, a-t-elle déclaré. En fait, ce n’est pas seulement étrange, c’est sans précédent et c’est profondément troublant. »
Trump était lui dans le Colorado et en Arizona, profitant au maximum du coup de pouce que lui a donné, même involontairement, le patron du FBI, en ajoutant un élément d’incertitude dans l’élection. Le milliardaire a ainsi multiplié les attaques contre Hillary Clinton, constamment interrompu par une foule enthousiaste hurlant « Enfermez-la ». Il a aussi promis de mettre fin à la corruption dans le gouvernement : « Quand nous gagnerons le 8 novembre, nous irons à Washington et nous allons assainir le marécage. »
En dépit de l’enthousiasme retrouvé de Donald Trump et de ses partisans, leur chance de l’emporter reste faible car l’élection se gagnera dans les Etats clés, et Hillary Clinton dispose d’un solide avantage au collège électoral qui élit le président des Etats-Unis.
Par:RFI