– Un noyau dur de 9 ministres toujours présents
En trois ans de pouvoir, le Président IBK aura nommé trois Premiers ministres pour 6 gouvernements composés au total 191 postes animés par 67 personnes dont seulement 12 femmes. Au fil du temps, un noyau dur s’est constitué, composé de 15 ministres qui peuvent se prévaloir d’une longévité certaine dont 9 ministres qui ont siégé aux différents gouvernements sans discontinuer. En d’autres termes, ces 9 ministres encore en poste – dont une femme – faisaient partie de la première équipe mise en place par le Président IBK, notamment suite à la nomination du premier chef du Gouvernement de l’ère IBK, Oumar Tatam Ly. Mais un ministre sort du lot et bat le record de présence au sein du Gouvernement car il était aussi membre de l’équipe du Pr Dioncounda pendant la Transition. Et il est resté très fidèle au Département qui lui était confié depuis lors. Détails et précisions.
Le 5 septembre 2013, soit quelques jours après son investiture, le Président IBK déjouait tous les pronostics en nommant Oumar Tatam Ly au poste de Premier ministre. Cet agrégé d’histoire devenu banquier était en poste à la Banque centrale des Etat de l’Afrique de l’ouest (Bceao) à Dakar, où il retournera au bout de sept mois passés à la Primature. En effet, il a rendu sa démission le 5 avril 2014, quatre mois après avoir reçu du chef de l’Etat l’assurance de sa confiance à l’occasion de la cérémonie de présentation de vœux, le 14 janvier 2014.
Le gouvernement du Premier ministre Oumar Tatam a été formé le 8 septembre 2013. Il comptait 34 membres. Plus précisément, il était composé de 29 ministres et 5 ministres délégués. Cinq autres gouvernements suivront : celui de Moussa Mara le vendredi 11 avril 2014 avec 31 membres ; le premier de Modibo Keïta avec le Décret 2015-0004/P-RM du 10 janvier 2015 comptant 29 ministères ; le deuxième de Modibo Keïta avec le Décret n° 2015-0603/P-RM du 24 septembre 2015 formé de 31 ministères ; le troisième de Modibo Keïta avec le Décret n°2016-0022/P-RM du 15 janvier 2016 comptant 32 ministères et enfin le quatrième de Modibo Keïta avec le Décret n° 2016-0510/P-RM du 07 juillet 2016 avec 34 ministères. Ce qui fait un total de 191 postes, non compris ceux des trois Premiers ministres.
Mais cela n’équivaut cependant pas à 191 ministres car, dans cette valse gouvernementale, il se trouve des ministres qui savent bien danser au pas pour ne rater ni le tempo ni l’enchainement. En d’autres termes, des ministres ont participé à plusieurs gouvernements sans discontinuer, alors que d’autres sont sortis pour revenir par la suite. Des revenants en quelque sorte. Comme aussi, il y a des moins fortunés, éjectés de leur fauteuil ministériel, à peine le temps de s’y accommoder. Sans compter les bleus, qui soignent bien le sourire et le bout de la cravate à chaque fois qu’ils sont devant les caméras, pour que tout le monde voie bien et retienne qu’ils sont devenus ministres. Tout le contraire des anciens qui sont blasés dans pareils cas parce qu’habitués à être ainsi projetés sous les lambris dorés de la vie nationale quotidienne.
En tout, sur l’ensemble des six gouvernements, les 191 postes ministériels prévus ont été animés par 64 cadres dont seulement 12 femmes. Elles étaient quatre dans le gouvernement Oumar Tatam Ly: Mme Boiré Fily Sissoko, ministre de l’Economie et des finances, au 4è rang selon l’ordre de nomination des ministres ; Mme Sangaré Oumou Ba, ministre de la Promotion de la Femme, de la Famille et de l’Enfant (18è rang) ; suivie aussitôt de Mme Togola Jacqueline Marie Nana nommée à l’Education nationale et enfin Mme Berthé Aïssata Bengaly, ministre de l’Artisanat et du Tourisme. Elles vont encore siéger dans le Gouvernement de Moussa Mara, en même temps que Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo nommée à la Culture. Ce qui portait le nombre de femmes ministres à cinq au sein du Gouvernement Mara.
Il faut préciser que Mme Sangaré Oumou Ba est restée depuis lors au sein du Gouvernement, tout comme Mme N’Diaye Rama Diallo qu’il a rejointe par la suite au sein de l’attelage gouvernemental. Avec les différends gouvernements du Premier ministre Modibo Keïta, d’autres femmes se joindront à elles : Mme Diarra Racky Talla, ministre de la Fonction publique, de la réforme de l’Etat et des relations avec les institutions ; Madame Marie Madeleine Togo, ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique ; Mme Sanogo Aminata Mallé, ministre de la Justice, Garde des Sceaux ; Pr Assétou Founè Samaké Migan, ministre de la Recherche Scientifique puis avec adjonction de l’Enseignement supérieur ; Mme Traoré Seynabou Diop, ministre de l’Equipement, des transports et du désenclavement ; Madame Keita Aida M’BO, ministre de l’Environnement, de l’assainissement et du développement durable ; Mme Nina Walet Intallou, ministre de l’Artisanat et du tourisme. Ce qui fait 12 femmes.
Rappelons que c’est le Gouvernement Oumar Tatam Ly qui a initié la saisine de la Haute cour de justice pour le cas ATT afin d’étudier sa mise en accusation de “Haute trahison”. Le dossier était monté par le ministre de la Justice Garde des Sceaux d’alors, Me Mohamed Ali Bathily, qui était tête de liste, lors de la nomination des ministres de ce premier gouvernement sous IBK. Même si depuis lors Bathily est resté dans l’équipe gouvernementale en héritant par la suite du strapontin de ministère des Domaines de l’Etat et des affaires foncières, il se trouve ravalé maintenant au 13è rang.
Soumeylou Boubèye Maïga, qui venait dans l’ordre protocolaire après Me Bathily, animait le Département de la Défense et des anciens combattants qu’il quittera quelques mois plus tard pour être remplacé par le colonel Ba N’Daou. C’était sous le Premier ministre Moussa Mara, nommé par le Président IBK contre toute attente pour succéder à Oumar Tatam Ly. Mara était dans l’équipe de son prédécesseur comme ministre de l’Urbanisme et de la politique de ville. Il était au 17è rang sur la liste des ministres. Il avait participé à la Présidentielle remportée par IBK et avait obtenu 1,5% des suffrages. Sa nomination, relevant du domaine discrétionnaire du Président de la République, avait surpris la classe politique et dans les rangs du parti au pouvoir, la colère se cachait mal.
Mais Mara aura tenu 9 mois, affrontant l’opposition dans le cadre de sujets brûlants, notamment concernant de présumés scandales financiers sur l’achat de l’avion présidentiel à 20 milliards de nos francs et un marché d’entente directe d’acquisition de matériels militaires à près de 70 milliards Fcfa. A l’occasion d’une motion déposée à l’Assemblée contre lui, on retient de ses réponses son fameux ” nté, nté yôrôssi ! “. Il a passé 9 mois à la Primature avant de partir et les députés de l’opposition n’ont pas eu le temps de lui répondre : “Mara, i t’aara !”.
Dans son gouvernement, Moussa Mara avait supprimé les postes de ministres délégués créés par son prédécesseur et deux des ministres concernés gagnaient du galon en devenant des ministres à part entière, tout en gardant leur portefeuille: Thierno Hass Diallo, ministre des Affaires religieuses et du culte et Moustapaha Ben Barka, ministre de la Promotion des investissements qui a même gagné l’Industrie en plus. Thierno Oumar est resté fidèle au poste car jusqu’à présent il est ministre des Affaires religieuses et du culte. Tandis que Ben Barka, sorti du gouvernement au départ de Moussa Mara, s’est retrouvé secrétaire général adjoint de la Présidence de la République avec rang de ministre.
Au total, huit personnalités avaient fait leur entrée dans l’équipe de Moussa Mara qui comptait cinq femmes et plusieurs ministres de la précédente équipe conservaient leur portefeuille dans le nouveau Cabinet.
Précision importante : c’est avec l’arrivée de Moussa Mara que les deux ministres proches du putschiste Sanogo, tous deux des officiers Généraux, notamment Moussa Sinko Coulibaly et Abdoulaye Koumaré, ont été éconduits du Gouvernement au sein duquel ils siégeaient depuis la Transition présidée par Dioncounda. Par ailleurs, des six ministres de la Transition récupérés par le Président IBK dans le premier gouvernement Oumar Tatam Ly, seul Abdel Karim Konaté, communément appelé “Empé”, reste encore dans le Gouvernement et déteint ainsi le record de longévité, aussi bien pour sa présence comme ministre que pour sa durée à la tête du ministère du Commerce.
A l’heure actuelle, 9 ministres, qui forment un noyau dur du Gouvernement, ont traversé les vagues des remaniements pour rester aux affaires depuis Oumar Tatam Ly jusqu’à Modibo Keïta : Me Mohamed Ali Bathily, Mahamane Baby, Ousmane Koné, Hamadoun Konaté, Boubou Cissé, Abdourahmane Sylla, Abdel Karim Konaté, Thierno Amadou Oumar Hass Diallo et la seule femme dans ce groupe : Mme Sangaré Oumou Ba.
On peut y ajouter les ministres arrivés dès le deuxième gouvernement et qui sont encore dans l’équipe : Me Mountaga Tall, Abdoulaye Diop, Abdoulaye Idrissa Maïga, Hussein Amion Guindo, Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo. Ce qui porte le groupe à 14 sur 34 ministres que compte le Gouvernement. Ce qui prouve qu’au fond de l’écume des réaménagements, on a préservé un socle de stabilité. Sans compter Tiéman Hubert Coulibaly, entré depuis la Transition et sorti il y a peu. Au contraire de ceux-ci, il y en a qui n’ont fait qu’un bref séjour dans le Gouvernement sous IBK : Ousmane Ag Rhissa (Environnement et assainissement), Moustapha Dicko (Enseignement supérieur et Recherche scientifique), Madani Touré (auprès du ministre de l’Economie et des Finances, chargé du Budget), Mahamadou Camara (Economie numérique, information et communication), Mme Sanogo Aminata Mallé (Justice, garde des Sceaux).
Il y a aussi les revenants : ils ont sortis pour revenir par la suite. C’est le cas de Malick Alhousseyni (chargé de la Décentralisation sous Tatam Ly avant de revenir comme actuel ministre de l’Energie et de l’eau sous Modibo Keïta) et Nango Dembélé (ministre délégué sous Oumar Tatam Ly avant de revenir comme actuel ministre de l’Elevage et de la pêche sous Modibo Keïta).
Chez les Premiers ministres, Modibo Keïta bat le record de présence à la Primature car Oumar tatam Ly a fait 7 mois, Mara 9 mois, mais Modibo est encore au poste depuis qu’il a été nommé par Décret n°2015-003/P-RM du 8 janvier 2015.
Par:Aujourd’ui-Mali