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Emails de Clinton: à J-8, le directeur du FBI dans l’oeil du cyclone

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A huit jours de la présidentielle américaine, à en croire les sondages, l’écart se réduit entre les deux candidats Hillary Clinton et Donald Trump. La relance de l’affaire des emails n’y est pas pour rien. Le directeur du FBI se trouve désormais au centre d’une controverse qui dépasse le clivage républicains/démocrates. Certes, dans le camp Trump on se réjouit de cette nouvelle affaire, mais James Comey est par ailleurs très critiqué.

Avec notre correspondante à Washington,  Anne-Marie Capomaccio

C’est comme si James Comey était brusquement tombé de son piédestal. Cet homme de 56 ans, enregistré comme républicain, avait acquis une réputation d’indépendance à toute épreuve après avoir critiqué les méthodes Bush pendant la guerre en Irak. C’est ainsi que le démocrate Barack Obama l’a choisi en 2013 pour prendre la tête de l’agence de renseignements. Un mandat de dix ans irrévocable.

Pourquoi James Comey s’est-il exprimé si près de l’élection, contre l’avis de son ministre de tutelle, contre la règle de non-ingérence dans la politique, et surtout sans savoir, il l’avoue lui-même, ce que contiennent les messages découverts dans l’ancien ordinateur de la collaboratrice d’Hillary Clinton ?

Aujourd’hui, une centaine de responsables de la justice signent une lettre, dénonçant « une faute grave » qui peut influencer l’issu du scrutin de mardi. L’ancien ministre de la Justice de Georges Bush, Alberto Gonzales, est de ceux-là : « On ne commente pas une enquête, car ses commentaires peuvent mettre en péril l’investigation. C’est un piège dans lequel il s’est lui-même enfermé ! Car maintenant les gens demandent des informations sur les émails. On veut savoir ce qui se passe ! »

L’angoisse démocrate

La première conséquence objective est un tassement de la cote d’Hillary Clinton dans l’Etat-clé de Floride. Mais Hillary Clinton peut gagner la présidentielle en perdant la Floride, si elle l’emporte en Caroline du Nord et en Pennsylvanie.

Après plusieurs jours de silence, la candidate a fini par aborder le sujet dans ses meetings. Elle se garde d’attaquer directement le directeur d FBI, mais elle tente de rassures ses supporters, et surtout les electeurs indécis qui pourraient changer d’avis. « Je sais que nombreux d’entre vous se demandent ce qu’est cette nouvelle affaire “des émails” et pourquoi le directeur du FBI s’est immiscé dans une élection, sans aucune preuve de culpabilité, à quelques jours du vote ! C’est une bonne question, a-t-elle affirmé lors d’un meeting dans l’Ohio. Et je veux dire à ceux qui se sont préoccupés par mon serveur privé que je comprends, et comme je l’ai dit, je n’ai pas d’excuse, c’est une erreur et je le regrette. Mais là ils veulent examiner les emails d’une collaboratrice, et bien qu’ils le fassent. Car je suis sûre qu’ils arriveront à la même conclusion que l’an dernier avec mes emails… Il n’y a pas d’affaire ! »

De son côté, Donald Trump pavoise. Il passe l’essentiel de ses meetings à faire le procès de sa rivale, promet une crise politique grave si elle est élue, et félicite le directeur du FBI. « Je crois que nous avons le bon filon, comme disent les mineurs, a-t-il dit lors d’un meeting dans le Michigan. Hillary est celle qui a menti au Congrès sous serment. Hillary est celle qui a menti au FBI à plusieurs reprises, et ils le savent. Et je dois remercier le FBI car ce qui s’est passé était vraiment injuste au départ. Et il a fallu du cran au directeur Comey pour prendre cette décision, avec l’opposition à laquelle il fait face, avec tout ceux qui veulent la protéger d’un procès. Il lui a vraiment fallu du cran. Je ne l’aimais pas, mais je dois reconnaître qu’après ce qu’il a fait, il est remonté dans mon estime. »

Plus globalement, cette affaire des emails relancée aura-t-elle un effet sur les sondages ? Donald Trump atteint désormais 41,6% d’intentions de vote. Son adversaire est quant à elle est à 45%. Une courte avance qui semblait se rétrécir avant même ce nouveau rebondissement. « Cela prend toujours plusieurs jours pour voir l’effet d’une annonce dans les sondages, donc nous ne savons pas si cela a eu un effet, explique David Byler, analyste chez RealClearPolitics, site de sondage américain. Mais ce que nous savons, c’est qu’avant même cette nouveauté dans l’affaire des emails d’Hillary Clinton, la course se resserrait et on peut imaginer qu’il y aura des conséquences négatives sur les intentions de vote pour Hillary Clinton. Les sondages vont être de plus en plus serrés. Ce que l’on a pu voir durant cette campagne, quand l’histoire des emails est sortie c’est qu’elle est vraiment descendue dans les sondages, donc il est probable que cette histoire lui fasse à nouveau du tort. »

La Maison Blanche ne se prononce pas

Et l’analyste américain de rappeler que la campagne… n’est pas encore terminée : « Mais il y a aussi une grande inconnue : qu’est-ce qui nous attend encore cette semaine ? Parce que si Hillary Clinton a suffisamment de ressources pour faire des recherches sur Donald Trump, et bien nous ne savons pas ce qui pourrait encore sortir et ce serait l’occasion pour elle de raconter autre chose et de dépasser cette histoire d’emails. »

Pour l’instant, la seule conséquence véritablement visible, c’est l’angoisse qui étreint la campagne démocrate.

Quant à la Maison Blanche, sa voix est sans doute la seule, à une semaine de l’élection, à rester neutre dans ce qui est devenu « l’affaire Comey » autant que « l’affaire Clinton ». « Le président de croit pas que le directeur Comey ait tenté d’influencer le résultat de l’élection. Le président ne pense pas à une stratégie qui vise à aider un candidat ou un parti politique (…) Je ne critiquerai ni ne défendrai le directeur Comey », a déclaré le porte-parole de la présidence, Josh Earnest. Il a cependant insisté sur le fait qu’il existait une « tradition ancienne » selon laquelle il était préférable d’éviter de rendre publics des éléments sur une enquête en cours.

Par:RFI

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