L’Imam Mahmoud Dicko, président du Haut Conseil Islamique du Mali, a authentifié la lettre adressé à lui par Iyad Ag Ghaly, le chef de l’organisation terroriste Ansar-ed-Dine pour un cessez-le-feu avec l’Etat malien. «Cela faisait environ huit mois que nous discutions, par personne interposée ou par courrier, j’ai toujours cru qu’il était possible de trouver une solution. Car après tout, nous sommes tous les deux maliens, du Nord, et musulmans», a déclaré l’imam Dicko au journal Libération. Et malgré le refus de l’Etat malien et de la communauté internationale de négocier avec les jihadistes, l’option de discuter avec les jihadistes maliens, dans le cadre du processus de paix, a ses fervents défenseurs au Mali.
Le processus de paix est il en train de prendre un nouveau tournant ? Le weekend passé, la presse malienne a reçu une correspondance entre le président du Haut Conseil Islamique Mahmoud Dicko et du jihadiste malien Iyad Ag Ghaly. « Nous acceptons le cessez-le feu que vous nous avez demandé, ce qui entrainera l’arrêt des attaques armées sur toute l’étendue du territoire et surtout au nord du pays. L’application de ce cessez-le-feu avec bonne foi permettra d’assurer la sécurité des personnes et de leurs biens, favoriser la cohésion sociale, gage de la paix et de la stabilité. Ce cessez-le-feu tant attendu nous a été sollicité par votre auguste personne à plusieurs reprises sans succès. Par cette lettre, nous vous informons que nous acceptons votre demande et réitérons notre confiance et vous responsabilisons pour le suivi de l’application de ce cessez le feu », indique Iyad Ag Ghaly dans sa correspondance destinée à Mahmoud Dicko qui milite pour une négociation avec le leader d’Ansar-ed-Dine pour le règlement du conflit malien. Que peut-on espérer de l’offre du jihadiste malien ? Quelle suite le président du Haut Conseil va-t-elle réservée à cette correspondance ? Les acteurs impliqués dans le processus de paix au Mali vont –t- ils saisir cette main tendue d’Iyad Ag Ghaly ? Nos tentatives de joindre le tonitruant président du Haut Conseil Islamique pour mieux étayer ses propos sont restées vaines.
Nécessité de discuter avec les jihadistes maliens ?
Pour l’Etat malien et la communauté internationale, il n’est pas question de négocier avec les jihadistes maliens dans le cadre du processus de paix au Mali. Cela n’empêche que l’option est défendue par des politiques maliens. Interrogé sur la question, le Pr Ali Nouhoum Diallo, ancien président de l’Assemblée Nationale indiquait : « Iyad Ag Ghali et son disciple Amadou Koufa doivent être fréquentables au même titre que certains leaders des groupes armés engagés dans le processus de paix malgré les crimes qu’ils ont commis. » Soumaïla Cissé, le chef de file de l’opposition et président de l’URD, aussi, n’écarte pas la possibilité de négocier avec les jihadistes maliens. A la question de savoir s’il faut dialoguer avec certains jihadistes comme Iyad Ag Ghali pour la paix au Mali, il a déclaré: « peu importe l’interlocuteur pourvu qu’il soit crédible. » Et pour Tiébilé Dramé, le président du Parena, « il convient d’explorer la possibilité de parler avec les jihadistes maliens avant qu’il ne soit trop tard ». Selon lui : « il ne sert à rien de nous cacher derrière notre petit doigt, regardons plutôt la vérité en face. Nous avons aujourd’hui des Coulibaly, des Mamadou, des Tounkara, des Konaté dans les groupes jihadistes : ce sont nos frères maliens. Nous devons parler avec eux … Iyad Ag Ghali, Amadou Kouffa et les autres sont nos frères. C’est avec eux que nous devons discuter dans le cadre des assises nationales qui aborderont tous les problèmes du Mali. »
Par:Le Republicain