Ambition dopée par le fiduciaire largement ventilé : réussir avec la bénédiction de l’Opposition l’alternance politique et démocratique dans le pays par la mise à l’écart de l’ordre ancien qui gouverne le pays, depuis 20 ans. C’est du moins, ce que déclare l’honorable Amadou THIAM, président de l’ADP-Maliba, juste après la mise en place du nouveau Bureau de l’Assemblée nationale qui l’a vu éjecter proprement de son poste de deuxième vice-président qu’il occupait dans l’ancien bureau. Grâce au portage de la majorité, il faut le préciser. Ambition, certes noble, puisque l’objectif de la création de tout parti politique est la conquête et l’exercice du pouvoir aux termes d’élections libres et démocratiques.
Mais la question légitime que l’on est en droit de se poser ici est de savoir si ce Groupe Sadi/ADP-Maliba a réellement les moyens politiques de son ambition, l’argent ne valant pas et à toutes les étapes en politique. Une interrogation qui vaut tout son pesant d’or après la cuisante désillusion du même parti.
En effet, l’ADP-Maliba, cet ex-allié de la majorité présidentielle, n’a pu réaliser une première ambition, celle d’abord de se renforcer politiquement au détriment de la majorité par le ralliement de nombreux élus nationaux. Le proxénétisme politique privilégié, pardon le surabondant appétit développé par ce parti pour assouvir cette ambition, celle de constituer le plus rapidement un groupe parlementaire autonome n’avait été du goût ni du RPM, son ex-allié stratégique, ni de l’opposition, encore moins l’entourage proche du chef de l’opposition, Soumaïla Cissé… qui ont perdu, dans ce commerce politique d’un autre genre, 5 députés (4 du RPM et un de l’URD).
Au finish, si le parti du milliardaire controversé, Aliou DIALLO, a réussi son opération médiatique, il aura échoué dans son ancrage politique. Parce que la plus spectaculaire opération de rachat de députés n’aura pas les effets escomptés. Comme on le dit, les fruits n’ont pas suivi la promesse des fleurs.
Une maigre moisson politique, qui plus dénote de l’amateurisme et de l’immaturité politique de ces néo-politiques dans une sphère où l’élégance, à défaut d’intégrité, doit être de rigueur dans un contexte politique comme le nôtre.
En piochant dans les deux camps, le groupe Sadi-Adp a réussi l’exploit non escompté de rallier la majorité Rpm-Adéma-Apm et l’opposition Vrd dans un front de décence politique et morale pour lui barrer la route. Du coup, ce fut pour lui le grand flop de son plan.
En mordant la poussière dans la réalisation de cette ambition politique, puisse que n’ayant pas pu changer le rapport de force au sein de l’hémicycle, comment le Groupe Sadi/ADP-Maliba compte-t-il réussir la phase II de son ambition qui est de parvenir à réaliser l’alternance au pouvoir avec un allié de circonstance aussi volatile que l’éther : la Sadi. Peut-il compter sur l’Opposition Vigilance républicaine et démocratique qu’il voue aux gémonies et avec laquelle il affirme haut fort n’avoir rien de commun. Par-dessus tout, il dit ne pas reconnaître le leadership de Soumaïla Cissé, mieux le duo Sadi-Adp estime que ce dernier et les Modibo Sidibé, Tiébilé Dramé sont disqualifiés parce qu’ils sont là, depuis plus de 20 ans. Même le jeune Thiam feint de ne pas savoir que son coéquipier est aussi une vieille relique du processus démocratique malien et séjourne aussi, depuis plus de 20 ans sur l’échiquier politique.
Sérieuse ambition ou naïveté politique ? En tout cas, c’est une irritante prétention que de vouloir réaliser un hold-up politique avec des alliés qui savent que le plan est de les mettre à la retraite anticipée après la victoire.
Manque de maturité de la part du jeune Thiam ? Peut-être ! En tout cas, la cohérence politique bégaie forcément.
Parce qu’en partant de l’argumentaire soutenu selon lequel, il faut dégommer tous ceux qui sont présents sur l’échiquier politique national depuis deux décennies, lesquels constituent à ses yeux cet ordre ancien qu’il faut absolument mettre de côté, l’honorable THIAM doit, dans ce cas et en toute logique, se séparer d’abord de Oumar Mariko avec qui il vient de sceller un mariage de circonstance. Parce que, quoi qu’il puisse avancer comme raisonnement, le député élu à Kolondiéba est toujours présent sur l’échiquier politique national depuis plus de 20 ans. Certes, le Dr Oumar MARIKO n’a jamais été ministre de la république, mais son parti, la SADI, a toujours été un parti de gestion du pouvoir avec la participation de ses représentants dans l’animation gouvernementale au cours de ces 20 dernières années. Du moins, au temps d’ATT.
Outre, l’honorable Oumar MARIKO, une alliance avec Soumaïla CISSÉ, président de l’URD et chef de file de l’opposition, pour réussir une alternance dans le pays est également symptomatique de ce manque de logique et de cohérence du président de l’ADP-Maliba. Parce qu’on ne peut vouloir combattre un système et cheminer avec une catégorie de cette race politique qui a perpétué ce même système. Membre fondateur de l’Adema, ancien parti, au pouvoir pendant 10 ans, sous l’ère Konaré, et ayant occupé plusieurs portefeuilles ministériels, puis député élu à l’Assemblée Nationale, Soumi champion a toujours été au cœur des régimes qui se sont succédé.
Il en est de même pour le président des Fare, Modibo SIDIBÉ, qui a servi au haut sommet de l’État, depuis la transition en 1991, jusqu’aux dernières heures du régime défunt de l’ex-Président Amadou Toumani TOURE. D’ailleurs, l’ancien premier ministre est crédité d’avoir battu le record de longévité dans le gouvernement au Mali. Quid de Tiébilé Dramé… ?
En disqualifiant tous ces hommes politiques, qui se trouvent être comptables de la gestion des 20 dernières années, le député THIAM doit se mettre à l’évidence qu’il ne peut aller à cette alternance sans qu’il ne dispose de troupes, de véritables forces qui puissent l’aider à réaliser cette ambition. Puisque lui, il n’en a pas. Sinon, il n’allait pas recruter ailleurs.
Parce qu’en disqualifiant tous ces combattants, tous ses guerriers, il se met dos à dos avec ses potentiels alliés de l’opposition tout en risquant d’aller seul à cette guerre qui est perdue d’avance. Toute chose qui va s’apparenter à un jeu solitaire, une option suicidaire dans laquelle il s’embarque avec l’objectif final de se casser les dents.
De tout ce qui précède, l’opposition, malgré les apparences, malgré les discours politiques, apparaît en filigrane comme une force divisée en vue de l’alternance. En tout cas, au terme de la mise en place du bureau, on voit difficilement comment concilier ou éviter en son sein une guerre feutrée des ambitions, des postures et des leaderships.
Comme on le voit, à force de divisions internes, de choc d’ambition et de leadership, l’opposition ne peut gagner la bataille de 2018.
Affaire à suivre.
Par:Info-Matin