En ce crépuscule de l’année 2016, on peut certes dire qu’on est encore loin de juillet 2018, date de la prochaine Présidentielle au Mali. Mais, pour une année électorale, 2018, c’est déjà demain. Bientôt donc le compte à rebours pour la succession d’Ibrahim Boubacar Kéïta à la magistrature suprême. Le Président IBK va-t-il se succéder pour un deuxième et dernier mandat constitutionnel ? Qui pour contester cette ambition jamais faussée au Mali en vingt-cinq ans de démocratie pluraliste ? Le monde politique et certains citoyens commencent déjà à se poser moult questions sur la problématique de l’élection présidentielle de 2018. Des hypothèses existent, mais aussi une certitude. Diagnostic ! iqure de rappel : En 2007, le président sortant, Amadou Toumani Touré, était candidat à sa propre succession. Le premier tour a été organisé le 29 avril. Un second tour était prévu le 13 mai si aucun candidat n’avait obtenu la majorité absolue. ATT était en lice avec 8 autres candidats : Ibrahim Boubacar Keïta (Rpm), Tiébilé Dramé (Parena), Oumar Mariko (Sadi), Mamadou Bakary Sangaré (Cds), Soumeylou Boubèye Maïga (Convergence 2007), Sidibé Aminata Diallo (Redd), Madiassa Maguiraga (Ppp). Modibo Sangaré, avait été investi candidat par l’Union nationale pour la République (Unpr). Cependant, sa candidature n’a pas été retenue par la Cour constitutionnelle pour non versement de la caution (10 millions de francs Cfa à l’époque). Finalement, ils étaient seulement 8 candidats contre 23 prétendants en 2002 lors de l’élection d’ATT pour son premier mandat. En 2007, le président sortant l’avait emporté dès le premier tour avec 71,20%. Nous ne faisons pas ce rappel gratuitement. S’achemine-t-on vers un tel scénario pour la Présidentielle de 2018 ? En ce qui concerne le nombre de candidats, cela ne fait aucun doute qu’il y en aura beaucoup moins qu’en 2013. Pour ce qui est de la victoire d’IBK dès le 1er tour, nous nous gardons de nous égarer dans un pronostic hâtif. Les non-partants En 2007, ATT avait bénéficié de l’effet positif du consensus instauré depuis son accession à la magistrature suprême en 2002. Tout le monde était associé à la gestion du pouvoir et impliqué dans la moindre action qui relève de l’action publique. Alors, tous les hommes politiques répondaient d’un bilan qu’il était de leur devoir de mener jusqu’au bout dans la poursuite d’un consensus qui arrangeait finalement tout le monde. C’est ainsi que dans un élan de solidarité et de soutien unanime, plusieurs partis politiques dont les plus significatifs ont formé un grand regroupement pour mener ATT à la victoire finale. En 2018, tout porte à croire qu’il en sera ainsi. Parce que, certes IBK n’a pas reconduit le principe du consensus d’ATT, au contraire, il a même instauré une gestion patriarcale du pouvoir ; mais il a su mettre sous ses aisselles les hommes politiques, seuls capables d’assurer sa réélection. Depuis 2013, il a conditionné certains leaders politiques en leur confiant des portefeuilles ministériels qu’ils conserveront sans doute jusqu’en 2018. A chaque remaniement ou réaménagement ministériel, il introduit un leader de parti. IBK va jusqu’à puiser dans le réservoir de l’opposition. A l’heure du dépôt des candidatures en 2018, ces leaders n’auront ni la volonté, ni la force encore moins l’éthique morale à franchir le pas. Ils ne se présenteront pas contre IBK, à moins de bouleversements politiques inattendus. Qui sont-ils ? Il s’agit, en tout premier lieu, des chefs de partis qui sont membres du gouvernement ou qui l’ont été. Entre autres : Mountaga Tall (Cnid-Fyt), Choguel Kokalla Maïga (Mpr), Konimba Sidibé (Modec), Bocar Moussa Diarra (Um-Rda Faso Djigui), Housseini Amion Guindo (Codem), Tiémoko Sangaré (Adema), Dramane Dembélé (Adema), Tiéman hubert Coulibaly (Udd), Amadou Koïta (Ps Yeleen Koura) et Mohamed Ali Bathily (Apm). A ces probables non-partants s’ajoutent d’autres leaders politiques appelés à de très hautes fonctions d’ambassadeur, de conseiller du président de la République, de fonctionnaire avec rang de ministre. Dans cette catégorie, citons Racine Seydou Thiam (CAP), Oumar Ibrahim Touré (Apr), Mamadou Blaise Sangaré (Cds), Ousmane Ben Fana Traoré (Pcr) et Niankoro Yeah Samaké (Pacp). A trois exceptions près, toutes ces personnalités étaient des candidats en 2013 et portaient le chiffre à 23. Si en 2018 ils sont éliminés de la liste des partants et décident de soutenir IBK, on peut deviner la suite. D’ailleurs, à titre de rappel, la plupart d’entre eux avaient appelé à voter IBK au 2è tour il y a 3 ans. En effet, le 3 août, Dramane Dembélé, arrivé en troisième position au 1er tour, a appelé à voter pour Ibrahim Boubacar Keïta, contredisant la consigne donnée par son parti l’Adema-Pasj. Le 5 août, Codem et son président, Housseini Amion Guindo, apportent leur soutien à IBK. Le même jour, six candidats, Moussa Mara, Racine Thiam, Ousmane Ben Fana Traoré, Sibiri Koumaré de Sira, Siaka Diarra de l’Ufd et Alhousseiny Maïga de Panafrik forment un collectif appelant à voter pour IBK. Mamadou Blaise Sangaré, Oumar Bouri Touré (Gad), Mme Haïdara Aïchata Alassane Cissé dite Chato, Me Mountaga Tall, Choguel Kokalla Maïga, Cheick Keita (Uda), Oumar Ibrahim Touré, et Konimba Sidibé (Modec) avaient donné des consignes de vote pour le candidat du Rpm. D’où le plébiscite du 11 août avec 77,6 %. Le cas de Soumeylou Boubeye Maïga reste la grande inconnue de 2018. L’homme n’a jamais manqué de briguer la magistrature suprême au cours des trois dernières élections, même si en 2002 il a été éliminé aux primaires de l’Adema-Pasj. De son statut professionnel dépendra sa candidature. En effet, SBM est annoncé fortement pour être Premier ministre, sans doute le dernier du premier mandat d’IBK. Si tel est le cas, il va sans dire qu’il sera non-partant pour 2018. Dans le cas contraire, c’est un candidat qui combattra IBK. Les adversaires d’IBK en 2018 Ceux-ci sont plus faciles à identifier. Il s’agit des ténors de l’opposition républicaine et démocratique; d’opposants historiques de la politique malienne et de certaines figures emblématiques. Ils seront face à IBK en 2018 pour la simple raison que de par le statut de l’opposition et de leur conviction, ils ont toujours dénoncé les dérives du pouvoir et continueront à le faire. Leur ambition, c’est de se substituer à IBK pour redresser la situation. Ainsi identifiés, il ne reste plus qu’à présenter brièvement certains d’entre eux. Soumaïla Cissé, président de l’URD Le natif de Niafunké est un Ingénieur-informaticien de profession, major de sa promotion à l’Institut des sciences de l’ingénieur de Montpellier (France). Militant dès sa création à l’Adema/Pasj), il devient après l’élection d’Alpha Oumar Konaré en 1992 secrétaire général de la Présidence de la République et plusieurs fois ministre, entre 1993 et 2002. En janvier 2002, il démissionne du gouvernement pour se consacrer à la préparation de l’élection présidentielle. Il est investi par l’Adema/Pasj comme candidat pour la succession d’Alpha Oumar Konaré. Arrivé en deuxième position au premier tour, il est battu par Amadou Toumani Touré au second tour. Il quitte l’Adema/Pasj et fonde l’Union pour la république et la démocratie (Urd) en juin 2003. Le 9 juin 2013, Soumaïla Cissé a été investi candidat de l’Urd pour l’élection présidentielle malienne de 2013. Il arrive deuxième au premier tour et affronte Ibrahim Boubacar Keïta le 11 août. Il reconnaît sa défaite le 12 août, avant même la fin du dépouillement. Tiébilé Dramé, président du PARENA L’enfant de Nioro est détenteur d’un DEA en histoire de l’Afrique de l’Université de Paris I. Entre 1977 et 1980, il est secrétaire général de l’Union nationale des Élèves et Étudiants du Mali (Uneem) qui s’oppose activement à travers des grèves et des manifestations au régime du Général Moussa Traoré. Il sera emprisonné à plusieurs reprises sous le régime du Général Moussa Traoré, notamment au Nord, à Bougheïssa, Ménaka et Talataye, aux côtés de Cabral qui lui succèdera à la tête de l’Uneem. Il s’exile en France et en Angleterre pendant 10 années consécutives à partir de 1981. Il a milité activement dans les milieux de l’immigration malienne et dans la diaspora africaine et antillaise. Militant au Congrès national d’initiative démocratique (Cnid), il rentre au Mali en Mars 1991 après le renversement du régime de Moussa Traoré par Amadou Toumani Touré. Il devient ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de la 1re Transition entre 1991 et 1992. Il quitte le Cnid en 1995 pour créer le Parti pour la renaissance nationale (Parena). Plusieurs fois ministre depuis la Transition de 1992, il est élu député à l’Assemblée nationale en 1997. Et préside le Comité d’organisation du sommet Afrique-France en 2005. Deux fois candidat à l’élection présidentielle en 2002 et 2007, il arrive respectivement en quatrième position, puis en troisième position. En 2013, il retire sa candidature hors des délais. La Cour constitutionnelle la valide, amis il ne bat pas campagne. Il se classe ainsi dernier sur 23 au 1er tour. Modibo Sidibé Modibo Sidibé est détenteur d’un brevet de parachutiste (1977), d’un brevet d’arme (1978), une maîtrise en droit public (1976, Perpignan en France), d’un diplôme d’études approfondies (DEA) en sciences pénales et criminologie (1979 à Aix-en-Provence en France), d’un DEA en théorie politique (1983 à Reims en France), d’un doctorat en sciences pénales et criminologie (1983 à Aix-en-Provence), d’un diplôme de l’École nationale de police du Mali (1977), et d’un certificat de droit des conflits armés (1985 à San Remo en Italie). Il fut plusieurs fois ministre, n’ayant jamais quitté cette fonction de 1993 à 2007. Cette année-là, il fut nommé Premier ministre jusqu’en 2011. Candidat à l’élection présidentielle de juillet 2013, il arrive en 4è position après IBK, Soumaïla Cissé et Dramane Dembélé. Oumar Mariko, président de SADI Ce médecin, sorti de l’Ecole de médecine du Mali, fut membre du bureau de coordination de l’Uneem de 1979 à 1980. Membre fondateur de l’Association des élèves et étudiants du Mali, il en devient le secrétaire général entre 1990 et 1992. Il participe activement aux manifestations contre le régime de Moussa Traoré en 1991 et participe au Comité de transition pour le salut du peuple (Ctsp) pour le compte de l’Aeem. En 1996, il fonde le parti Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (Sadi) , en opposition au Président Alpha Oumar Konaré. Député à l’Assemblée nationale depuis 2002, il est candidat aux élections présidentielles de 2002, 2007 et 2013. Soumana Sako Ministre des Finances sous le régime de Moussa Traoré entre 1986 et 1987, Soumana Sako est nommé Premier ministre par Amadou Toumani Touré et dirige le gouvernement de transition entre la chute de Moussa Traoré et l’élection d’Alpha Oumar Konaré du 4 avril 1991 au 8 juin 1992. Candidat à l’élection présidentielle de 1997, il retire sa candidature comme d’autres responsables de l’opposition pour protester contre les fraudes. Pour les élections présidentielles de 2002 et 2007, il soutient la candidature d’Amadou Toumani Touré. Soumana Sako crée la Convention nationale pour une Afrique solidaire. Il est investi par ce parti candidat à l’élection présidentielle de 2013. Il se classe 13è sur 23. A ces candidatures sûres, on peut ajouter celles de l’ancien Premier ministre Moussa Mara.