C’est à la suite d’un coup de fil que le ministre de la Justice, Me Mamadou Ismaël Konaté, a fait libérer les trois suspects arrêtés par les limiers du troisième arrondissement. Or ces trois individus étaient poursuivis au niveau du tribunal de Grande instance de la commune II du district de Bamako pour troubles à l’ordre public, suite à l’attaque de la belle famille du président de la République. Mis sous mandat de dépôt par le magistrat en charge du dossier, les suspects n’ont finalement passé que deux heures à la prison centrale avant de rejoindre leurs familles respectives. Raison évoquée : consigne ministérielle.
Tout est parti des contestations des résultats des élections municipales en commune II du district de Bamako au cours desquelles des badauds ont tenté d’attaquer, la semaine dernière, la belle-famille du président de la République à Quizambougou, non loin du commissariat de Police du troisième arrondissement. Il nous revient que lors de ce forfait, les limiers de ce commissariat ont interpellé deux personnes en flagrant délit et une troisième a été appréhendée plus tard, suite à des enquêtes. Après avoir passé environ 48 heures aux mains des policiers du troisième arrondissement qui ont procédé aux enquêtes préliminaires, les intéressés ont été transférés au niveau du tribunal de Grande instance de la commune II.
Entendus par le parquet, vendredi dernier, les trois suspects ont été accusés de troubles à l’ordre public et mis sous mandat de dépôt le même jour. Ce qui a valu leur transfert à la Maison centrale d’arrêt de Bamako.
Coup de théâtre ! Le ministre de la Justice et garde des Sceaux, Me Mamadou Ismaël Konaté, a passé plusieurs coups de fil dont l’un au Procureur général, tard dans la nuit pour “ordonner la libération immédiate des trois détenus dans les minutes qui suivent”.Il nous revient que sans autre forme de transition, celui-ci exécuta au détail près les consignes données par son ministre de tutelle. Même si, en tant que ministre de tutelle il a le parquet sous son autorité, la méthode pose problème car pareilles instructions reçues de nuit et exécutés aussi de nuit ne contribuent pas à donner une bonne image de la justice devant les justiciables. Surtout à en croire une source proche du milieu carcéral, les trois détenus ont rejoint leur domicile sans passer devant un juge.
Selon un juriste, cette attitude du Ministre Konaté est de nature à porter un coup à la crédibilité de la justice. Car, à le croire, une fois qu’une personne franchit le portail du milieu carcéral sur décision des magistrats, il ne peut y recouvrer la liberté sans que les mêmes magistrats ne statuent sur son cas. Tel n’a pas été le cas avec ces trois suspects qui ont quitté tard dans la nuit du même vendredi la Maison centrale d’arrêt sur la pointe des pieds. Ils n’ont donc passé que deux heures dans cette prison.
En tout cas, cette décision du ministre de faire libérer ces trois individus a non seulement fait des mécontents au niveau des détenus ou on parle de deux poids deux mesures, mais aussi de quelques magistrats. Sauf qu’il se trouve que, de nos jours, ceux-ci ont tous la peur au ventre et ne peuvent pas lever le petit doigt pour dénoncer ou réclamer quoi que ce soit. “Depuis qu’il a pris fonction, il ne fait que planer son pouvoir régalien de mutation sur la tête des gens” nous a confié un vieux magistrat.
Source:Aujoud’hui-Mali