Ils ont été mandatés par le Bureau Fédéral d’Investigation américain (FBI) suite à la demande des autorités maliennes au moment des faits. Il s’agit des experts médico-légaux, à savoir les Pathologistes Christina Cordeiro et Duarte Vieira et les Anthropologues Eugenia Cunha et Maria Teresa Ferreira. Ils ont été appelés à repondre à une seule question : « Les dépouilles humaines du charnier de Diago appartiennent-elles aux 21 «Bérets-Rouges» disparus ? Nous avions pu nous procurer une copie du rapport qu’ils ont produit. Un rapport qui constituera sans nul doute le principal document de référence lors du procès des ex-putschistes qui vient de s’ouvrir à Sikasso.
C’est un document volumineux de 120 pages et très illustré que les quatre chercheurs ont produit et mis à la disposition des autorités judiciaires maliennes. Il sera probablement la bible du procès Sanogo et autres.
Il ressort du rapport que les restes découverts à Diago appartiennent bien aux «Bérets-rouges» disparus.
Nous vous soumettons à la lecture quelques extraits du rapport portant sur la méthodologie, les commentaires et conclusions auxquelles ils sont parvenus.
B.S. Diarra
Le processus d’identification – méthodes
«Pour aboutir l’identification, on a commencé pour vérifier le profil biologique des victimes ce qui correspondant à déterminer les quatre facteurs génériques d’identification, à savoir : âge au décès, sexe, affinités biologique (ascendance) et stature. Une fois ces paramètres déterminés, on a essayé de trouver des facteurs d’individualisation, ça veut dire, des caractéristiques uniques. Compte tenu qu’il s’agit d’un ossuaire (un conjoint d’os principalement désarticulés), ces paramètres ont été évalués sur base des bassins, crânes et fémurs.
Les méthodologies pour le profil biologique ont été les suivants :
Détermination du sexe : Tous les bassins ont été évalué avec des méthodes morphologiques où les principaux caractères ont été vérifiés notamment, la grande échancrure sciatique; absence de sillon pré-auriculaire; épaisseur et forme du branche ischio-pubien; robustesse. Tous les crânes ont aussi été vérifiés sur base des caractéristiques morphologiques telle comme la robustesse de l’occipital, la crête occipital, la projection de la gabela, la proéminence des arcades sourcilières, entre autres (Buikstra et ubelaker, 1994; Steckel et al, 2006). Pour les fémurs, on a mesuré le diamètre vertical la tête et appliqué la méthode d’Asala (2001).
Expertise médico-légale –
Bamako, Mali – Décembre 2013
«L’investigation médico-légale conduite sur les restes humains récupérés dans une fosse commune prés de Bamako, au Mali, a eu deux objectifs principaux.
Le premier était de récupérer et d’examiner les restes à des fins d’enquête pénale, notamment pour élucider les causes et les circonstances de la mort, en documentant des éventuelles violations des droits humains, tandis que le second était d’identifier la dépouille et, si possible, de les restituer à leurs familles.
L’identification est définie comme le procédé visant individualiser des restes humains en leur attribuant le nom.
Dans l’identification visuelle, le risque augmente avec la quantité de corps mélangés. Compte tenu que la fosse commune a été fouillée d’une manière inappropriée, la possibilité d’établir des présomptions d’identité à l’aide de documents personnels associés ou de plaques d’identité, ou même sur base des vêtements, a été empêchée ou sérieusement compromise. En effet, pendant la fouille, les vêtements ont été séparés des corps, empêchant aucune identification sur base des vêtements et objets Personnels.
Pour accomplir l’identification, on a entrepris à une collecte de données ante mortem pour essayer une comparaison crédible entre les données ante mortem et les informations recueillis pendant l’examen post mortem.
On a essayé de trouver des «caractéristiques pérennes», telles que les antécédents médicaux ou d’anciennes fractures. Ce type de caractéristiques peut permettre d’aboutir à une identification une fois confirmée par les données ante mortem. Pour ça, une recueille de donnés ante mortem a été faite avant l’arrivée de l’équipe médico-légale à Bamako par la Police Scientifique.
Ça a été faite par un enquête, avec 30 questions environ sur les décédés, qui a été rempli par la famille la plus proche de chaque victime.
L’objectif était d’avoir la possibilité de faire une comparaison avec caractéristiques individuelles, notamment physiques ou médicales, telles que des radiographies du squelette, et des implants/prothèses numérotés. Par contre, des signes d’individualisation comme diastèmes antérieures, problèmes de locomotion, facilement perceptibles par les plus proches, contiennent un grand potentiel d’identification. Dans les formulaires, les questions concernaient le profil biologique I’ âge au décès, la stature et des signes d’individualisation. En autre, on a demandé par caractéristiques moins fréquentes comme tatouages, diastèmes et conditions médicales uniques ».
Conclusions
Les restes humains appartiennent à 2L corps, tous au sexe masculin, la grande majorité a un âge au décès inférieur à 30 ans (avec des âges entre 20 et 45 ans environ), tous d’origine africaine et avec des statures compris entre 162 cm – r.gr. cm environ.
La mort de tous ces individus a été du, presque exclusivement, à des lésions par arme à feu de différentes caractéristiques.
La localisation et caractéristiques des lésions observés (dans les vêtements et dans les os), associés à d’autres constatations (comme les yeux bandés et les immobilisations des membres supérieurs) permet d’affirmer une étiologie homicide, avec caractéristiques d’exécution.
Les incorrectes procédures suivis pendant l’exhumation et conditionnement des corps ont empêché la reconstitution complète du squelette de chaque individu, ne permettant pas une identification individuelle fondée seulement en évidences recueilles par les expertises de pathologie et anthropologie médico-légales. Cependant, on peut affirmer que quelques-uns des corps exhumés portés des habilles comme ceux des militaires.
De toute façon, l’analyse des évidences recueilles nous a permis d’élaborer quelques commentaires préliminaires en ce qui concerne l’identification
Le membre de l’équipe responsable pour les expertises génétiques, Dr. Samuel Ferreira, a pris des échantillons d’os et des dents aux restes humains trouvés, bien que d’échantillons de sang et salive des familles des personnes disparus, pour examen génétique et croisement des profils d’ADN’ on attend que ces examens puissent aboutir, d’une façon définitive, à des Identifications positives en ce qui concerne les corps trouvés à la fosse commune.
De tous les éléments recueillis, on a la conviction que quelques soldats appartenant au groupe en question seront encore disparus et que, inversement, il y a des individus trouvés et analysés pendant cette expertise qui ne sont aucun de ceux rapportés par les 23 familles interrogés. Il est donc important de vérifier les évènements et les possibilités d’avoir d’autres fosses communes avec des victimes en rapport avec cet événement.
Source: La Sentinelle