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PROCES SANOGO : pour l’exemple

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Il ne fait peut-être pas l’objet d’une grande médiatisation. Mais c’est un procès d’une portée symbolique qui démarre ce mercredi à Sikasso, au Mali.

Le jugement d’Amadou Haya Sanogo et de ses acolytes dans l’affaire dite des ‘’bérets rouges’’ est peut-être même la plus grande prouesse de la présidence IBK. Parce qu’il pourrait tout d’abord étancher la soif de justice des parents des victimes. Ensuite, il s’agit, au-delà de l’affaire inscrite au rôle, du procès d’un putschiste qui pourrait conséquemment dissuader plus d’un. Enfin, le début effectif de ce procès est de nature à accentuer la pression sur les autorités guinéennes qui, elles aussi, sont censées conduire le procès de l’autre capitaine, Moussa Dadis Camara, dans l’affaire autrement plus sinistre du 28 septembre 2009.

IBK pourra se féliciter

Sur bien d’aspects de sa gestion du pays, le bilan du président Ibrahim Boubacar Keïta est hautement contestable. Mais s’il parvient à conduire selon les règles de l’art le procès d’Amadou Sanogo qui débute ce matin à Sikasso, il pourra bien se féliciter de son passage à la tête de son pays. Parce que sur le continent africain, il n’est jamais évident de faire juger un militaire. Surtout si ce dernier, à l’image du capitaine Sanogo, a déjà occupé la fonction suprême et qu’à l’occasion, il s’est fait des obligés au sein de la grande muette. Très jaloux de leur fauteuil, les dirigeants africains sont très peu à diligenter des dossiers aussi sensibles. Or, en ce qui concerne IBK, l’instruction menée plutôt à la satisfaction générale, laisse croire qu’il est animé d’une authentique volonté de faire éclater la vérité. Ne serait-ce que pour mettre fin à l’impunité. On espère juste que, pour sa part, la justice malienne, en profitera pour redorer son blason.

Un procès-mise en garde

Parce qu’en réalité, il s’agit d’un procès dont la portée transcende les frontières maliennes. De fait, il ne faut pas voir que l’affaire en jugement, à savoir le massacre des bérets rouges. Certes, il y a ce crime-là. Mais au-delà, il y a surtout Sanogo qui, à l’époque, était chef d’une junte qui se croyait tout permis. Il s’agit donc également du procès d’un groupe de militaires qui, profitant d’une situation de déliquescence circonstancielle de l’Etat, ont foulé au pied la discipline à laquelle ils sont astreints. Des militaires qui ont cru que l’intimidation pouvait avoir raison du refus de soumission du peuple malien. Des militaires arrogants, irrespectueux, fantasques, …bref des militaires incarnant la déchéance de l’armée malienne de l’époque. A cet égard, le procès est surtout destiné à ceux qui seraient tentés par une aventure aussi périlleuse. Histoire de les mettre en garde.

Comme un rappel…

Mais il n’y a pas qu’aux potentiels putschistes du continent que le jugement s’adresse. Il y a même des raisons de penser qu’il s’adresse davantage aux autorités de la Guinée voisine. Parce que dans cet autre pays de l’ouest-africain, on a un autre contentieux qui attend d’être vidé. Il s’agit de l’affaire des massacres du stade du 28 septembre. Là aussi, on était dans une transition que pilotait une junte tout aussi brouillonne. Junte à la tête de laquelle se trouvait également un capitaine aussi imprévisible que l’avait été Sanogo.

Mais si au Mali, on parle de 21 bérets rouges massacrés, au stade du 28 septembre, on estime le nombre de victimes à plus de 150 morts et à une centaine de femmes violées. Pourtant, en Guinée, la procédure continue à trainer au point que certains pensent que la CPI devrait s’en charger. Dans un tel contexte, l’ouverture du procès de Sanogo sonne comme un rappel pour les autorités guinéennes.

 

Boubacar Sanso Barry  

Source: ledjely.com

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