Démarré le 30 novembre 2016, le procès de Amadou Haya Sanogo et 16 autres militaires impliqués dans l’assassinat de 21 bérets rouges stagne. Le procès connait déjà trois suspensions. La dernière est intervenue hier, lundi 5 décembre 2016, pour absence de témoins. Le Parquet général qui a la possibilité de faire comparaitre les témoins, de gré ou de force, a failli à sa mission car à la reprise de l’audience le lundi matin, il n’y avait que cinq témoins parmi la vingtaine qui doivent comparaître. La présence des personnalités qui sont citées comme témoins notamment l’ancien chef de l’Etat Dioncounda Traoré, le chef d’Etat major général des armées, Gal Didier Dacko, le guide spirituel Cherif Ousmane Madani Haïdara, le chef d’Etat-major particulier du président de la République, Oumar Daou, l’actuel ambassadeur du Mali en Angola Diamou Keïta, la cour a ordonné leur comparution au besoin par la force.
Les parties (ministère public, avocats de la défense et de la partie civile) ont tous souhaité la présence des témoins pour la manifestation de la vérité et le bon déroulement du procès. Constatant l’absence de témoins, le président de la cour a été obligé de suspendre l’audience jusqu’au mercredi 7 décembre 2016 à 9 heures ou les témoins doivent comparaitre de gré ou de force.
Hier, lundi 5 décembre 2016, le procès de Amadou Haya Sanogo et ses co-accusés a été, une fois de plus, suspendu jusqu’à demain matin. Et pour cause, il n’y avait presque pas de témoins sur une vingtaine cités à comparaitre. A part l’honorable Oumar Mariko, il n’y avait aucun autre témoin de la défense. La citation de ce dernier n’est même pas acceptée par les avocats de la partie civile qui disent n’avoir pas reçu de notification. Et du coté du ministère public, il n’y avait que quatre témoins sur une vingtaine. Avant que le collectif des avocats de la défense ne soulève ses exceptions, l’absence des témoins a survolé les débats pendant que tous les accusés y compris Amadou Haya Sanogo étaient à la barre.
Les avocats de la défense exigent la comparution des témoins de gré ou de force à la barre. « La citation des témoins pose problème à l’organisation de ce procès. L’Etat doit prendre en charge les témoins et les victimes, mais dans ces conditions, le renvoi de l’audience s’impose », a indiqué l’avocat Me Alassane Diop. Selon Me Cheick Oumar Konaré, l’absence de témoins et le blocage de la presse sont peut être des stratégies délibérées par le parquet pour empêcher la manifestation de la vérité. « Les témoins doivent comparaître pour la manifestation de la vérité mais il ne peuvent pas comparaître si les dispositions ne sont pas prises pour cela. On est dans l’amateurisme total, du sabotage du procès.
Tous les témoins cités doivent être conduits par les soins du ministère public devant la cour pour qu’ils puissent témoigner. Les témoignages sont capitaux, il faut absolument des témoins parce que les 4 assesseurs qui sont majoritaires au niveau de la cour d’assise fondent leurs convictions sur les débats à la barre. Ils n’ont pas le dossier. La cour ne peut pas se passer de ces témoignages. Si le ministère public avait demandé à la cour d’autoriser que les témoins soient conduits par la force devant la cour, ça aurait été bien mais puisque le ministère public ne l’a pas fait, la cour d’assise elle-même de sa propre initiative a ordonné que tous les témoins soient amener devant elle au besoin par la force publique », a souligné Me Cheick Oumar Konaré. A l’en croire, le procès n’est pas bien organisé car les témoins sont absents. « Le ministère a passé son temps à s’occuper de l’histoire de téléphone, de confiscation d’appareil électronique », a-t-il dit.
S’agissant de la présence des hautes personnalités qui sont citées comme témoins notamment l’ancien chef de l’Etat Dioncounda Traoré, le chef d’Etat major général des armées, Gal Didier Dacko, le guide spirituel Cherif Ousmane Madani Haïdara, le chef d’Etat-major particulier du président de la République, Oumar Daou, l’actuel ambassadeur du Mali en Angola Diamou Keïta, Me Cheick Oumar Konaré a fait savoir que la cour a ordonné leur comparution au besoin par la force. « Nous n’avons même pas soulevé nos exceptions, c’est le parquet lui-même qui a fait le constat de sa propre défaillance. C’est lui qui a dit que les témoins ne sont pas là », a-t-il conclu. Me Harouna Toureh a indiqué dans la salle d’audience que l’absence de témoins est un aveu de défaillance de l’organisation. « Personne n’a vu une assise sans les témoignages », a-t-il dit.
D’autres avocats de la défense comme Me Boubacar Karamoko Coulibaly et Me Tiéssolé Konaré ont souhaité la poursuite des débats. Selon Me Boubacar Karamoko Coulibaly, il est temps que ce procès démarre. « Les principaux acteurs sont les accusés. Aucun témoin ne pourra dire exactement les faits plus que les accusés eux-mêmes. C’est un regret et un gâchis qu’on prenne tout ce temps », a-t-il dit. La défense veut qu’on écarte les témoignages, indique Me Tiéssolé Konaré.
Le ministère public, Mohamed Maouloud Najim a indiqué que les témoignages sont indispensables. Avant d’ajouter que tous les témoins ont été pris en charges. Il a souhaité la poursuite des débats. « La défense met en cause l’organisation de ce procès or c’est à cause d’elle que ce procès prend du retard. Toutes ses doléances ont été prises en charges d’une manière ou d’une autre », a martelé Mohamed Maouloud Najim. Peu bavard, et visiblement « épinglé » de n’avoir pas pu faire comparaitre tous les témoins, le procureur général près la cour d’appel de Bamako, Mamadou Lamine Coulibaly a fait savoir qu’à l’ouverture, les témoins étaient là. « Mais aujourd’hui, ils sont cinq à être là. L’arrêt a cité un procès verbal que nous allons mettre à exécution », a-t-il promis.
Pour les avocats de la partie civile, une cour d’assise sans témoin n’est pas nécessaire. « Nous avons demandé, toute partie confondue, la comparution des témoins cités. Une cour d’assise sans témoins n’a pas de sens. Les témoins cités par le procureur sont obligés de venir de gré ou de force.
La présence des témoins est indispensables pour le bon déroulement du procès », a souligné Me Wali Diawara de la partie civile. Voyant que toutes les parties (Ministère public, avocats de la défense et de la partie civile) sans exception ont souhaité la présence des témoins pour la manifestation de la vérité et le bon déroulement du procès, le président de la cour a été obligé de suspendre l’audience jusqu’au mercredi 7 décembre 2016 à 9 heures. « Considérant qu’aucun témoin n’a répondu à l’appel, considérant que le ministère public a souhaité la poursuite des débats, considérant que les avocats ont souhaité la nécessité de la présence des témoins pour la manifestation de la vérité, la cour suspend l’audience jusqu’au mercredi 7 décembre à 9 heures », a conclu le président de la cour, Mahamadou Berthé.
Surce: Le Républicain