« L’opposition a remporté l’élection, qui a été juste », a déclaré le responsable onusien qui s’est exprimé mercredi 14 décembre, à son retour de Banjul où il participait à une mission de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Ceceao). Yahya Jammeh, dont le mandat de cinq ans expire le 19 janvier, « devra être prêt à céder le pouvoir » à cette date, a-t-il insisté.
Et ce, indépendamment du recours qu’a déposé mardi son parti devant la Cour suprême pour contester les résultats du scrutin présidentiel du 1er décembre qui donnent vainqueur son adversaire Adama Barrow. Pour le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon dans la région, « cette procédure juridique n’a rien à voir avec le terme de son mandat ».
D’ici le 19 janvier, « c’est M. Jammeh qui est le président constitutionnellement élu. Nous espérons que pendant cette période toutes ses actions seront conformes à la Constitution », a souligné le responsable de l’ONU.
L’ONU condamne le siège de la Commission électorale
À ce titre, Mohamed Ibn Chambas a lourdement condamné l’intervention des forces de sécurité gambiennes qui a visé mardi la Commission électorale indépendante (IEC), le jour même de la visite d’une délégation des chefs d’État de la Cedeao, qui ont tenté en vain de convaincre Yahya Jammeh d’abandonner le pouvoir. « C’est un acte inacceptable », a déclaré à l’AFP un porte-parole de Ibn Chambas,
Le personnel de la Commission, qui a déclaré l’opposant Adama Barrow président élu, avec près de 19 000 voix d’avance sur le président sortant, s’est vu interdire l’accès aux locaux, sans explication, avait affirmé mardi à l’AFP son président, Alieu Momar Njie, précisant que des membres de la police anti-émeute l’avaient empêché d’entrer. Les locaux étaient toujours fermés mercredi, a-t-il indiqué.
« C’est une violation du caractère indépendant, garanti par la Constitution, de la Commission électorale, puisque des éléments de l’armée ont pris aussi possession du matériel de la Commission qui a servi pour l’élection présidentielle », a ajouté le porte-parole du représentant de l’ONU. Or, elle intervient le jour même où « le parti du président a déposé un recours auprès de la Cour suprême pour contester les élections », a-t-il souligné.
L’opposition craint qu’un recours devant la Cour suprême ne soit un moyen pour Yahya Jammeh de se maintenir en place au-delà de la fin de son mandat, prévue en janvier. De plus, la Cour suprême n’étant plus au complet, il faudrait en désigner de nouveaux juges, ce qui entraînerait inévitablement des délais supplémentaires, selon l’opposition qui, de toute façon, dénie ce pouvoir au président sortant en le qualifiant d’anticonstitutionnel.
Source: Jeune Afrique