Après la droite, c’est au tour de la gauche de se lancer dans une campagne pour la primaire dans un contexte de divisions accentué par le renoncement de François Hollande. Après la validation de la liste définitive des candidats ce jeudi 15 décembre, la campagne va battre son plein jusqu’au 22 janvier, date du 1er tour du scrutin. Avec une interrogation majeure : après le second tour du 29 janvier, la gauche pourra-t-elle se rassembler ?
Il y a quelques jours, Jean-Christophe Cambadélis évacuait l’hypothèse de candidatures de dernière minute à la primaire de la Belle alliance populaire, qui regroupe le Parti socialiste et ses alliés démocrates et écologistes. « Nous sommes un peu victimes de notre succès. Tout le monde veut en être mais je tiens à dire que la primaire de la gauche, ce n’est pas open bar,déclarait le premier secrétaire du PS. On ne peut pas accepter Nouvelle donne, le Mouvement Républicain et Citoyen, ni le Mouvement des progressistes. Leur désir de souscrire à la Belle alliance populaire est pour nous un petit peu tardif. »
La question Peillon
Il était trop tard pour élargir la Belle alliance populaire mais pas pour accepter un nouveau socialiste : Vincent Peillon qui s’est déclaré le 11 décembre, quatre jours seulement avant la date limite pour le dépôt des candidatures. L’ancien ministre de l’Education nationale qui avait totalement disparu de la scène politique depuis son départ du gouvernement, a décidé de reprendre du service in extremis.
Pour François Kalfon, le directeur de campagne d’Arnaud Montebourg, la candidature de Vincent Peillon, justifiée uniquement par l’absence de François Hollande dans la primaire, n’apporte rien sur le fond. « Dans la candidature d’Arnaud Montebourg ou celle de Manuel Valls ou à sa façon de Benoit Hamon, il y a des options politiques claires qui sont portées. Et ceux qui se trompent de match ne seront pas suivis par les électeurs de la gauche, tout simplement. »
Mathieu Hanotin, l’un des soutiens de Benoit Hamon, le challenger de la primaire, voit lui dans la candidature surprise de Vincent Peillon un moyen de faire perdre des voix à Manuel Valls. « Cela pose peut-être une interrogation, c’est la capacité de l’ancien Premier ministre à rassembler le camp défendant la ligne gouvernementale », explique-t-il.
Une question se pose, y a-t-il un front anti-Valls dans cette primaire ? Arnaud Montebourg et Benoit Hamon s’opposent en effet à la ligne social-libérale de l’ancien maire d’Evry. Mais c’est l’entrée en scène de Vincent Peillon qui a renforcé le « Tout sauf Valls ». L’ancien Premier ministre est conscient de ce danger. Alors dès son premier déplacement de campagne dans le Doubs la semaine dernière, il a mis en garde ses adversaires : « Je veux d’abord que cette primaire soit une belle et grande réussite, un beau débat. Elle ne peut pas être une foire d’empoigne où l’on referait le match du quinquennat. Elle doit être une primaire digne, à la hauteur des enjeux. Cette primaire n’est pas un congrès d’un parti. »
Un air de congrès du PS
Ils devraient donc être huit à prendre part à une primaire qui ressemble à un congrès du PS. C’est d’ailleurs aussi l’argument de Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron qui ont refusé d’y participer. Gérard Collomb, le maire de Lyon, qui soutient Emmanuel Macron, s’en explique : « J’ai quand même une certaine expérience au PS et donc je sais que ça peut quelquefois être un endroit semé de chausse-trappe. Donc il vaut mieux qu’il parle directement aux Français et en parlant aux Français, il parlera aussi aux militants socialistes de notre pays ».
Avec Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon en électrons libres, le rassemblement de la gauche parait compromis. Et c’est le principal handicap de cette primaire : elle ne résout pas le problème de la division face à la droite et elle est organisée par un PS qui n’a jamais été aussi faible, avec moins de moyens que pour la primaire de 2011. Pour le moment, l’objectif de 8 000 bureaux de vote en France, soit près de 2 000 de moins qu’en 2011 n’est pas atteint. Les trois débats télévisés prévus avant le premier tour seront donc déterminants pour mobiliser les électeurs. En 2011, près de trois millions de personnes avaient voté et, pour la primaire de la droite en novembre, plus de 4 millions de Français se sont déplacés. Si la participation n’est pas forte, le vainqueur n’aura pas assez de légitimité pour créer une dynamique de rassemblement.
Source: RFI