La vigilance reste de mise, l’union plus que jamais indispensable. Au bout de vingt ans d’exercice du multipartisme, à ne pas confondre avec la démocratie, nous nous sommes réveillés avec les calamités dont nous continuons à vivre les prolongements. Le navire tangue. Dangereusement. Il nous est arrivé, plus d’une fois, de dire, qu’«il tangue, mais ne sombre. » Il ne sombrera pas, à condition que nous l’empêchions de sombrer. C’est peut être pourquoi, lors de son Vè congrès statutaire, le MPR,a tiré sur la sonnette d’alarme en invitant à « reconquérir notre souveraineté nationale pour libérer notre Patrie ».
Reconquérir, libérer : il nous faut redevenir ce que nous n’avons cessé d’être, de 1960 à 1991 : un peuple avec lequel compter. Nous pouvons, en toute légitimité, être fiers de deux appréciations portées sur deux de nos chefs d’Etat. Charles de Gaulle a dit, de Modibo Keïta, « il est le seul que je peux saluer sans être obligé de me baisser. » Sans doute, faisait-il allusion à la taille de l’homme. Pour nous, la déclaration a valeur affective, elle renvoie à la grandeur morale de l’homme. C’est cette même grandeur qu’un de ses successeurs, Valéry Giscard d’Estaing, reconnaît en Moussa Traoré quand, parlant de notre pays dans ses mémoires, Le Pouvoir et la vie, il écrit : « J’avais rencontré à plusieurs reprises son chef, le colonel Moussa Traoré, et j’appréciais sa droiture et sa volonté de redresser la situation de son Etat. » (Op. cit. page 395). De notre peuple, il a souligné « l’extraordinaire richesse culturelle et ethnique. » (Idem). Un constat à mille lieues de celui qu’un certain Jean-Yves Le Drian a eu à formuler en, sur le territoire malien, l’existence de deux peuples qui ne se sont jamais entendu de l’indépendance à ce jour.
Voilà un aspect de ce que nous avons perdu. Voilà ce que nous devons reconquérir. Voilà qui nous incite à libérer la patrie de toute occupation étrangère. Cependant, nous le pourrons le faire que si deux préalables sont satisfaits : nous réconcilier avec nous-mêmes et resserrer la cohésion dans notre soutien à celui qui, quoi que l’on puisse en dire, est le président de la République.
C’est ce message que le MPR a émis il y a de cela une semaine. Nous revenons là-dessus, parce qu’il y a une avancée vers la réconciliation et le renforcement de la cohésion : samedi 18 décembre, à une large majorité, l’Assemblée Nationale s’est opposée à des poursuites judiciaires contre l’ancien président de la République, Amadou Toumani Touré. Aussi, est-ce avec satisfaction que nous accueillons cette déclaration du gouvernement, par la voix de son porte-parole : « Cette décision de la représentation nationale participe fortement de la volonté de consolidation de la réconciliation et de la cohésion nationale fortement impulsée par le Président de la République. »
Source:Le Sursaut