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Après le vote de la résolution de l’AN blanchissant l’ancien président de la République, une seconde lettre à mon cousin ATT à Dakar

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Malgré un long silence, je ne t’ai pas oublié, mais ce sont les évènements du pays qui m’avaient dépassé. Mon cher cousin, l’évènement qui vient de se passer ces jours-ci méritent que je m’empresse pour te féliciter une fois de plus pour ton patriotisme. Samedi 17 décembre, à 4h 30mn, j’ai ouvert mon poste radio pour écouter les fraîches nouvelles de la journée que beaucoup de gens nomment ‘’DONKIBURU’’, terme utilisé fréquemment par les prédicateurs.

La nouvelle était que mon cousin venait d’être blanchi par l’Assemblée nationale du Mali suite à un vote dont le score a été le suivant : 104 votants contre ton inculpation, 5 pour ton inculpation et 6 absentions.

Pour rappel, mon cher cousin, tu étais accusé d’avoir participé à une entreprise de déstabilisation du territoire national en ayant facilité la pénétration et l’installation des forces étrangères notamment en ne leur opposant aucune résistance.

Une autre accusation est relative à ta volonté d’avoir détruit et détérioré volontairement l’outil de défense nationale. Il me semble que par outil de défense, il faut comprendre les éléments des forces armées et leurs équipements militaires.

Egalement, il y avait une autre accusation te concernant. Elle est relative au fait que tu as participé à une entreprise de démoralisation de l’armée, caractérisée par les nominations de complaisance d’officiers et de soldats incompétents. Lorsque j’ai entendu ces accusations pour la première fois en janvier 2014, je n’ai pas paniqué, car je savais qu’après ton départ pour Dakar, un bal de cruauté allait se faire jour, tu sais bien comme moi que la vie politique ne laisse pas de place à la tendresse.

Très souvent aussi, les remèdes envisagés par certains camps politiques opposés afin d’abattre l’adversaire se révèlent comme un courant de congratulations, quelque temps après, pour celui qu’on voulait abattre. C’est pourquoi, en politique, il ne faut jamais se réjouir du malheur de ses adversaires.

Les hommes politiques doivent se dire que la stratégie soit belle est un fait, mais ils ne doivent pas oublier de regarder le résultat qu’elle produira. C’est pourquoi en politique, il ne faut jamais se moquer du malheur de ses adversaires. En vous accusant de la sorte, je t’avais conseillé de donner du temps au temps afin que la vérité éclate un jour, car déjà, la mauvaise foi et le terrorisme intellectuel qui sont des US et continues du milieu politique en général dans un contexte de crise aiguë avaient pris le pas sur la raison.

C’est à partir de ces accusations que j’ai su, mon cher cousin, que tu avais une entreprise de déstabilisation du territoire national et une autre entreprise de démoralisation de l’armée. Où étaient cachées ces entreprises ? Tu les avais cachées à Koulouba ou à Mopti ?

La commission ad hoc mise en place pour vérifier tout cela a été responsable. Je les saluerai en ton nom. Ses membres ont foi en Dieu, contrairement au président de la CENI, en Gambie, qui est accusé en ce moment de ne pas avoir foi en Dieu. C’est Dieu seul qui peut blanchir un accusé. Comme ledit toujours notre grand frère commun : ‘’que Dieu fasse éclater la vérité’’, avec un doigt pointé vers le ciel.

Je me demande si lui, toi et moi avons le même Dieu. Parce que de ton départ à maintenant, les Maliens qui pensaient que le libérateur du peuple était venu ont vite fait de déchanter. Les mots d’ordre sont devenus désormais : ‘’A bas l’honneur à bas, le bonheur à bas, la sécurité des Maliens à bas, vive le mensonge, la famille d’abord, la corruption… !

Depuis la fin de la transition menée par ton autre frère Dioncounda Traoré, le Mali est devenu le champ d’expérimentation des stratégies nouvelles de la France et de la communauté internationale à travers un premier accord dit d’Alger pour ramener la paix et réconcilier les cœurs, et un deuxième accord signé dans la confusion et le silence total et sans aucune consultation des Maliens de l’extérieur.

Si le premier accord a enterré la République à la surprise de tous les Maliens, le second, quant à lui, donne carte blanche à l’Union européenne pour chasser les Maliens de l’Europe. Ce que toi et tes devanciers, à savoir Modibo Keïta, Moussa Traoré, Alpha Oumar Konaré et Dioncounda Traoré ont refusé par loyauté au peuple et par dignité, vient d’être accepté par notre grand frère commun.

Mon cher cousin, tu es vraiment un homme d’Etat. Tu as pu encaisser toutes les menaces et les injonctions des autorités françaises, sans plier. D’où l’importance du proverbe que je t’avais dit, à savoir : «pour connaitre ce que la tige à brochette endure, couche-toi à sa place ».

De ton temps, la porte d’entrée de Koulouba était au Palais, mais actuellement, elle est à l’Elysée, à Paris. Es-tu au courant que son occupant a déclaré qu’il ne cherchera pas un second mandat, ayant constaté que son bilan a été un échec total pour la France ?

Mon cher cousin, je trouve qu’il a été honnête avec la France, avec son parti politique et avec lui-même. La majorité des Maliens pense que le mandat de notre grand frère commun s’achemine vers le même constat surtout avec la signature qu’il vient de faire avec l’Union européenne qui se résume comme suit : ‘’Le refoulement des Maliens sans papiers contre un appui financier’’. Ton hôte, Macky Sall, dans une interview accordée à France 24, a dit non à cette politique, en tout cas par rapport aux migrants sénégalais qui sont déjà sur le sol européen.

Notre grand frère commun a fait signer sans hésitation ni murmure ledit accord, pensant récolter 141 millions d’euros. En plus, il a fait dire ses ministres aux peuples que cette signature n’était pas vraie. Par cet acte, la France et l’Europe ont arraché à son régime ce qu’elles n’ont jamais pu obtenir des Présidents Modibo Keïta, Moussa Traoré, Alpha Oumar Konaré et toi-même, cher cousin. Les griottes cantatrices décédées et qui étaient bien connues, à savoir Fanta Damba n°1, Fanta Damba n°2, Bako Dagno et Siramori Diabaté disaient que tous les hommes n’étaient pas égaux. C’est maintenant, mon cher cousin, que je ressens toute la portée de cette phrase à travers les évènements récents que vit le Mali.

Inutile de m’étendre sur les souffrances depuis trois ans et demi du peuple meurtri du Mali. Jusque-là, tous les travaux inaugurés sont encore tes œuvres. La corniche, dont les travaux ont commencé avant ton départ, a été inaugurée il n’y a pas si longtemps. Elle porte désormais le nom du Président algérien, Bouteflika. Celui-là même qui a passé une bonne partie de son temps à Gao lorsque le Président Modibo Keïta aidait l’Algérie dans sa lutte d’indépendance. Ce dernier est en train de tourner le dos au Mali, en expulsant ses ressortissants sur son territoire.

La raison que je soupçonne est le fait que le Mali est en train de basculer dans le cas des pays africains qui veulent expulser la République Arabe Saharouie et Démocratique (RASD) de l’Union africaine pour les beaux yeux du Maroc. En ce moment, on a les jambes écartées entre les deux positions africaines.

Mon cher cousin, tout parcours politique comporte ses traversées du désert. Encaisse donc ton parcours avec dignité comme tu l’as toujours fait. Lorsque tu quittais le Mali en avril 2012, 90% de Maliens t’en voulaient; à la date d’aujourd’hui 90% de Maliens pensent que tu as été le plus grand bâtisseur du Mali démocratique. Ils n’arrivent pas à inventorier toutes tes réalisations durant les dix ans de ton mandat. L’habitude du pouvoir n’est jamais saine. Tu dois le comprendre maintenant, car tous ceux de nous qui te rencontraient nuitamment à Koulouba ne veulent plus entendre ton nom, évitant que notre grand frère ne les traite d’agents doubles à ton service. C’est pourquoi, il faut que notre grand frère commun apprenne à se préparer toujours à partir, pour ne pas être surpris au même titre que toi. Il est préférable de quitter les choses, à l’image du Président François Hollande, avant qu’elles ne te quittent.

La leçon que nos dirigeants doivent apprendre, c’est de quitter leurs bureaux tous les soirs comme s’ils ne devaient jamais y revenir. Je n’ai plus rien à dire sur notre situation au Mali, car l’internet et les réseaux sociaux t’apprennent certainement davantage. Salut à ma belle-sœur Lobo. Son hôpital ‘’mère-enfant le Luxembourg’’ continue d’alléger les souffrances des populations maliennes, sauf le grand cardiologue Diarra qui n’est plus visible là-bas. Il parait qu’il est sous contrat ailleurs, où il est mieux payé. La route Bamako-Kangaba que tu as goudronnée à cause des marcheurs venus de cette localité jusqu’à Koulouba n’a pas reçu un km de goudron au-delà de Kangaba jusque-là.

Mon cher cousin, la majorité du peuple a honte de s’identifier comme malienne, tellement le ‘’yabé’’, du nom de ce joueur ivoirien, Gill Yabe, qui faisait à chaque fois l’auto-goal, a été retentissant.

Aussi, je t’informe que je viens d’éditer un livre sur mes débats parlementaires à l’Assemblée nationale du Mali et au Parlement Panafricain de 2007-2013. C’est à travers ce livre que je me suis rendu compte que le Parlementaire a beaucoup de parole dans sa bouche et qu’il est payé pour cela. Le livre fait 606 pages.

Mon cher cousin, que Dieu sauve le Mali toujours !

Ton cousin Lanceni Balla KEITA à Bamako

 

Source: Le Pays

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