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Motion de censure contre le gouvernement : Le Premier ministre Modibo Keïta fuit le débat

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Dans le cadre de la session ordinaire d’octobre 2016, les députés ont débattu hier mercredi 21 décembre 2016 dans la salle Aoua Keïta de l’Assemblée nationale, la motion de censure contre le gouvernement de Modibo Keïta. Cette motion de censure avait été déposée le vendredi 16 décembre 2016 par l’opposition parlementaire animée par les groupes Vigilance Républicaine et démocratique (VRD) et celui de l’Adp-Mali/ Sadi comptant une trentaine de députés.

L’opposition soutien cette motion de censure en dénonçant le communiqué conjoint entre le gouvernement malien et l’Union Européenne sur la migration, l’insécurité au Mali et l’incapacité du gouvernement à organiser des élections communales crédibles et sur toute l’étendue du territoire nationale. Après plusieurs heures de débat, la majorité sauve le gouvernement dirigé par Modibo Keïta en votant contre la motion de censure. Après les décomptes, il n’y a eu que 33 députés qui ont voté pour cette motion de censure. Lors des débats, le Premier ministre, Modibo Keïta a occulté les questions essentielles ayant trait à l’accord d’Alger, au cantonnement des groupes armés et bien d’autres.

Après la lecture de la motion de censure par le président du groupe VRD, Mody Diaye, place fut faite à un débat de plus de quatre heures. Ainsi, selon l’honorable Alkaïdi Mahmoud Touré, le bilan de l’accord d’Alger est négatif après 18 mois d’existence. « L’Etat est dramatiquement absent du Nord de notre pays. Les actes de banditisme se multiplient. Le centre de notre pays échappe progressivement à tout contrôle du gouvernement. Le communautarisme refait surface. Des hommes politiques sont assassinés et des populations spoliées. Les groupes armés prolifèrent et s’affrontent. De larges zones du pays sont inaccessibles aux forces régulières.

Les maliens, humiliés dans leur honneur et frappés de souffrances, se désespèrent. Les partenaires s’interrogent. L’avenir est incertain. Combien de morts, tant civils que militaires, depuis ces accords? Combien de morts parmi les forces étrangères? La paix tant promise et si convoitée est introuvable », a-t-il souligné. Avant d’ajouter que les interrogations du peuple malien se heurtent au silence et à l’inaction du Premier ministre. A l’en croire, le gouvernement n’est pas capable de gagner cette paix si vitale et précieuse pour l’avenir du pays.

« Monsieur le premier ministre, vous avez été personnellement saisi des irrégularités qui entachaient le processus électoral encore en cours d’achèvement. Vous n’avez pris aucune mesure pour corriger les dysfonctionnements signalés afin d’instaurer, enfin, des élections libres et transparentes », a-t-il dit. Pour lui, l’incurie du gouvernement est totale. Enfin, il a expliqué l’histoire dramatique de deux migrants maliens (Amadou Ba et Mahamadou Dramé) sur le pont d’être expulsés d’Allemagne. L’honorable Mody N’Diaye enfonce le clou en disant que le Gouvernement est responsable de la situation actuelle d’emprisonnement de nos compatriotes en Allemagne dans la perspective de leur expulsion au Mali.

« Les forces de sécurité sont aujourd’hui presque plus en grand danger que les populations qu’elles sont censées protéger. Comment admettre qu’à ce jour, le Gouvernement soit incapable de faire prendre une loi de programmation en vue d’assurer aux éléments de sécurité des équipements appropriés et la modernisation de ce secteur. Vous vous êtes pourtant engagé sur l’application de ladite loi dans votre DPG. Or nous constatons encore sa non adoption par le Conseil des ministres. Quel mépris envers nos forces de sécurité alors que ce dossier majeur est de la plus haute priorité », a indiqué Mody N’Diaye. A ses dires, la République du Mali ne mérite ni cet excès de faiblesse dans sa gouvernance, ni cet excès de lâches renoncements dans sa diplomatie, ni cet excès de zélées manipulations dans sa vie citoyenne.

« Notre République se heurte à une incapacité notoire et persistante de votre gouvernement à atténuer ses souffrances à défaut de les vaincre, tant votre majorité multiplie les ambiguïtés, fabrique des peurs, ensevelit les derniers espoirs des populations à la paix, l’unité et un mieux-vivre », a-t-il dit. Enfin, dit-il, la tenue des élections communales a été un échec patent. A l’en croire, le Mali est devenu le royaume de l’insécurité, de l’abandon de sa souveraineté et de la sauvegarde des privilèges d’une minorité.

Quant à Adama Kané du groupe VRD, c’est un échec personnel du premier ministre Modibo Keïta de n’avoir pas pu gérer la question de l’immigration de 1986 à 2016. Mamadou Hawa Gassama Diaby du même groupe a souhaité que la vérité soit dite aux Maliens par rapport à l’accord de réadmission des maliens en situation irrégulière. Le groupe VRD a été appuyé par les députés du groupe Adp-Maliba/ Sadi, à l’image de Souleymane Ouattara qui affirme que l’insécurité demeure une préoccupation au Mali.

Des vraies questions occultées

Au cours des débats, les questions essentielles posées par des députés n’ont pas eu de réponse de la part du PM. « L’insécurité se généralise partout. Quelle mesure le gouvernement envisage pour assurer la sécurité des populations ? Il y a un vrai malaise au sein de nos forces de sécurité et de défense, est-ce le fait qu’elles sont sous équipées ? Est-ce par le fait qu’elles ont besoin de réarmement moral ? Quelles sont les mesures prises pour situer les responsabilités en matière de tripatouillage électoral ?… A quand le retour des réfugiés et déplacés ? Pourquoi le cantonnement traine ? Pourquoi le désarmement tarde ? Nous voulons une application diligente de l’accord d’Alger. L’organisation de la conférence d’entente nationale n’est-elle pas un passage obligé pour ce faire ? Pourquoi les résultats de Ber n’ont pas été publiés à Ber ? », a déclaré l’honorable Aziza Mint Mohamed de l’Adema Pasj applaudit par son président du groupe parlementaire l’honorable Issa Togo.

Au delà de ces questions pertinentes, plusieurs députés de la majorité parlementaire ont félicité le gouvernement pour le travail abattu. D’autres ont quand même tenu à faire des recommandations. C’est le cas de l’honorable Mamadou Diarrassouba du groupe Rpm qui a invité le PM a sillonné l’intérieur du pays et à rencontrer la majorité parlementaire et extraparlementaire. « Si ce n’est pas cette majorité, c’est l’opposition qui allait vous faire tomber aujourd’hui », a-t-il précisé.

Le Mali a désormais un avion militaire

En réponse aux questions des députés, le Premier ministre, Modibo Keïta a fait savoir qu’il est nécessaire de s’attaquer aux causes de la migration irrégulière qui passe par la formation. « Nous respectons la souveraineté des pays d’accueils. Si nous ne parvenons pas régulariser les maliens, on veut qu’ils retournent en toute dignité et selon les normes internationales », a-t-il dit.

S’agissant de l’insécurité au Mali, le PM a signalé qu’il y aura le recrutement de 2000 policiers, 1000 gendarmes, 1000 gardes et 500 agents de la protection civile. Avant d’ajouter que les FAMA ont à leurs dispositions 375 véhicules, deux vecteurs fluviaux, 14500 unités d’équipements, 150 matériels de transmission sophistiqués comprenant des drones. « Pour la sécurité, nous avons mis en place un passeport biométrique, la carte d’identité biométrique est en projet. Il y a une force spéciale antiterroriste. Nous sommes conscient de l’insécurité, nous ne pouvons pas rester indifférent…ça serait prétentieux pour nous de dire que tout va bien. Le Mali a besoin de présenter un visage uni face à l’adversité », a prôné le PM.

Toujours en matière de sécurité, Modibo Keïta a fait savoir que le 1er avion militaire malien est venu le vendredi 16 décembre 2016 et quatre autres avions sont attendus d’ici fin juin 2017. Concernant les élections communales, le chef du gouvernement a rappelé qu’il y a eu le scrutin dans 644 communes, plus de 3000 listes étaient en compétition, 71 partis politiques ont eu des conseillers et le taux de renouvellement du personnel communal est de 80% alors qu’il était de 57% en 2009, le taux de participation est de 52%. A ses dires, les élections n’ont pas pu se tenir à Ber à cause de l’insécurité. Après le débat, les députés ont voté à bulletin secret.

A l’issu du décompte, il y a eu 33 voix favorables à la motion de censure sur 147 députés alors qu’il fallait la voix des 2/3 de l’Assemblée nationale (96 voix) pour faire partir le gouvernement de Modibo de Keïta. En fin de compte, la majorité des députés a donc rejeté la motion de censure de l’opposition contre le gouvernement.

 

Source: Le Républicain

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