Face à l’insécurité galopante qui sévit chaque jour, le gouvernement a montré son incapacité à apporter une solution politique ou une riposte militaire et exercer sa souveraineté sur l’ensemble du territoire malien en assurant la sécurité des personnes et des biens. L’accord colmaté comme une solution politique, signée le 15 mai et le 20 juin 2015 n’a nullement permis de réduire les conflits, ni entre les groupes armés ni entre ceux-ci et le gouvernement malien.
Dans ce contexte, la tenue des élections communales a montré jusqu’où la crise malienne était profonde, avec des achats de vote et diverses irrégularités. Et pour ne rien arranger à la situation, la polémique autour d’un présumé accord de réadmission s’est prolongée sur une motion de censure à l’Assemblée nationale. Même si elle n’a pas abouti, cette motion de censure est la traduction d’un malaise et la preuve d’une crise de confiance qui s’est durablement installée entre la représentation nationale et le gouvernement sur des questions essentielles.
La session budgétaire qui a pris fin par le vote d’une motion de censure, le 21 décembre 2016, n’aura pas été marquée seulement par l’adoption d’une loi des finances qui s’élèvent à 2 013 578 104 000 FCFA en recettes et 2 270 647 113 000 FCFA en dépenses. Mais aussi par la mise au pilori des ministres à travers une interpellation du gouvernement, le mardi 20 décembre, et le vote d’une motion de censure le mercredi 21 décembre.
Les points d’achoppement entre le gouvernement et l’Assemblée nationale sont l’insécurité galopante, la mauvaise tenue des élections communales du 20 novembre, l’impasse dans laquelle se trouve l’accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger, et la mauvaise gestion de la communication au sujet d’une rencontre entre le gouvernement du Mali et l’Union européenne au sujet d’un présumé accord de réadmission.
Cette motion de censure déposée le vendredi 16 décembre 2016 par l’opposition parlementaire (groupe Vigilance Républicaine et démocratique (VRD) et groupe Adp-Mali/ Sadi) a été votée par 33 députés alors qu’il en fallait 96 voix, pour renverser le gouvernement de Modibo Kéita.
Après plusieurs heures de débat en direct sur la télévision nationale, l’opposition parlementaire s’en tire avec une large communication au niveau nationale sur les maux qui gangrènent la gouvernance actuelle, même si le gouvernement a été sauvé comme d’habitude par sa majorité parlementaire.
Après cet exercice démocratique de l’Assemblée nationale, le flou artistique demeure sur bien des points soulevés par les élus, le Premier ministre Modibo Kéita ayant refusé le jeu, soutenant que certaines informations ne devraient pas être portées devant l’Assemblée nationale. L’Etat malien est-elle à mesure d’assurer la sécurité des personnes et des biens ? Quand est-ce que l’Etat exercera sa souveraineté sur l’ensemble du territoire malien? Désormais les élections seront-elles remportées par le parti ou le candidat qui vendrait le plus de bulletins pré-votés aux électeurs ?
A quand la mise en œuvre de l’accord d’Alger, la tenue de conférence nationale d’entente, le cantonnement des groupes armés ? Quels sont les avantages de la signature de l’accord de réadmission et quels les inconvénients si le Mali ne signait pas ? Des questions pour la réponse desquelles le Premier ministre n’a brillé que par un verbiage creux, préférant des corrections de sémantique chez les députés au lieu d’apporter des réponses aux vrais problèmes qui étaient posés et pour lesquels la responsabilité de son gouvernement était engagée devant la représentation nationale.
« Les interrogations du peuple malien se heurtent au silence et à l’inaction du Premier ministre », a laissé entendre un député. Des millions de Maliens qui ont suivi les débats en direct à la télévision nationale sont restés sur leur faim, déçus par les membres du gouvernement qui n’ont apporté aucune réponse aux vraies questions soulevées.
Au cours des débats, les questions essentielles posées par des députés n’ont pas eu de réponse de la part du PM. « L’insécurité se généralise partout. Quelle mesure le gouvernement envisage pour assurer la sécurité des populations ? Il y a un vrai malaise au sein de nos forces de sécurité et de défense, est-ce le fait qu’elles sont sous équipées ? Est-ce par le fait qu’elles ont besoin de réarmement moral ? », Interroge un député de la majorité.
Le PM a toutefois annoncé le recrutement de 2000 policiers, 1000 gendarmes, 1000 gardes et 500 agents de la protection civile. Avant d’ajouter que les FAMA ont à leurs dispositions 375 véhicules, deux vecteurs fluviaux, 14 500 unités d’équipements, 150 matériels de transmission sophistiqués comprenant des drones. « Pour la sécurité, nous avons mis en place un passeport biométrique, la carte d’identité biométrique est en projet. Il y a une force spéciale antiterroriste. Nous sommes conscient de l’insécurité, nous ne pouvons pas rester indifférent…ça serait prétentieux pour nous de dire que tout va bien. Le Mali a besoin de présenter un visage uni face à l’adversité », a prôné le PM.
Modibo Keïta a fait savoir que le 1er avion militaire malien est arrivé le vendredi 16 décembre 2016 et quatre autres avions sont attendus d’ici fin juin 2017.
Source: Le Républicain