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Polémique autour de la signature d’un accord de réadmission: IBK, « je ne suis pas de l’engeance des traitres »

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Quiproquo ou crise diplomatique ? En tout cas, les discussions entre le ministre des Affaires étrangères, de la coopération internationale et de l’intégration africaine, Abdoulaye Diop, et son homologue des Pays-Bas, Bert Koenders, se seront soldées visiblement par un dialogue de sourds. Si pour le néerlandais et les Européens l’affaire est bel et bien conclue avec le Mali, pour nos autorités que nenni ! Il n’a jamais été question de signer quoi que ce soit qui permette à qui que ce soit de renvoyer nos compatriotes, qui ne sont tous heureusement pas en situation irrégulière.

La mise au point au ministère des Affaires étrangères via Facebook n’a malheureusement pas éteint la polémique. Et pour cause ? Par-delà, la sensibilité extrême de la question touchant à nos compatriotes de la diaspora au regard de leur apport à la nation, on ne peut faire fi de son instrumentalisation à des fins politiciennes.
S’il faut comprendre la colère légitime d’une diaspora désinformée, manipulée et instrumentalisée à souhait dont la bonne foi et la sérénité auront été surprises, on ne peut toutefois pas tresser des lauriers à une diplomatique malienne dont la légèreté et le dilettantisme sont bien à la base de cette effervescence et de toutes les insultes dont le président IBK a essuyé sur les réseaux sociaux, notamment.

Succession d’erreurs
La gestion de cette affaire par le ministre Diop aura été une succession d’erreurs voir de fautes impardonnables à un diplomate de carrière. De quoi s’agit-il ?
Recevant son homologue néerlandais, Bert Koenders, dont l’anti-malianisme primaire ne souffre d’aucun doute, notre ministre des affaires étrangères, contre tous les usages diplomatiques s’exhibe avec son hôte, devant les flashs, chacun avec un papier (Signé ?) présenté comme un communiqué commun. Or, d’habitude, ce sont les « accords », les « conventions », les « protocoles », les « arrangements », les « ententes »… qu’on présente ainsi au terme de discussions ou de négociations.
En s’attaquant aux médias (à un seul organe de presse), au lieu d’user des mécanismes diplomatiques habituels pour démentir l’information (par exemple la convocation de l’ambassadeur de l’Union européenne), le ministre Diop dilue le crédit de son message sur les réseaux sociaux en effervescence qui réclamaient déjà une corde pour le pendre haut et court. Aussi, au lieu de convaincre, le supposé démenti, n’a fait qu’enflammer davantage une polémique qui prend de plus en plus de proportions.
Pour éteindre le feu, le gouvernement appelle à la rescousse du ministre de cette étrange affaire, son porte-parole. Sur le plateau de l’Ortm, Me Tall tente de convaincre une opinion dont la religion semble déjà faite. L’avocat a plaidé ; mais a-t-il seulement emporté la conviction déjà assise des Maliens ?

Le Mali, premier cobayes africains ?
La communication mieux articulée, mieux coordonnée, surtout mieux planifiée des Européens brouille la sincérité du message de nos autorités. Parce que, dans sa naïveté, le ministre Diop a fait confiance à la loyauté de son interlocuteur et n’a rien anticipé, notre pays se retrouve au banc de l’Afrique (comme premier pays à signer sur les 5 cobayes africains choisis par les 28) et le président la cible de toutes les insultes. Or, il n’y a pas pire, en matière de communication que l’exercice de se justifier à travers un laborieux démenti.
En diplomate averti, le ministre Diop ne pouvait ignorer le timing de l’agenda européen quant à parvenir avant la fin de l’année à un accord avec 5 pays ciblés, dont le sien.

Une diplomatie qui se ridiculise ?
Aussi, en annonçant comme elle l’a fait, sur les réseaux sociaux, que le Mali « exige des Pays-Bas et de l’UE un démenti officiel qu’un accord de réadmission ait été signé », la diplomatie malienne se ridiculise davantage et couvre tout le gouvernement d’opprobre.
Pourquoi les Pays-Bas, s’il ne fait aucun doute que son ministre des affaires étrangères est venu au nom et pour le compte de « Mme Federica MOGHERINI, Haute Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et Vice-présidente de la Commission européenne, dans le cadre du dialogue de Haut Niveau sur les questions migratoires » ?
Comme on le voit, en plus de son dilettantisme, notre ministre des affaires étrangères établit la preuve que son démenti ainsi que celui de son collègue porte-parole du gouvernement n’ont convaincu personne. En bonne lecture, c’est : chers amis européens, l’affaire se corse pour nous, venez à notre rescousse en vous dédisant, à travers un démenti qu’aucun accord n’a été signé entre nous !
C’est pathétique, désespérant, affligeant… Mais aussi révoltant. Parce que le Mali mérite mieux que ce naufrage diplomatique.

Imprudence et négligence
Avec beaucoup de générosité, on peut dire que notre diplomatie s’est laissée piéger. Avec intransigeance, les Maliens, notamment ceux de la Diaspora sont en droit de demander des comptes. Et en toute objectivité, des responsabilités doivent être situées. Parce que le Mali n’a pas deux paroles, notre honneur et notre fierté ne nous inclinent pas à mettre deux fers au feu.
Pourquoi, de manière unanime, les Européens se concerteront-ils pour dire qu’ils ont signé un accord avec le Mali alors qu’il n’en est rien ? Est-ce parce qu’ils estiment que leurs désirs sont des ordres et que notre pays ne peut en aucun cas refuser de s’inscrire dans le deadline de leur agenda ?
Le ministère des Affaires étrangères a été, peut-être, imprudent et négligent quant à l’échéance européenne de voir les 5 pays africains, dont le nôtre, signer avant le sommet européen de décembre.
Le ministre Diop ainsi que d’autres de ses collègues ont pris langue avec Bert Koenders, non en tant que ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, mais l’envoyé de la Vice-présidente de la Commission européenne.
Des discussions, il y en a eues. Le Communiqué publié le 11 décembre va dans ce sens.
Des engagements ont-ils été pris suivant les préoccupations et priorités européennes ? Le Communique ne le dit pas. Tout ce qu’il laisse entendre c’est que : « les deux parties ont marqué leur accord sur les domaines d’une coopération renforcée, en prévoyant des actions prioritaires dans des domaines d’intérêts partagés, à intégrer dans une Feuille de Route conjointe ». Et le communiqué cite les « domaines prioritaires sur lesquels les deux parties envisagent de renforcer leur collaboration » à l’avenir.

Le malentendu
Cela suffit-il à l’Union européenne de dire qu’il a obtenu un accord avec le Mali ?
La bonne foi et l’objectivité commandent cette lecture. Sinon, la chute du communiqué n’aura aucun sens. Sinon pourquoi, « les deux Parties se sont mis d’accord de mener le prochain dialogue de Haut Niveau, permettant d’évaluer le progrès enregistré, avant le mois de septembre 2017 » ?
C’est pourquoi, malgré la conduite scabreuse de ce dossier par le ministre Diop, nous sommes de ceux qui sont plus enclins à croire que la polémique, certes entretenue, repose sur un malentendu, un quiproquo diplomatique qu’il faut gérer avant que ça ne débraye sur une double crise diplomatique (avec l’Union européenne) et sociale (avec les populations défendant légitiment les enfants de la Diaspora).
Les invectives et les impertinences ne changent rien à la donne. Il y a manipulation avec le dessein clair et sans équivoque de salir un homme dont l’engagement pour ses compatriotes de la diaspora ne fait l’ombre d’aucun doute.
Les insultes grossières et les appels à la révoltante ne confortent le Malien dans son honneur et son image aux yeux du monde.
Le Mali est un pays pauvre, aujourd’hui fortement assisté. Mais le Mali reste le Mali. L’homme qui est aujourd’hui à sa tête est connu pour son intégrité et son sens de l’honneur. Même ses pires adversaires s’accordent à dire qu’il est un patriote, un homme d’État, un homme d’honneur. N’est-ce pas pourquoi, nous l’avons fortement plébiscité ?
Le citoyen et le président IBK peuvent échouer, encore qu’il faut attendre le terme du mandat pour évaluer, mais cet homme n’est pas de l’engeance des traitres. Sauf preuve contraire. Dans cette affaire, personne ne peut prouver qu’un accord a été signé. Sans accord signé qu’on puisse brandir, il ne s’agit que d’un procès d’intention, au pire, d’un procès en sorcellerie qu’on intente au président IBK qui n’a pas trahi et qui ne trahira jamais, surtout les Maliens de l’extérieur. Comme il aime lui-même à le dire : « je ne suis pas de l’engeance des traitres ».
Telle est ma religion dans cette affaire. Suivant la bonne vieille sagesse peule que nous partageons tous : je préfère croire à un arbre que je connais plutôt qu’à un homme que je ne connais pas. Je suis Malien, j’aime mon pays, j’y crois. Donc, sans aucun chauvinisme, je préfère croire à un Malien, fut-il mon adversaire politique, qu’à n’importe quel saint étranger.

 

Source: Info-Matin

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