Il était encore inconnu il y a quelques semaines. Il est désormais considéré comme l’ennemi public numéro un dans la province du Soum, tout au nord du Burkina, le long de la poreuse frontière avec le Mali. Car les responsables sécuritaires burkinabè en sont aujourd’hui convaincus : l’imam Ibrahim Dicko, dit « Malam », a contribué à
l’attaque qui a coûté la vie à 12 militaires le 16 décembre à Nassoumbou, dans le nord du Burkina, près de la frontière avec le Mali.
Originaire de la localité voisine de Soboulé, au nord de Djibo, ce Burkinabè d’une quarantaine d’années avait été arrêté par les militaire français fin 2013 près de Tessalit, au Mali, puis remis aux services de sécurité maliens et incarcéré à Bamako, avant d’être libéré en 2015.
En lien avec Koufa et des membres de l’ex-Mujao
Il a ensuite regagné la région de Djibo, où il a fondé l’association islamique Al Irchad tout en distillant ses prêches radicaux dans sa mosquée ainsi que sur une radio locale. « Une partie de ses fidèles se sont rapidement détachés de son discours extrémiste, mais d’autres l’ont suivi et ont constitué un petit groupe radicalisé et armé autour de lui », explique un officier burkinabè, qui évoque une organisation de quelques dizaines d’hommes tout au plus.
Lié au prédicateur radical malien Hamadoun Koufa, dont il partagerait l’ambition de récréer un grand royaume peul dans la région, et à des combattants de l’ex-Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), l’imam Dicko dit désormais être à la tête du mouvement « Ansarul Islam ».
Ses fidèles se déplaceraient régulièrement d’un côté et de l’autre de la frontière entre le Burkina et le Mali, où les assaillants du camp de Nassoumbou se sont repliés après leur attaque. Ils utiliseraient notamment les localités malienne de Douna et Selba, à une vingtaine de kilomètres de Nassoumbou, comme bases arrières.
Représailles et menaces
Le 1er janvier, les hommes de Dicko ont mené une expédition punitive contre deux anciens membres du groupe, qui avaient pris leurs distances en raison de la radicalisation de son leader et qui constituaient de potentiels informateurs pour les services de sécurité burkinabè.
Le premier, un imam de la localité de Tangomayel, a été liquidé par un commando d’hommes armés en début de soirée. Selon nos confrères de RFI, il avait auparavant essayé, en vain, de convaincre certains jeunes d’abandonner le groupe d’Ibrahim « Malam » Dicko. Le second, lui, a été grièvement blessé. Depuis, le groupe fait circuler des menaces de représailles similaires dans la région contre tous ceux susceptibles de collaborer avec les forces de sécurité contre eux.
Benjamin Roger