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Edito : Organisation du Sommet Afrique – France : La honte !

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C’est demain que s’ouvre dans notre capitale le 27ème Sommet Afrique – France, pour la deuxième fois après celui de 2005. Une rencontre qui illustre combien les peuples d’Afrique et leurs dirigeants sont encore sous l’emprise de la puissance coloniale, malgré les indépendances chèrement acquises dans les années 1960.

L’organisation du Sommet Afrique – France est la plus parfaite illustration du complexe qu’éprouvent les dirigeants africains face à la France. A l’occasion de la tenue de ces sommets aux allures folkloriques, ils font tout pour plaire à l’hôte de marque, le Président français. Ils deviennent tout de suite imaginatifs pour mobiliser le peuple afin de mener des actions citoyennes diverses : salubrité, assainissement. Des programmes d’urgence sont initiés pour réparer les infrastructures existantes. Le Sommet de Bamako ne fait pas exception à cette triste réalité africaine. Depuis l’annonce du choix de notre capitale pour abriter cette rencontre, les autorités maliennes sont au four et au moulin pour sa réussite. Ainsi, nous assistons à Bamako à des actions tapageuses pour rendre belle la ville des trois caïmans, comme si le Mali se limitait à sa capitale. Les abords des grandes artères sont réparés, peints, dallés. Les goudrons sur les routes principales sont refaits. Il a aussi fallu attendre l’organisation de ce sommet pour voir l’aérogare de l’aéroport international Modibo Kéita de Sénou, la vitrine du Mali, et son pavillon présidentiel entièrement rénovés. Ceux qui ont un peu de moyens ont aussi fait des dons en nature ou en argent pour appuyer l’organisation de la rencontre. Les initiatives privées se sont multipliées un peu partout. Tout cela pour accueillir nos hôtes dans les meilleures conditions. Que c’est beau!

Seulement voilà: comme on en a l’habitude, la volonté politique clairement affichée de réussir ce sommet, l’engagement des autorités maliennes et cette forte mobilisation populaire autour du pays  ne survivront pas au lendemain de la rencontre. Ce qui est vraiment dommage. En effet, les dirigeants africains donnent l’impression de ne pas travailler pour leurs peuples. Sinon, pourquoi attendre le Sommet pour savoir qu’il faut réparer nos routes et rendre belles nos capitales? Est-ce qu’il fallait attendre le sommet pour faire l’opération Ami Kane et prendre des mesures pour mettre place un dispositif sécuritaire dissuasif aux différents ronds-points de Bamako ? Même si on nous dira que celles-ci vont rester d’actualité après le sommet. Ce qui est déplorable, c’est le fait qu’on attende ce genre de rencontres pour penser à prendre ces initiatives et à rendre propres nos cadres de vie. Quelle honte! En effet, il est honteux que nos dirigeants attendent le Sommet Afrique – France pour demander au peuple de se mobiliser pour leur pays pendant cette période. Nous, Maliens, plus spécialement, devons comprendre que la mobilisation citoyenne pour notre pays doit être une action pérenne. On ne doit pas attendre la tenue de rencontres internationales pour demander au peuple de s’occuper de son cadre de vie. Cette forte mobilisation est la preuve que, si nous voulons, nous pouvons. L’engagement citoyen et la volonté politique dont nos autorités ont fait montre à la faveur de ce sommet prouvent que, si cet élan s’inscrit dans la durée, il n’y a aucun doute que le Mali puisse se développer. Ces actions tape à l’œil ne serviront pas tant qu’elles ne seront pas inscrites dans la durée. On se rappelle qu’en 2005 les populations avaient formulé les mêmes critiques contre la tenue de cette rencontre à Bamako. Les autorités de l’époque avaient sonné la mobilisation générale et mené les mêmes actions tapageuses pour sa réussite. Mais, après, on connaît la suite.

En réalité, le Sommet Afrique – France ne profite pas au peuple. Il donne l’occasion de magnifier la grandeur de la France et permet à certains de se lécher les babines le temps de son organisation. Tout ce que le peuple obtient, durant le sommet, ce sont ses désagréments. En effet, durant l’évènement, il est cantonné à la maison et sa liberté de circulation est considérablement entravée. Si le sommet était pour le peuple, il aurait pu être une rencontre populaire. Malheureusement, ce n’est pas le cas. On est en train de tout faire pour écarter le peuple des lieux où se tient la rencontre. Partout c’est la désolation.

Si le Mali a pu mobiliser plus de 30 milliards de FCFA pour l’organisation de Sommet, qui durera deux jours seulement, avec un peu de volonté politique, il devrait être capable de multiplier les initiatives pour booster le développement du pays tout au long de l’année.

 

Source: La Lettre Du Peuple

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