La 3ème République, moderne selon le Président Ouattara, tarde à se tourner vers l’avenir. Retenue par son armée mexicaine pour des contentieux du passé.
Armée mexicaine. L’expression est toute trouvée pour qualifier l’armée ivoirienne sous l’ère Ouattara. Tant la grande muette est composée de soldats de rang pour la plupart sans véritable formation militaire. Ce qui explique cette incapacité à y faire régner l’ordre d’autant que les instructions fusent de parts et d’autres. Entre la mosaïque de commandants enregistrés au soir de la crise postélectorale et la hiérarchie, difficile de savoir qui fait quoi. Le fait d’envoyer Issiaka Ouattara alias Wattao, pourtant commandement en second de la Garde républicaine en pourparlers à Bouaké avec les soldats insurgés est tout un symbole de l’influence que celui-ci a sur ses hommes. Et ce en dépit de la haute hiérarchie militaire. Ce n’est un secret pour personne. L’armée ivoirienne constitue un ensemble hétéroclite où l’homogénéité est loin d’être une vertu. Caisse de résonance de la politique, elle reflète la fracture sociopolitique du pays car divisée entre pro-Ouattara, pro-Soro, pro-Ibrahim Coulibaly, dit IB et pro-Gbagbo. Par-dessus cette structure multi Céphale, le pire reste les inégalités salariales entre les forces issues de l’ex-rébellion. Ainsi, se distinguent deux tendances dont la polarité des traitements reste certaine. D’une part, les forces spéciales, le Gspr (Groupement de sécurité de la présidence de la République) et le Ccdo (Centre de coordination des décisions opérationnelles). Des corps d’élite aux conditions de vie agréables qui jouissent de la confiance du régime. D’autre part, l’envers du décor. Une autre armée qui broie du noir. L’échec de l’opération de désarmement, de démobilisation et de réinsertion est manifeste. Et le choix d’Alain Donwahi quant aux négociations avec les mutins est loin d’être fortuit. L’ancien secrétaire général du Conseil national de la sécurité connait bien le dossier ADDR. En somme, les institutions de la 3ème République mises en place, l’heure est d’abord aux règlements des contentieux du passé. L’armée en ligne en tête, les fonctionnaires ensuite. Pourvu que ces mouvements d’humeur n’ouvrent pas d’autres brèches.
Source: Imatin