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Idriss Déby, Président en exercice de l’UA: « ce sommet est porteur d’espoirs »

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Le président en exercice de l’Union africaine, Idriss Deby Itno du Tchad, qui a été beaucoup ovationné, par le public malien, comme son homologue IBK, semble lui aussi conscient des défis qui attendent notre continent pour son développement. Avec la France qui reçoit elle aussi les fragmentations du désordre et des défis mondiaux, il a appelé à unir les forces. Ce partenariat est l’atout majeur de cet ensemble pour assurer la paix et la sécurité, non seulement au sein de l’ensemble commun, mais également à l’échelle mondiale.
Mais pour le président Deby, il s’agit d’un nouveau partenariat qui ne saurait se construire que dans le respect mutuel, la confiance réciproque, l’égalité, loin du double méfait du complexe d’infériorité et des velléités de domination.
Nous vous proposons l’intégralité de son discours !

Monsieur le Président et Cher Frère IBRAHIM BOUBAKAR KEITA ;
Mesdames, Messieurs les Chefs d’Etat et de Délégation ;
Distingués invités, tout protocole observé ;
Mesdames, Messieurs.

Permettez-moi tout d’abord d’exprimer à mon frère le Président IBRAHIM, au gouvernement et au peuple maliens, ma sincère gratitude pour la chaleur de l’accueil fraternel et l’hospitalité proprement africaine, dont ma délégation et moi -même avions bénéficiées depuis que nous avons foulé cette terre glorieuse dont chaque arpent de sable conte l’épopée d’une histoire millénaire.
Je voudrais aussi me féliciter de la qualité des dispositions prises pour l’excellente organisation de ces assises. Le grand peuple du Mali prouve ainsi à la face du monde ses valeurs légendaires d’hospitalité, de fraternité et d’humanisme.
Ce faisant, il administre la preuve que les épreuves et les vicissitudes de l’histoire n’ont fait que de le tremper dans l’acier.
Je voudrais aussi rendre un hommage appuyé au Président Hollande, à la mesure de son amitié pour l’Afrique et à son engagement sans faille à nos côtés dans les moments sombres que certains de nos pays ont récemment traversés.

Mesdames, Messieurs.
La tenue de ce sommet à l’orée de l’année nouvelle est assurément pleine de promesses et porteuse d’espoirs. Au delà de la symbolique de l’agenda, il y a bien évidemment la pertinence de la thématique de nos assises : « partenariat, paix, Emergence » qui résume nos attentes.
Les mots vont bien au delà du symbole. Ils identifient les vecteurs porteurs de notre partenariat et dessinent le nouvel horizon de la France et de l’Afrique.
L’Afrique est aujourd’hui engagée dans un multilatéralisme fécond, diversifié et assurément prometteur.
Dans la constellation de nos relations avec le reste du monde, notre association et notre partenariat avec la France occupent une place particulière.

Mesdames, Messieurs.
Le triptyque « Partenariat – Paix – Emergence » n’est pas seulement dans l’aire du temps mais il est, également, en totale adéquation avec nos préoccupations les plus légitimes.
Notre planète tout entière est aujourd’hui en pleine tourmente. Elle est en butte à une profonde crise économique et sécuritaire. Cette double crise affecte de manière prononcée les Etats africains et compromet gravement leurs projets et programmes de développement. Partout les chantiers de la construction du grand projet rêvé pour l’Afrique subit les contrecoups du marasme mondial.
La France, en tant que grande Nation, reçoit elle aussi, parfois douloureusement, les fragmentations du désordre et des défis mondiaux. Nous sommes donc face aux mêmes adversités. Nous n’avons d’autres choix que d’unir nos forces.

Notre partenariat est notre atout majeur pour assurer la paix et la sécurité, non seulement au sein de notre ensemble mais également à l’échelle mondiale.
C’est seulement à ce prix que notre émergence forgera son chemin vers la grandeur, pour le plus grand bien de nos peuples.

Mesdames, Messieurs ;
L’Afrique est aujourd’hui l’espace où la paix et la stabilité sont les plus fréquemment menacées. Il est trivial de souligner que le continent reste, en dépit de quelques éclaircies, un théâtre de crises et de conflits divers.
L’indescriptible situation en Libye, l’instabilité récurrente dans l’espace sahélo-saharien et dans la corne de l’Afrique ; la détresse humanitaire au Soudan du Sud, le cycle de violences et d’insécurité dans les pays des Grands Lacs et d’Afrique Centrale nous rappellent, sans cesse l’ampleur des défis à relever.
A ce tableau déjà sombre, s’ajoutent le terrorisme et la criminalité transfrontalière, les trafics des humains, la piraterie maritime, le commerce de la drogue et autres stupéfiants, le commerce illicite des armes, les financements occultes des déviances idéologiques les plus criminelles, les plus sordides.
Tous ces vecteurs de la mort et de la désolation dont les premières victimes sont les populations civiles, les femmes et les enfants en particulier, appellent une solidarité agissante, forte et constante.
Face à ces défis, l’Union Africaine et ses communautés économiques régionales, s’efforcent d’apporter des réponses.
L’Architecture africaine de paix et de sécurité, la Capacité Africaine de Réponse Immédiate aux Crises (CARIC) et le processus de Nouakchott sur la coopération en matière sécuritaire participent tous de cette dynamique de recherche de la paix, de la sécurité et de la stabilité à l’échelle régionale et continentale. Partout nous mettons en commun nos énergies, nos intelligences et nos moyens. Le G5 Sahel en donne déjà l’exemple.
C’est le lieu ici de se féliciter des résultats encourageants obtenus sur le terrain de la lutte contre la secte terroriste Boko Haram dans la région du Lac Tchad et les terroristes au nord du Mali et dans la corne de l’Afrique, en Somalie et en Libye.
Je me réjouis ici de la tendance assez forte de nombreux pays africains à privilégier le recours au dialogue et à la concertation comme mode de solution de leurs crises et tensions politiques. L’exemple donné ici par la RDC mérite notre soutien et encouragement. Ce bel exemple doit nous inspirer pour d’autres situations.
En dépit de ses tendances positives, la situation sécuritaire demeure précaire et la stabilité est toujours mise à rude épreuve. C’est pourquoi, nous devrons agir de manière urgente, coordonnée et concertée en vue de faire face à tous ces défis.
C’est en ce sens que la solidarité et le partenariat appelés de tous nos vœux prennent tout leur relief et revêtent toute leur signification.
Aujourd’hui plus qu’hier, les destins des peuples sont liés. Aucun pays ne peut se targuer d’être à l’abri du terrorisme et de l’insécurité. Le désordre et l’instabilité qui affectent une région se répercuteront tôt ou tard dans d’autres régions. Le monde est UN et la mondialisation est terriblement totalisante.
Le devoir de mutualisation des forces et de conjugaison des efforts en vue de contenir la poussée du terrorisme et du radicalisme s’impose à tous les segments de la communauté internationale.
A cet égard, la France et l’Afrique qui partagent tant de profondeurs sont intensément interpelées à faire bloc età fédérer leurs actions.
En ma qualité de président en exercice de l’Union Africaine, il me plait de souligner, non sans fierté, que le continent est aujourd’hui, malgré ses difficultés, résolument engagé sur la voie de son irréversible émergence.
Notre grande ambition d’émergence mise en exergue dans l’agenda 2063 est centrée sur la transformation structurelle de nos économies.
Aussi nous faudra-t-il diversifier nos productions, accélérer notre industrialisation et renforcer nos mécanismes d’intégration.
Le succès de telles politiques nous paraît être un levier crucial pour rendre notre continent attractif à tous égards aux investissements extérieurs. Ce faisant, nous aurons fait œuvre utile en créant les conditions d’une émergence, elle-même génératrice d’emplois pour les jeunes et les femmes.
L’Afrique doit offrir une image du continent qui fait rêver sa jeunesse et la dissuader de continuer à emprunter le train de la mort, à travers une migration humiliante, dangereuse, aux retombées chimériques.
Il y a là un vaste champ pour notre partenariat, tant à l’échelle du continent qu’à l’échelle des sous ensembles régionaux, voire à l’échelle des Etats africains pris isolément.

Mesdames, Messieurs ;

Permettez-moi, à titre de propos final, d’insister sur un point.Le nouveau partenariat que nous appelons de tous nos vœux, ne saurait se construire que dans le respect mutuel, la confiance réciproque, l’égalité, loin du double méfait du complexe d’infériorité et des velléités de domination.

Les valeurs de liberté et d’égalité fondatrices de la République française forment ici une belle symbiose avec l’attachement de l’Afrique à son identité, sa dignité, son indépendance et à ses autres valeurs qui structurent l’imaginaire collectif de ses peuples.

Le maintien d’une concertation permanente et la promotion de méthodes fondées sur l’écoute attentive de l’autre sont la garantie que de telles valeurs communes seront, en toutes circonstances, sauvegardées.

Puisse ce sommet de Bamako être celui de la solidarité, de l’action et du partenariat dynamique entre l’Afrique et la France. Notre bel héritage et notre destin commun ne nous laissent point un autre choix.

Tout en vous présentant mes meilleurs vœux pour cette année 2017, je souhaite pleins succès à nos travaux.

Je vous remercie.

 

 

Source: Info-Matin

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