Le délai de grâce accordé à l’actuel Premier ministre, Modibo Keïta, prend fin avec la tenue du Sommet Afrique-France, au nom duquel on évitait de poser tout acte qui pouvait faire penser à une instabilité du pays, surtout avec les cagoulards à l’affût pour mettre à profit toute opportunité d’arracher au Mali “son” Sommet. A présent que la poussière s’est dissipée derrière cette rencontre internationale, le Président IBK ne peut que secouer le cocotier pour donner un souffle nouveau à l’action gouvernementale, dans le sillage du succès du Sommet. Ce, pour être en phase avec son parti, le Rpm, qui promet de mettre le turbo dans l’occupation du terrain politique en vue de la Présidentielle de 2018.
Depuis plusieurs mois on en parle, mais il tarde à voir le jour. Il s’agit du remaniement ministériel tant attendu pour faire bouger les lignes eu égard aux attentes de plus en plus nombreuses des populations. En effet, un renouveau de l’action gouvernementale ne serait pas trop demander au Président IBK au moment où son parti, le Rpm dont il est le président-fondateur, est conscient qu’il faille redoubler d’efforts pour bien se tirer d’affaires lors de la Présidentielle de 2018. C’est pourquoi, au niveau de la Majorité présidentielle présidée par Dr Bocary Tréta, par ailleurs président du Rpm, on ne cache pas qu’on est vraiment entré dans une phase active de redéploiement politique pour faire réélire avec beaucoup de succès le Président IBK en 2018.
Il reste évident que le bilan du président de la République sera mis en avant. Mais qu’on ne s’y méprenne point : même si on peut être battu facilement et systématiquement lors d’une élection à cause d’un mauvais bilan, il n’est pas évident que le bilan puisse positif puisse suffire pour faire rempiler un candidat. En effet, un peuple se nourrit d’espoir et ne se morfond jamais dans son passé. Rison pour laquelle il faut savoir faire preuve de prospective afin de présenter aux Maliens un bon programme en mesure de les accrocher pour un éventuel second mandat du Président IBK. Pour cela il faut s’appesantir sur les préoccupations des populations, tout en évitant que se développe, dès à présent, un sentiment de rejet qui rendrait les électeurs imperméables à tout discours au profit de la prolongation d’un bail du Président IBK au palais de Koulouba.
C’est donc dire que, forcément, Ibrahim Boubacar Keïta se trouve obligé d’agir sur deux leviers: la Majorité politique qui le soutient et une action gouvernementale empreinte de dynamisme et de clairvoyance. A l’heure actuelle, un signal fort, disons même très fort est attendu dans le pays : un remaniement ministériel avec comme point focal le changement de Premier ministre. De toute façon, changer de Premier ministre reste aujourd’hui la chose la mieux partagée au sein de l’opinion nationale.
Une idée renforcée par la défaite du Premier ministre jusque dans son propre fief de Koulikoro lors des élections communales. Avec tous les moyens dont il dispose, notamment les fonds politiques mis à sa disposition, c’est vraiment sujet à controverse. Mais quel Premier ministre choisir pour conduire le Gouvernement jusqu’à l’élection présidentielle de 2018 en passant par la tenue du scrutin référendaire portant sur la révision constitutionnelle ? Voilà la difficulté du choix car même si l’homme ou la femme à choisir doit présenter un profil politique, il ne faudrait pas plonger le Mali dans une atmosphère de campagne électorale permanente ou transformer le Gouvernement en un véritable directoire de campagne au point d’égratigner l’unité tant escomptée après la sortie de la crise multidimensionnelle dont vient de se relever le pays. Cet équilibre à trouver constituera l’un des points forts du profil du prochain Premier ministre.
D’ores et déjà, comme au Pmu-Mali, des noms sont avancés avec des favoris, des outsiders et des challengers. Mais Abdoulaye Idrissa Maïga, l’actuel ministre de la Défense et des anciens combattants, Soumeylou Boubèye Maïga, Secrétaire général de la Présidence et Mohamed Ag Erlaf, ministre de l’Administration Territoriale sont les noms qui reviennent beaucoup plus ces derniers temps. Mais comme il ne faut jamais compter les poussins avant que la poule n’ait pondu…
Source: Aujourd’hui-Mali