La situation sécuritaire du Mali menaçant l’existence de l’Etat a nécessité un dépassement de soi de la classe politique malienne pour défendre la mère patrie. L’opposition et la majorité se sont donné la main à travers un meeting tenu le samedi 21 janvier au monument de la Colombe (Monument de la paix).
Quand il s’agit de sauver la nation, on doit taire les égos et oublier les agendas personnels pour faire face à l’essentiel. Cela semble être compris par les Maliens. Car, à la suite de l’inqualifiable carnage qui s’est produit dans le camp du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) le 18 janvier à Gao, les fils du Mali se sont retrouvés. L’ensemble de la classe politique, opposition et majorité, ainsi que les confessions religieuses étaient au rendez-vous du meeting dit «l’appel unitaire de la majorité et de l’opposition» contre le terrorisme et pour la paix au Mali.
Faut-il le souligner, l’image qui a retenu l’attention de l’opinion, est la présence de toute la crème politique du Mali. Il s’agit, entre autres, du chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, président de l’URD, Dr Bocary Tréta, président de la Convention des partis politiques de la majorité présidentielle, non moins président du parti au pouvoir, le RPM. A ceux-là s’ajoutent Tiémoko Sangaré de l’Adema, Tiébilé Dramé du Parena, Soumeylou Boubèye Maïga de l’Asma, Modibo Sidibé des Fare, Moussa Mara de Yelema, Amadou Thiam de l’ADP-Maliba, Choguel Maïga du MPR, Me Mountaga Tall du Cnid.
A cette occasion, après avoir exprimé la douleur de l’opposition suite aux tragiques événements survenus à Gao, Soumaïla Cissé a appelé à la mobilisation de toutes les forces patriotiques de notre pays pour combattre et condamner avec la dernière énergie les forces rétrogrades et d’un autre âge qui voudraient asservir notre peuple et bloquer son développement. Présentant ses condoléances aux victimes, il soulignera que leur mort ne doit pas rester vaine.
«En leur mémoire, nous devons prêter le serment que leur sacrifice ne sera pas vain ! En leur mémoire, nous devons faire aboutir la paix. En leur mémoire, nous devons lancer la renaissance de notre pays», soutient le chef de file de l’opposition. Partant, il a félicité et remercié la Minusma, Barkhane et tous les acteurs qui, au quotidien, appuient le processus de paix au Mali. Pour M. Cissé, il est plus que jamais nécessaire « pour nous, de nous unir pour exprimer notre solidarité et notre engagement à ne pas abdiquer face à l’ennemi ».
Si nous sommes tous ici rassemblés, de toutes origines, de toutes catégories, de tous bords politiques, de toutes confessions religieuses, femmes, jeunes et vieux, société civile, classe politique, Maliens et étrangers, commente-t-il, c’est parce que nous sommes indignés et ne pouvons contenir notre commune colère.
«Oui, nous sommes en colère, colère née de l’injustice qui a frappé les enfants du Mali à Gao ce mercredi 18 janvier 2017. Si nous sommes ici, c’est pour clamer notre commune aspiration : faire de notre pays un Etat stable, une nation unie et solidaire. Oui, le Mali est ce qui nous unit. C’est l’amour du Mali qui nous conforte. Le Mali est notre fierté. C’est pourquoi, au-delà de toute appartenance politique, au-delà des querelles politiciennes, notre engagement à tous doit être celui de la défense de notre patrie. Il nous faut défendre notre pays car il est menacé. Il est menacé dans ce que nous avons de plus cher: l’intégrité territoriale et l’unité nationale», a déclaré Soumaïla Cissé. Mais, poursuivra-t-il, le « Mali un et indivisible » ne peut être un simple slogan ! Nous ne mettrons jamais le genou à terre.
Nous, Maliennes et Maliens, nous ne nous coucherons pas devant l’adversité et ces sanguinaires exécutants. Nous, Maliennes et Maliens, nous nous levons aujourd’hui et pour toujours, ensemble, pour affronter, sans peur, les maîtres du crime et de l’horreur tout comme les traîtres à notre Nation, ajoutera Soumaïla Cissé.
«Où qu’ils soient, où qu’ils se terrent, où qu’ils complotent, ils doivent désormais savoir que le peuple du Mali est debout et marche sur le seul chemin qui légitime le plus beau et le plus grand de ses combats : celui de la paix ! Face au terrorisme, face aux extrémismes, face au crime organisé qui veulent entraîner notre Maliba dans l’abîme, c’est vous, c’est nous, Maliennes et Maliens, qui les obligerons à y tomber eux-mêmes. Car plus le péril nous menace, plus grandit en nous ce qui va nous en sauver» indique Cissé.
Pour lui, le Mali millénaire est notre héritage et personne ne nous en dépouillera; notre capital commun, personne ne nous le dilapidera. Notre Mali vit et vivra parce que notre cœur citoyen et patriotique ne s’arrêtera jamais de battre pour sa défense, pour son honneur, pour sa dignité et pour sa renaissance !
Partant, il a salué la présence massive de l’ensemble de la classe politique, des confessions religieuses, et de la société civile. Car, elle est le témoignage que, quand il s’agit de l’essentiel, nous sommes tous ensemble, quand il s’agit du pays, nous répondons tous présents, quand il s’agit de notre patrie, tous les sacrifices sont possibles. Avant d’ajouter que ce jour est glorieux car c’est la défaite des ennemis de notre pays ! Parce que, explique-t-il, unis et solidaires, les Maliens sont invulnérables, unis et solidaires, nous sauverons notre pays.
Pour sa part, le porte-parole de la majorité présidentielle, le Pr Younouss Hamèye Dicko dira que ce jour est un jour de deuil et en même temps un jour de gloire, parce que le Mali s’est levé et il ne s’assoira plus jamais avant le retour définitif de la paix dans notre pays. A l’en croire, l’attaque terroriste, perpétrée par les ennemis de la paix dans le camp du Mécanisme opérationnel de coordination de Gao en date du 18 janvier 2017 ne vise qu’à anéantir les efforts de paix et de stabilité engagés par le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, le gouvernement du Mali et la communauté internationale. Face à cette barbarie, il a, au nom de la Convention des partis politiques de la majorité présidentielle, condamné avec la dernière rigueur cet acte odieux et lâche avant de présenter ses condoléances les plus attristées aux forces de défense et de sécurité du Mali, à la Coordination des mouvements de l’Azawad, à la Plateforme ainsi qu’aux familles des jeunes patriotes engagés dans le processus de sécurisation de notre pays et la réconciliation nationale. Partant, il a souhaité prompt rétablissement aux blessés, salué la promptitude et la diligence avec lesquelles le Président de la République, le gouvernement de et les braves populations de Gao ont pris en charge la situation. «La CMP marque son inquiétude face à l’ampleur des pertes en vies humaines causées par l’attentat de Gao ainsi que la recrudescence d’actes terroristes à travers le pays 19 mois après la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Face à l’adversité de plus en plus prononcée, face à l’inquiétude de plus en plus grande, la CMP, tout en saluant les efforts fournis, exhorte le gouvernement à doter les forces de défense et de sécurité maliennes de tous les moyens leur permettant de faire face avec efficacité requise à leur mission de défense du territoire national, de la protection des populations et de leur biens », déclare le porte-parole de la majorité présidentielle. Par la même occasion, la majorité présidentielle a invité la communauté internationale à apporter un soutien sincère, loyal et résolu à notre pays pour bouter définitivement les terroristes hors de nos frontières nationales. La CMP est acquise à la conviction que la défense de la patrie est d’abord l’affaire des Maliens, c’est pourquoi, ici et maintenant, elle s’engage à mobiliser toutes ses forces pour l’éradication totale du terrorisme sur toutes ses formes à l’intérieur des frontières nationales et invite toutes les forces vives de notre pays à se mobiliser plus que jamais pour la cause du Mali, car nous sommes le Mali, rien que le Mali. Le Mali vivra debout, le Mali vaincra, conclut Younouss Hamèye Dicko.
Oumar KONATE
Source: Le Prétoire