Accueil Afrique PRECEDENT GAMBIEN : pourvu que ça dure !

PRECEDENT GAMBIEN : pourvu que ça dure !

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Le rôle joué par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) dans la gestion de la crise gambienne donne de cette instance sous-régionale une image dont tout le monde est fier. Tranchant avec l’apathie et la passivité qui singularisent tant les instances africaines vis-à-vis des crises qui éclatent sur le continent, la CEDEAO a fait montre d’une intransigeance et une fermeté qui font que certains y voient une forme de révolution en miniature. Il est vrai qu’avec une attitude comme celle que les pays ouest-africains ont eue à l’égard de la Yahya Jammeh, il y a des raisons de penser que les progrès de la démocratie africaine, ne seront plus nécessairement dictés de l’extérieur du continent. Toutefois, quelques observateurs invitent à la prudence à et de la vigilance. Ceux-là mettent en garde contre un désenchantement qui pourrait advenir plus tôt que prévu. Car, pronostiquent-ils, le cas gambien pourrait demeurer sans suite.

La Gambie, une proie facile

La CEDEAO a été si séduisante dans sa gestion de la crise en Gambie que dans la sous-région, certains s’imaginent que s’étant ainsi érigée en gendarme pour la préservation de la démocratie, elle se fera entendre partout où cette dernière sera menacée. La logique voudrait qu’il en soit ainsi en effet. Mais certains pensent qu’il ne faut pas se leurrer. Le cas gambien serait unique en ce sens qu’il y a des caractéristiques spécifiques au pays qui justifient l’attitude de la CEDEAO. Tout d’abord il s’agit d’un petit pays d’à peine 1,5 millions d’habitants, économiquement pauvre et militairement vulnérable. Par ailleurs, la position géographique de la Gambie, encastrée à l’intérieur du Sénégal, accentuait la fragilité de Yahya Jammeh. Enfin, ce dernier, n’ayant pas de ressources particulières à faire valoir pour s’offrir le soutien de quelques grandes puissances à travers le monde, était déjà au ban de la communauté internationale depuis des années. Ainsi donc, si la fermeté de la CEDEAO reste à saluer, il n’en demeure pas moins que la Gambie constituait tout de même une proie relativement facile.

Un défi de taille

A l’issue donc du dénouement heureux de l’épineuse crise gambienne, la CEDEAO fait face à un défi de taille. On attend d’elle qu’elle ait la même réaction à chaque fois qu’un président  de la sous-région cherchera à s’accrocher au pouvoir. Naturellement, cela inclut les cas où les dirigeants en question, s’inspirant de la tendance en vogue en Afrique centrale, essaieront de modifier la constitution pour s’offrir le pouvoir à vie. Devront également être pris en compte les cas de mascarade électorale évidente ainsi que les coups d’Etat. Partout où ces manquements seront constatés, la CEDEAO  devra sévir avec la même promptitude et la même intransigeance. C’est ainsi seulement qu’elle convaincra ceux qui pensent qu’on est parti pour assister à du deux poids, deux mesures.

Boubacar Sanso Barry  

 

Source: Ledjely

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