Une semaine après sa prestation de serment à Dakar, le président gambien est de retour dans son pays. Adama Barrow a été accueilli ce jeudi 26 janvier par des milliers de personnes à son arrivée sur le sol gambien.
Avec nos envoyés spéciaux à Banjul,
Des milliers de personnes sont venues accueillir Adama Barrow à son arrivée à Banjul. Sur le tarmac, le président gambien a salué ses proches, sa famille, les gens de la coalition. En quittant l’aéroport, debout sur son 4×4, il a ensuite salué la foule, le poing levé.
Adama Barrow est arrivé à bord d’un petit avion à hélicesde l’Etat sénégalais. Faut-il y voir un geste symbolique de la part de ce chef d’Etat qui défend une Gambie plus libre, plus démocratique, plus juste ? C’est ce discours que tiennent aussi ceux venus l’accueillir. « Nous voulons la démocratie, nous voulons que la Gambie avance. Nous avons souffert pendant 22 ans », disent-ils en substance.
Adama Barrow va passer la nuit dans sa résidence privée, de l’autre côté de la capitale. Mais à l’inverse des abords de l’aéroport où le président n’a parcouru que quelques centaines de mètres en un quart d’heure tant la foule était dense, les alentours de sa grande villa gardée par les soldats de la Cédéao et la police gambienne étaient calmes ce jeudi soir.
Dans la ville, beaucoup ont revêtu le tee-shirt « Gambia has decided » (« la Gambie a décidé »). Ils fêtent la fin de la dictature et espèrent que la liberté d’expression sera possible avec Adama Barrow. Les attentes sont nombreuses. « Le président devra travailler dur, très dur », insiste un jeune commerçant.
Un mois et demi de crise
Ce retour d’Adamar Barrow à Banjul met fin à un mois et demi de crise, entamée après le second tour de l’élection présidentielle gambienne le 2 décembre. Le lendemain, pourtant, Yahya Jammeh avait reconnu sa défaite à la télévision. L’image était trop belle. Quelques jours plus tard, le président gambien faisait volte-face, saisissait la Cour suprême et réclamait un nouveau scrutin.
La Cédéao s’était alors mobilisée pour faire pression, menaçant même d’utiliser la force en dernier recours, mais sans succès. Yahya Jammeh s’était même offert le luxe de faire boucler le siège de la commission électorale en pleine visite de quatre dirigeants ouest-africains. Une provocation suivie d’une autre, fin décembre : dans son discours du Nouvel An, le président gambien dénonçait une déclaration de guerre de la part de la Cédéao et prévenait qu’il ne céderait pas.
Une semaine avant la date théorique de son entrée en fonction, le président élu, Adama Barrow avait quitté son pays pour Dakar. C’est là, dans la petite ambassade de Gambie, qu’il a prêté serment le 19 janvier, alors que Yahya Jammeh, lui, s’entêtait toujours.
Une ultime médiation menée par les présidents guinéen et mauritanien, et la pression militaire des troupes ouest-africaines aux frontières, l’a finalement persuadé de partir pour la Guinée-équatoriale. Cela n’a cependant pas empêché les soldats de la Cédéao d’entrer dans le pays, pour sécuriser la transition. Adama Barrow leur a déjà demandé de rester six mois.
Source: RFI